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Rétrospective 2021 - Dossier Ousmane Sonko / Adji Sarr, ….: cette affaire politico-judiciaire qui a embrassé les rues du Sénégal
Publié le mardi 21 decembre 2021  |  aDakar.com
Manifestations
© aDakar.com par ND. F
Manifestations violentes à Dakar après l`arrestation d`Ousmane Sonko
Dakar, le 3 mars 2021 - De violentes manifestations ont éclaté, ce mercredi 3 mars 2021, dans plusieurs endroits de Dakar dont le boulevard du Centenaire après l`arrestation d`Ousmane Sonko par le le GIGN.
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L’affaire “Sweet Beauty“ a fait trembler le Sénégal. Adji Sarr, - du nom de cette jeune employée de ce salon de massage dakarois - a déclenché, en accusant Ousmane Sonko, leader de l’opposition sénégalaise arrivé à la 3è place de la présidentielle de 2019 avec plus de 15% des voix, un feuilleton politico-judiciaire qui a failli conduire le Sénégal dans l’abîme.

Le pays connaîtra entre le 3 et le 6 mars 2021, 3 jours d’émeutes violentes faisant des dégâts et des destructions importants. Pour ce qui est du bilan humain, il sera très lourd. Au moins 14 personnes ont été tuées, principalement lors des échauffourées qui ont opposé manifestants et forces de l’ordre à Dakar, à Bignona, et presque dans 13 des 14 régions du Sénégal.

L’affaire a démarré par une plainte déposée au début du mois de février 2021. Adji Sarr accuse Ousmane Sonko de viols répétés et de menaces de mort par arme à feu. Les viols présumés auraient eu lieu au salon de massage “Sweet Beauty“ où selon l’accusatrice Ousmane Sonko, président du parti “Pastef, les patriotes“ avait ses habitudes. La plainte déposée à la section de recherche de la gendarmerie de Colobane par Adji Sarr était accompagnée d’un certificat médical.

Machine judiciaire

La machine judiciaire était lancée. Dans les semaines qui ont suivi, Ousmane Sonko verra son immunité parlementaire levée par l’Assemblée nationale. Auparavant, le député avait été convoqué à la section de recherches. Convocation à la quelle il refusa de déférer en brandissant son immunité parlementaire.

Lors sa première conférence de presse sur cette affaire, le 25 février 2021, Ousmane Sonko dénonce un complot politique destiné à l’éliminer de la scène politique. "C’est connu de tous, tous les coups foireux contre les opposants politiques au régime de Macky Sall passent par ce triangle des Bermudes judiciaire : Serigne Bassirou Gueye, Samba Sall, Mamadou Seck", déclara-t-il.

Le responsable politique appelle alors ses militants et sympathisants à une résistance, précisant qu’il s’agit d’un “mortel kombat“.

Levée de l’immunité parlementaire

Son immunité parlementaire levée, Ousmane Sonko est convoqué au palais de justice où il doit faire face au Doyen des juges, Samba Sall (décédé le 8 avril 2021 des suites de maladie).

Très tôt, le matin du 3 mars 2021, le responsable politique quitte son domicile à bord d’un cortège de véhicules et accompagné par des centaines de militants de son parti. Son cortège qui voulait emprunter l’avenue Cheikh Anta Diop sur laquelle se trouve l’Université du même nom sera bloqué et dispersé à l’aide de gaz lacrymogènes par les forces de l’ordre sous la direction du préfet de Dakar d’alors, Alioune Badara Samb. Après plus d’une heure de blocage, Ousmane Sonko sera extrait de son véhicule par les forces de l’ordre et acheminé directement au palais de la justice.

C’est l’élément qui mettra le feu dans les rues de Dakar et presque toutes les localités du Sénégal.

Ousmane Sonko, placé en garde à vue, les rues s’embrasent pendant 72 heures. Des scènes de violences, de casse de stations-services, d’enseignes de supermarché défigurent les grandes artères de Dakar jusqu’à sa banlieue. Les pertes en vie humaine sont nombreuses: au moins 14 morts et plus de 500 blessés. Les destructions et pillages de magasins ou supermarchés (Auchan, Supeco) font subir à leurs propriétaires des pertes atteignant plusieurs milliards FCFA.

Des médias supposés et catalogués comme proches du pouvoir par des partisans d’Ousmane Sonko sont attaqués. Le groupe de presse de Youssou Ndour (GFM) est visé. La radio du groupe, la Rfm, est caillassée par un groupe de jeunes, des véhicules sont incendiés au bas de l’immeuble. Les partisans d’Ousmane Sonko s’en prennent également au quotidien national Le Soleil.

Sortie de crise

Face à la tension extrême faisant craindre le pire, des bonnes volontés, des religieux, des acteurs de la société civile, entament une médiation en douce pour apaiser la situation et faire sortir Ousmane Sonko de son lieu de garde-à-vue à la Caserne Samba Dierry Diallo de Colobane où il a été transféré après son face à face avec le juge Samba Sall.

Le calme reviendra dans les rues de Dakar après la garantie d’une sortie d’Ousmane Sonko et la médiation bénie par les chefs religieux. En guise d’apaisement, Ousmane Sonko sera libéré le lundi 8 mars 2021. Mais auparavant, il a été inculpé et placé sous contrôle judiciaire. Son passeport lui sera également retiré.

Le même jour, le chef de l’État fait une adresse à la nation. Macky Sall demande notamment d’éviter la logique de l’affrontement. "Tous, ensemble, taisons nos rancœurs et évitons la logique de l’affrontement qui mène au pire", déclarait-il.

Sans entrer dans les détails de l’affaire Ousmane Sonko - Ajdi Sarr, le chef de l’État, Macky Sall, demandera de laisser la justice "suivre son cours en toute indépendance".

L’affaire Ousmane Sonko-Adji Sarr et ses conséquences violentes amèneront le gouvernement qui, évoquant la dureté des restrictions et l’impact économique négatif du Covid-19 sur l’économie pour expliquer la déferlante de violence, à lever le couvre-feu et l’ensemble des contraintes imposées par la situation de l’épidémie.

Mémorandum du gouvernement

Le 8 avril 2021, un mois après les émeutes violentes, le gouvernement de la République du Sénégal publie un mémorandum sur les évènements du mois de mars. Dans son document, le gouvernement impute l’entière responsabilité des pertes en vies humaines, des blessés et des dégâts matériels et économiques à Ousmane Sonko.

"Ousmane Sonko est le seul citoyen sénégalais qui, se considérant au-dessus de la loi, s’arroge le droit absolu de refuser de répondre à la justice", indique le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, lors de la présentation à la presse du document.

Dans son mémorandum, le gouvernement dresse un bilan de 13 morts, plus de 300 blessés parmi les manifestants et plus de 100 du côté des forces de l’ordre. Aussi, il est établi un listing de (145) édifices et biens publics saccagés et plus de 139 biens privés détruits.

En conclusion de son mémorandum, le gouvernement avait annoncé la mise en place d’une commission d’enquête libre et indépendante. Elle devait faire toute la lumière sur ces malheureux événements et situer les responsabilités.

Depuis lors, plus aucun acte dans le sens de la mise sur pied effective de la Commission d’enquête n’a été posé. Le dossier judiciaire n’a non plus connu plus aucune évolution depuis le décès du Doyen des juges d’instruction Samba Sall, le 8 avril 2021.

Le 22 novembre dernier, un nouveau Doyen des juges d’instruction a été nommé en la personne du magistrat Oumar Maham Diallo. Il devrait hériter du dossier qui a fait faire vaciller le pays.

Makhtar C.
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