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Ousmane Tanor Dieng-Aissata Tall Sall, le duel de la discorde socialiste
Publié le jeudi 22 mai 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise


Aissata
© Autre presse
Aissata Tall Sall, maire de Podor, porte-parole du Parti Socialiste


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La famille du Parti socialiste (PS) pourrait vivre une brouille, avec le duel au sommet entre Ousmane Tanor Dieng et Aïssata Tall Sall, deux de ses responsables les plus influents, en course pour la conquête de la direction du parti lors du congrès prévu les 6 et 7 juin prochains.

On s'achemine ainsi vers une opposition inattendue pour une formation habituée au consensus, héritage d’un esprit de responsabilité acquis à l’exercice d’un pouvoir sur le Sénégal près de 40 ans durant.

Alors que le socialisme semble perdre de la vitesse au Sénégal - le libéralisme socialisant s’est installé au pouvoir depuis bientôt 15 ans -, il faut compter avec la force de la vague de recomposition et de renouvellement générationnel, nourrie par des échecs répétés à emporter l’adhésion du peuple.

Les vieux dogmes perdent du coup légitimité, les postulats plus naturellement acceptés, ni même tout à fait opérants. Un changement de paradigme parmi d’autres, à pas forcés, imposant le maire actuel de Podor (nord), par ailleurs chargée de la communication et porte-parole du PS, en adversaire de Ousmane Tanor Dieng.

Il avait certes été un moment prêté à Aïssata Tall Sall et Cie, l’intention de déboulonner le baobab Ousmane Tanor Dieng, affaibli par la perte du pouvoir en mars 2000. Une date qui marque le point de départ de défections ayant ôté au PS son statut de premier parti sénégalais de la fin des années 1970 à début 2000.

Mais Mme Sall, figure politique emblématique de la formation socialiste, est très vite rentrée dans les rangs. Parmi les contestataires supposés du camp des jeunes loups, on comptait également Khalifa Sall, actuel maire de Dakar. Ces responsables finiront de renouveler allégeance et fidélité à leur responsable, longtemps frappé du sceau d’une illégitimité, depuis un certain ''congrès sans débat'' de 1996.

Ousmane Tanor Dieng a résisté à la tornade, habitué qu’il était des contestations, déjà du temps où il fut, à partir de 1988, tout-puissant directeur de cabinet du président Diouf Il a été ensuite ministre-directeur de cabinet du président Abdou Diouf (1981-2000), avant d’être promu, en 1993, ministre d’Etat, ministre des Services et Affaires présidentiels.

Il a tenu, réorganisant le parti avec tact, sans tambour ni trompette, des capacités qui entrent dans les cordes de ce diplomate de formation. Une tâche qui n’en a pas moins révélé la détermination de ce breveté de l’Ecole nationale d’administration et de la magistrature (ENAM) de Dakar.

Dieng était jusque-là fort desservi par sa sobriété, autant qu’il était loué pour sa rigueur et son esprit de méthode, héritage que lui a laissé le premier président sénégalais Léopold Sédar Senghor, dont il fut le conseiller diplomatique à partir des années 1978.

Sentant son parti fleurir d’une nouvelle légitimité qu’il incarnait en même temps, il a eu tout le loisir de railler les ‘’feuilles mortes’’ (transhumants) et de se présenter naturellement à la présidentielle de 2007. Mais il ne recueille que 13,56 pour cent des suffrages. Soit toute la distance entre le ciel et la terre, si l’on prend en compte les 41,9 pour cent de suffrages collectés par Abdou Diouf au second tour de la présidentielle de mars 2000.

Le vieux socialisme peut se sentir touché, mais la nouvelle garde ne veut visiblement pas couler, à l’image de Khalifa Sall, surfant sur la vague contestataire du thème de la dévolution monarchique du pouvoir, pour s’emparer de la mairie de Dakar en 2009, au nez et à la barbe de Karim Wade sponsorisé, dit-on, par son père de président Abdoulaye Wade.

Un Sall à l’hôtel de ville de Dakar peut par conséquent cacher un Tall Sall à Podor, commune quasiment rurale du nord du pays, dont le prestige se nourrit de la fierté pulaar. L'avocate porte-parole du PS se nourrit de cela pour se faire une base, se servir de la solidarité et des codes traditionnels de la pulaagu pour dresser des barrières qui peuvent devenir infranchissables pour tout autre concurrent.

Que le pouvoir libéralo-socialiste actuel, auquel le Parti socialiste semble avoir justement destin lié, choisisse de présenter un candidat à Podor pour les prochaines locales de juin 2014, est pour ruiner les acquis du réalisme comme stratégie de survie politique, par lequel Tanor s’est imposé allié loyal et fidèle du pouvoir de l’Alliance pour la République (APR) et de Macky Sall.

Cette candidature et le défi imposé par les symboles politiques, alimentés par la volonté de ne céder pour rien au monde, semblent être à l’origine de la décision de Aïssata Tall Sall, ancien ministre de la Communication, de défier son camarade pour la direction du PS.

Se joue également, en ce qui concerne Tanor Dieng, la possibilité de se préserver une chance de concourir à la prochaine présidentielle de 2017. Une option politique qui n’a sans doute rien à voir avec la volonté d’arrêter l’effritement de l’audience du PS dont le score de 11,30 % renvoie à une perte de vitesse.

Mais plus que le pouvoir, Tanor pourrait convoiter sans doute de l’influence auprès des électeurs, en cultivant s’il le faut des alliances peu favorables à sa nouvelle garde, pour préserver un héritage contesté jusqu'au soir de sa vie politique. Signe que la politique, autant que les sentiments, peut toujours donner des raisons de vivre.

Qui pourrait jurer que le moment venu, ne serait-ce que pour rendre la pareille à Tanor Dieng, Aïssata Tall Sall ne s'effacerait pas au profit de Khalifa Sall, un peu son soutien caché actuellement, si d'aventure celui-ci se présentait comme le recours idéal de la famille socialiste à la présidentielle de 2017?

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