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Insalubrité à Thiès: Une ville tenaillée entre ordures et eaux usées
Publié le mercredi 15 decembre 2021  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Les syndicats du nettoiement pour l`application des accords
Dakar, le 13 Mai 2015 - Le coordonnateur du Front unitaire des syndicats du nettoiement (FUSN), Madany Sy, a appelé, mercredi à Dakar, la Communauté des agglomérations de Dakar et la Communauté des agglomérations de Rufisque (Entente CADAK-CAR), à la mise en œuvre des engagements signés dans le protocole d’accord du 30 avril dernier.
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La gestion des ordures ménagères dans la cité du Rail est un casse-tête. La Promenade des Thiessois, le marché central et beaucoup de quartiers de Thiès sont jonchés d’immondices et d’ordures. Reportage.

‘’Thiès est sale !’’. Lamine Badji est amer. Ce Thiessois vivant en Europe est venu passer du temps en famille. Le quinquagénaire promène ses deux filles, âgées entre 6 et 4 ans, à l’emblématique place de la ville de Thiès La Promenade des Thiessois. Il espérait montrer à ses enfants la plus belle place de sa ville natale. Mais aussitôt arrivé, aussitôt sa joie est retombée.

‘’C’est vraiment dommage de trouver la Promenade des Thiessois aussi sale. Les autorités devraient en prendre soin, car ce lieu est comme la place de l’Obélisque à Dakar’’, déclare Lamine.

Ce lieu connu avant sous le nom de place de France, a été rebaptisé Promenade des Thiessois par l’ancien maire de Thiès Idrissa Seck, en 2004. Il y trône un grand édifice de couleur beige, avec un écran géant. Cette place, qui reçoit les plus grands événements de la ville et même de la région, est aujourd’hui laissée à elle-même. Devant la façade de l’édifice, se trouvent les ruines d’un jet d’eau qui n’a fonctionné que moins d’un mois, après son installation à la veille de la fête de l’indépendance en 2004.

Des espaces jardins remplis d’eau de pluie à la couleur verdâtre et à l’odeur nauséabonde. Des espaces qui se sont désormais transformés en nids à moustiques où se bousculent déchets plastiques, feuilles mortes et toute sorte d’immondices.

Cette dame est assise à côté de cette piscine à ordure, entourée de seaux et d’ustensiles. Elle vend des arachides. La saleté à côté ne semble nullement la déranger. Mais elle nous dit le contraire : ‘’Je suis là, parce que je n’ai pas le choix. Je n’ai pas d’autre place où me mettre. Mais c’est vraiment très sale ici. Quand il pleut, l’eau stagne et les gens viennent y jeter les ordures. Les enfants talibés y pissent même et crachent dedans’’, dit-elle.

Cet homme, la soixantaine, tenue d’ouvrier bleue, est un client de la vendeuse d’arachides. Il lui tient compagnie. Au début, ne voulant pas se prononcer, il cède finalement et s’écrit : ‘’En tout cas, ce n’est pas beau à voir ! Ce n’est pas bien qu’un visiteur vienne ici et trouve ce lieu comme ça.’’

Derrière le bâtiment, des barres de fer sont entassées. La rouille au-dessus montre qu’elles sont vieilles de quelques saisons.

A quelques mètres de là, des pots de fleurs servent de bancs aux quelques personnes venues prendre l’air. Ces pots sont remplis d’ordures. L’on dirait que toutes les tasses de la ville ayant servi à boire du ‘’café Touba’’ y sont jetées. Abdou Dièye est assis sur un de ces ‘’bancs’’. Un bougainvillier lui offre un peu d’ombre, en cette canicule. Tapis de prière à côté, il n’arrête pas de balancer les mains pour chasser les moustiques. ‘’Les autorités doivent prendre soin de cette place. C’est la seule que nous avons pour prendre l’air et nous détendre. Elle est dans un état piteux. Cela n’honore pas une grande ville comme Thiès’’, déplore-t-il.

A côté de lui, Omar, la vingtaine, est étudiant. Il vient de Louga. ‘’Avant de venir à Thiès, j’avais entendu parler de la Promenade des Thiessois. Mais ce que je vois aujourd’hui est très diffèrent de ce que j’avais entendu dire de cette place’’, déclare Omar qui dénonce la privatisation de cet espace. ‘’Quand on parle de promenade, cela doit être un lieu public, accessible à tout le monde. Mais ce n’est pas le cas ici. Les bancs sont encerclés par des commerces privés et il faut payer pour y accéder’’, ajoute-t-il.

