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Affaire Astou Sokhna: Les sages-femmes passent la Korité en prison
Publié le vendredi 29 avril 2022  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Une femme enceinte décède à Louga faute de prise en charge adéquate
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Les sages-femmes impliquées dans l’affaire Astou Sokhna, du nom de cette patiente décédée le 1er avril dernier des suites de couches, vont passer la Korité en prison, après le refus du tribunal de leur accorder une liberté provisoire. Le 5 mai prochain, elles sauront si la demande de la partie civile d’ouvrir une information judiciaire va aboutir.

Les blouses blanches avaient pris d’assaut, dès les premières heures de la matinée d’hier, le palais de Justice de Louga où devait se dérouler le procès de l’affaire Astou Sokhna. Une audience qui a été renvoyée au 5 mai prochain, sur la demande des avocats de la partie civile.

Joint par téléphone, Me Ousseynou Gaye, Coordonnateur du pool d’avocats de la partie civile, revient sur les raisons de cette demande. ‘’Je n’avais pas pu avoir accès au dossier et je devine que, comme c’est un dossier sensible, le parquet n’a pas voulu le remettre très tôt. On parle aussi d’audit du décès. Il doit être versé dans le débat et c’est sur la base de cet audit que des sanctions administratives ont été prises. Le juge est mieux placé que quiconque pour disposer de cet audit. On doit, aussi, disposer du dossier médical qui n’a pas été versé dans le dossier’’, explique l’avocat.

L’autre raison qui explique que Me Ousseynou Gaye et ses confrères du barreau de Toulouse, en France, ont souhaité le renvoi, c’est parce qu’ils veulent ‘’installer l’Etat du Sénégal dans la procédure, parce que nous avons affaire à des fonctionnaires’’. Pour l’avocat de la partie civile, ‘’on ne peut pas régler une affaire pareille en flagrant délit. Cela pose problème. C’est un dossier d’information qui devait être ouvert, parce que le procureur a requis le délit de non-assistance à personne en danger. Si la conséquence de cette charge est la mort, il faut régler le problème de la mort".

Une plainte contre l’ancien directeur et la gynécologue de garde

Cette demande de renvoi a été appuyée par le ministère public qui, par ricochet, a demandé au tribunal de maintenir les prévenues en prison et de leur refuser la liberté provisoire sollicitée par leurs conseils. S’expliquant sur les motivations qui l’ont poussé à demander au tribunal de refuser la liberté provisoire aux sages-femmes, le parquet pense que ‘’la libération des sages-femmes pourrait constituer une menace à l’ordre public’’.

Le parquet a aussi évoqué l’article 132 du Code pénal pour s’opposer à la libération des sages-femmes. Après avoir obtenu gain de cause pour le renvoi de cette affaire sous huitaine, la partie civile envisage d’ester en justice contre l’ex-directeur et la gynécologue qui était de garde au moment des faits.

Cette affaire Astou Sokhna pourrait connaître de nouveaux rebondissements. Et pour cause ! La partie civile compte déposer, ce matin, sur la table du juge d’instruction près le tribunal de grande instance de Louga, une plainte contre le docteur Amadou Gueye Diouf, ancien Directeur de l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye, et la gynécologue qui devait être de garde.

Joint par ‘’EnQuête’’ au téléphone, Me Ousseynou Gaye revient sur leurs motivations : ‘’Nous allons saisir, dès demain (aujourd’hui), le juge d’instruction, parce que nous voulons être logiques avec nous-mêmes. Nous allons déposer une plainte contre la gynécologue et l’ex-directeur de l’hôpital pour non-assistance à personne en danger et homicide. Nous estimons que ce dossier ne devait pas aller en flagrant délit. Nous voulons qu’un juge investigue dans cette affaire.’’

Refus de liberté provisoire : la défense démonte le parquet

Hier, à l’audience, la défense, composée de Maitres Joseph Etienne Dione et Abdou Abdoul Daff, n’a pu contenir sa colère, après l’opposition du parquet à une liberté provisoire pour les prévenues. Maitre Dione s’est évertué à démonter les arguments du maître des poursuites. ‘’Le procureur a invoqué l’article 132 pour refuser notre demande de liberté provisoire. Cet article n’est pas applicable dans ce type de jugement. Nous sommes en matière de flagrant délit. L’article 132 existe, mais est applicable pour un dossier en instruction. Il est inapplicable ici’’, a-t-il martelé.

Son confrère de la défense de renchérir : ‘’C’est une confusion grave. On fait référence à des dispositions qui sont relatives à l’instruction. Nous sommes devant un tribunal de flagrant délit. Ces personnes doivent être arrêtées, détenues et jugées séance tenante, dans la rigueur des principes. Elles vont faire 15 jours de prison. Cela commence à prendre du temps. Nous ne sommes pas du même avis que le procureur, lorsqu’il invoque un risque de troubles à l’ordre public. Nous pensons que c’est la détention prolongée de ces femmes qui pourrait causer des troubles à l’ordre public. Si elles étaient en liberté, il n’y aurait pas de problème. Deux d’entre elles sont en liberté et cela ne pose pas de difficulté’’, a-t-il argumenté.

Mais, finalement, ils n’ont pas été entendus. Les sages-femmes restent en prison.
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