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Aminata Touré, la grande confession : “Macky et moi, Affaire Barth, les listes parallèles, le choix de Diouf Sarr à Dakar...“
Publié le mardi 9 novembre 2021  |  L'Observateur
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© aDakar.com par DG
Ouverture de la première session extraordinaire du Conseil économique, social et environnemental
Dakar, le 30 juillet 2019 - Le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a ouvert, ce mardi à Dakar, sa première session extraordinaire. L`institution a démarré ses auditions des ministres du gouvernement. Photo: Aminata Touré, présidente du CESE
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Aminata Touré prend la parole. L’ex-Envoyée spéciale du chef de l’Etat fait son grand retour sur la scène médiatique après ses retrouvailles avec le Président Macky Sall. Dans cet entretien réalisé via mail, l’ancien Premier ministre n’évite aucun sujet d’actualité.

Mme la Présidente, contrairement à 2014, vous n’êtes pas investie sur les listes pour les Locales du 23 janvier 2022. Est-ce un choix personnel ou imposé ?
D’abord, il faudrait dire à tous les prétendants, postulants et aspirants dans ces élections qu’il y a une vie après ces élections locales. Il n’y aura jamais assez de postes de maires pour tout le monde, il n’y a que 600 collectivités locales et des milliers d’aspirants. Il faut raison garder. Ces élections ne doivent pas être un facteur de division de «notre vivre ensemble» aussi bien au niveau de nos partis, de nos quartiers que de nos communautés. Il est important que ces messages soient partagés afin de prévenir tous les dérapages possibles. Pour votre question, rien n’est imposé en politique, c’est une adhésion libre d’individus libres. Ma non-participation est donc libre.

Vous avez gravi tous les échelons de la vie gouvernementale, n’était-ce pas une occasion pour bénéficier d’un mandat électif à la base ?

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Chacun a sa place et sa partition à jouer. Pour autant que j’aime ma ville, Kaolack, je me sens aussi concernée par la vie de nos compatriotes de Saraya, Bounkiling, Mbadakhoune, Wouré Madiou et de celle des autres dans les 557 communes. Il n’est pas dit qu’il est absolument obligatoire pour un responsable politique d’avoir un mandat local. L’essentiel c’est de rester engagée dans mon camp politique et pour notre victoire.

Pour parler de Koalack, le choix du Président n’a pas été facile. A quel moment, êtes-vous intervenue dans l’affaire et en quoi faisant ?
Je ne vais pas m’entretenir publiquement des délibérations internes à notre parti. Un parti, c’est aussi la discipline. Les choix n’ont été faciles nulle part. Tout choix est aussi renoncement. J’espère qu’à l’arrivée, nous ferons tous preuve de dépassement et nous resserrerons nos rangs sans tarder pour aller vers la victoire. Le Président de notre coalition a arbitré et les candidats investis doivent être soutenus par tous afin que notre coalition gagne.

L’on a constaté un très grand intérêt de ces Locales chez la classe politique et même au sein de la société civile. Comment l’expliquez-vous ?

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C’est l’expression d’une citoyenneté, on ne peut pas se plaindre qu’il y ait un grand intérêt pour la gestion des collectivités locales. Les aspirants doivent se rappeler qu’une fois élus, ils devront servir et s’atteler à résoudre les problèmes des populations. Ce n’est pas juste pour le prestige d’être appelé Monsieur ou Madame le Maire, mais pour s’engager auprès des populations au quotidien pour l’amélioration de leurs conditions de vie. Les mouvements associatifs ne sont pas en reste. Cela témoigne de la vitalité de notre démocratie, c’est pourquoi je rappelais qu’il ne faut pas que ces consultations électorales nous entraînent vers des divisions familiales, communautaires et même identitaires. Les candidats doivent rivaliser de propositions et les électeurs feront leur choix. Et au lendemain du 23 janvier, les maires victorieux se mettront sans tarder à la tâche.

Pour l’opposition, les Locales du 23 janvier constituent le premier tour de la Présidentielle de 2024. N’est-ce pas un risque aussi bien pour la majorité que pour l’opposition ?


Je ne vois pas ce que des élections municipales ont à voir avec une élection présidentielle. Il y a les élus de 600 collectivités locales à renouveler avec des spécificités et des particularités. Une élection présidentielle, on choisit un Président pour diriger les 17 millions de Sénégalais que nous sommes. Il me semble que c’est deux exercices différents.