En effet, l’espace public de la Promenade des Thiessois est de plus en plus réduit. Après le parc privé Mickey Land qui a remplacé le jardin public, un glacier vient juste d’être installé à côté de la place Agora.

Le marché central et les quartiers à l’épreuve des ordures

Dans les allées du marché central de Thiès, les ordures se disputent la place avec les vendeurs et les conducteurs. Au rond-point Jaxao où se trouve ce marché, un canal empeste. Plein à craquer. A travers la dalle endommagée, une image qui coupe l’appétit. A l’intérieur, des restes de légumes, de poissons et viandes pourris se sont mélangés aux déchets plastiques et eaux usées. Mère Mbengue est vendeuse de couscous. A côté de son étal, se trouve un tas d’ordures. ‘’C’est toujours comme ça, ce marché. Des ordures partout et pourtant, nous payons des taxes. Mais l’entretien du marché laisse à désirer. Les agents de la mairie ne viennent qu’une fois par semaine’’, regrette-t-elle.

A quelques mètres du rond-point, les mareyeurs sont installés à zéro mètre des rails. Ici, la glace pour conserver le poisson fond et l’eau qui coule des cageots de poissons rend le sol plus boueux. Des flaques un peu partout. On y voit même des vers. La façade des murs du marché a changé de couleur, le sol est humide et empeste à cause de la quantité d’urine qu’il reçoit par jour. Et ce, malgré les inscriptions ‘’Défense d’uriner’’ qu’on peut lire un peu partout.

Ndèye Ami est venue faire son marché. Masque bien ajusté, elle essaie tant bien que mal de se frayer un chemin. ‘’Il y a tellement de saleté que quand on en sort, on a des démangeaisons’’, nous dit-elle. Comme solution, Ndèye Ami préconise l’augmentation des jours de nettoyage.

Au quartier Takhikao, des bassines et des sacs remplis d’ordures font le décor devant les maisons. Ici comme dans plusieurs quartiers de Thiès, les populations font recours aux charretiers pour le ramassage des ordures. ‘’Nous payons 2 00 F par mois pour le ramassage des ordures’’, nous apprends Diarra, très heureuse, ce vendredi, de l’arrivée d’un camion-benne de ramassage d’ordures dans le quartier.

En effet, depuis deux semaines, le klaxon de ces véhicules de ramassage d’ordures retentit pour la première fois dans certains quartiers thiessois. Les riverains apprécient.

Mais pour Hamidou, habitant du quartier Takhikao, c’est juste de la politique. ‘’Les élections locales approchent. Ils vont tout faire pour plaire aux populations. En tout cas, moi, je vous conseille de garder vos abonnements auprès des charretiers’’, lance-t-il à l’endroit des femmes qui ont fini de vider les poubelles dans le véhicule.

Mais l’arrivée de ces camions est loin d’être la solution à la gestion des ordures dans les quartiers de Thiès. Ils ne sont là que deux fois par semaine et la production d’ordures est très importante dans ces quartiers.

La mairie dénonce l’incivisme des populations

Les autorités municipales annoncent que le ramassage des ordures va se pérenniser. ‘’La mairie de Thiès travaille en étroite collaboration avec l’Unité de coordination de gestion des déchets solides (UCG). La nouvelle responsable de cette unité à Thiès est en train d’abattre un travail colossal’’, renseigne Abdoulaye Ndiaye, chargé du désencombrement de la voie publique et de la gestion des ordures à la mairie de Thiès ville. Monsieur Ndiaye annonce que la ville dispose de 377 agents de nettoiement sur le terrain. Le problème, selon lui, c’est le comportement des populations. ‘’Nos agents sont tout le temps sur le terrain. Ils nettoient et s’occupent du dessablage des rues. Mais les populations ne les aident pas. Ce sont elles qui jettent les ordures un peu partout’’, fulmine-t-il.

En plus des agents et des camions de l’UCG, la mairie annonce l’arrivée de projets destinés à la gestion des ordures à Thiès. ‘’Un centre de tri des ordures ménagères va bientôt être installé à Tivaouane. Il s’agira surtout de recycler et de traiter les ordures ménagères’’, annonce M. Ndiaye.
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