Quelle a été votre position dans le «duel» entre Diouf Sarr et Amadou Bâ ?
Comme je vous l’ai dit, la question est derrière nous. Nous avons fait confiance au Président Macky Sall pour qu’il arbitre et nous soutenons son choix. Je suis sûre que Amadou Ba, à l’instar de tous les responsables de l’Apr, jettera toutes ses forces dans la bataille de Dakar pour que nous gagnions.

Quelles sont, d’après vous, les chances de votre liste face à celles dirigées par des adversaires comme Barthélemy Dias, Pape Diop, Doudou Wade… ?
Je constate que la capitale a de nombreux prétendants. Je suis optimiste quant à notre victoire. Pour rappel, la coalition Bby en 2017 et son candidat, Macky Sall, en 2019, ont gagné Dakar, donc nous partons favoris. On ne sera pas prétentieux pour autant, nous irons à la rencontre des Dakarois de toutes les catégories sociales pour expliquer le projet de notre candidat pour la ville. Nous en ferons de même pour toutes les collectivités d’ailleurs. Nous ne prendrons rien pour définitivement acquis.

Quelle analyse faites-vous de cette défiance faite au Président Sall par certains de ses collaborateurs qui se sont engagés dans des listes parallèles à celle de Benno bokk yakaar ?
La démocratie est turbulente, cette turbulence affecte aussi bien la majorité que l’opposition. Comme je l’ai dit : que tous rivalisent d’ambitions en termes de programmes pour les collectivités qu’ils veulent diriger et les électeurs feront librement leur choix.

D’aucuns soupçonnent Macky Sall de parrainer ces listes parallèles de Bby. A-t-il intérêt à le faire ?
Les conjectures attribuent beaucoup de choses à tort au Président Macky Sall. Il est Président de Benno bokk yakaar et il soutient les listes de Bby. C’est une lapalissade que de le dire, mais il faut le rappeler. Il n’est pas non plus du style Père fouettard en politique.

Les violences politiques, on en a déjà vu à Ziguinchor, entre les partisans de Doudou Ka de l’Apr et ceux d’Ousmane Sonko de Pastef. Ne craignez-vous pas le pire durant la campagne pour les Locales et même après la publication des résultats ?

J’espère que cela ne sera pas le cas. Ce serait d’ailleurs un recul pour notre démocratie. Dans ce pays, on sait changer de Présidents, on l’a fait en 2000 et 2012 et on ne saurait pas élire des maires ? Cette violence politique que l’on veut installer subitement dans le champ politique est inacceptable et inacceptée par les citoyens.

L’on a constaté des faits graves lors de ces investitures, notamment des mandataires qui trahissent leurs mandants et disparaissent avec les listes. C’est le cas à Matam. Que vous inspire cela ?
La trahison est un fait de société. Elle n’est pas spécifique à la politique. Il faut se rappeler que les politiciens viennent de la société sénégalaise. Ce n’est pas parce qu’on est opposant qu’on est vertueux ou parce qu’on est au pouvoir qu’on est tortueux. Chacun vient en politique avec ses tares et qualités. Une chose est sûre : nous devrons travailler à cultiver ces valeurs dont on parle beaucoup, mais qui s’effilochent sérieusement sous nos yeux et pas que dans le champ politique. Vous-mêmes, les journalistes, parlez d’assainissement de votre profession tous les jours, n’est-ce pas ? Chacun est comptable de sa propre éthique et de sa propre moralité. Personnellement, je pense que la politique peut aussi s’accommoder de moralité. Je pense que les électeurs en tiennent compte de plus en plus. Je ne suis pas une donneuse de leçons non plus, chacun est directeur de sa propre conscience.

Que pensez-vous de la convocation de Barthélemy Dias, candidat à la mairie de Dakar que l’opposition assimile à une volonté du régime de le liquider politiquement ?


Le sieur en question doit se présenter à l’audience en Appel dans le procès sur de la mort de Ndiaga Diouf. C’est une audience qui devait se tenir le 07 juillet qui a été reportée au 10 novembre. Le 07 juillet, aucun candidat n’était connu. Il ne faut pas chercher matière à soulever une tension politique sur cette affaire, à deux mois des Locales. L’opposition divisée ne chercherait-elle pas un point de ralliement commun, à défaut d’avoir pu avoir des listes communes ? Est-ce l’expression de la peur de perdre les élections à venir ? Les Sénégalais aspirent à la quiétude et les jeunes doivent refuser d’être des instruments entre les mains des politiciens dont les enfants d’ailleurs restent tranquillement chez eux quand il y a des troubles.


Il a été constaté des rejets massifs de listes de Yewwi Askan Wi et de Gueum Sa Bopp. Les opposants sont convaincus que le régime est derrière ces rejets. Comment l'appréciez-vous ?


Comme dit l’adage, l’enfer, c’est les autres ! L’Administration qui fait le contrôle de légalité, s’en tient aux dispositions du Code électoral et rien de plus. Les élections, c’est aussi beaucoup de rigueur et de l’ancrage sur le terrain. Quand le nombre de candidats requis sur une liste est incomplet, où est la faute du Préfet ?


Depuis vos retrouvailles avec le Président Macky Sall, vous n’êtes pas dans le circuit officiel. Comment vous travaillez avec lui ?
Je suis responsable au niveau de l’Apr et le Président Macky Sall est Président de l’Apr et de Bby et je partage avec lui mes idées de manière générale. Il y a aussi une vie en dehors du circuit officiel que vous évoquez.

Pouvez-vous revenir sur les péripéties de vos retrouvailles. Qui a été le facilitateur et quel a été le déclic ?
La vie est ainsi faite, de hauts et de bas. Je chemine avec le Président Macky Sall depuis 10 ans. Ce qui est à retenir, c’est que je reste engagée à ses côtés.

En tant qu’ancien Premier ministre, comment appréciez-vous la gestion des affaires publiques par le gouvernement en place ?
Nous sommes sortis d’une longue crise sanitaire et je considère que le Président et son gouvernement ont eu de bons résultats dans la gestion du Covid. Nous avons eu moins de 3 000 morts, la Tunisie, à côté, a eu plus de 25 000 décès. Il faut dire que ça n’a pas été facile avec une croissance qui a chuté à 1%. Il a fallu trouver les ressources pour soutenir les secteurs impactés comme le tourisme, la restauration, le transport aérien, alors que nous venions d’acquérir des nouveaux aéronefs, le secteur informel a aussi été touché. La croissance de 2021 est estimée à 6% par la Banque mondiale. On a retrouvé rapidement notre rythme pré-Covid, mais les séquelles restent importantes, comme partout dans le monde. Il va falloir continuer nos efforts dans un contexte international pas facile.

L’on constate que le Président demande, très souvent, à son équipe d’accélérer. N’a-t-on pas l’impression que les choses marchent au ralenti ?
Comme entraîneur, il doit remotiver régulièrement ses joueurs.

Quel doit être, selon vous, le meilleur chemin pour la relance de l’économie suite aux effets du Covid ?
Le plan de relance concocté il y a un an a permis de retrouver le chemin de la croissance. Il faudra consolider les acquis et pour cela, il faut une paix sociale, une stabilité qui rassure les investisseurs. C’est pourquoi les élections à venir doivent se passer dans la sérénité.

En tant qu’ancien ministre de la Justice, quel commentaire faites-vous sur la longue vacance du poste de Premier cabinet d’instruction ?
J’en ignore la raison. C’est vrai que le poste est resté longtemps vacant. Il sera certainement désigné aux prochaines délibérations du Conseil supérieur de la Magistrature. Vous, de la presse, en annoncez la tenue prochaine.

Que pensez-vous de la marche de la justice et des réformes exigées au Conseil supérieur de la magistrature ?
Personnellement, je suis pour une ouverture du Conseil supérieur de la Magistrature à d’autres acteurs non judiciaires par exemple, mais je suis pour le maintien du Président à la tête du Conseil pour éviter que l’on se retrouve dans une sorte de République des Juges. Ces questions sont à discuter de manière large, au delà même du système judiciaire. La Justice c’est l’affaire de toute la société.

N’est-il pas temps pour le Président Macky Sall de songer au retour du poste de Premier ministre pour une efficacité dans la conduite de certains dossiers urgents pour l’émergence du pays.
Comme chef de l’Exécutif, il en apprécie librement l’opportunité.
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