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Viande : Les raisons de la flambée des prix
Publié le vendredi 4 juin 2021  |  Le Soleil
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© Autre presse par DR
Les abattages contrôlés de viande
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Le prix du kilogramme de viande de bœuf est subitement passé de 3000 à 3500, voire 4000 FCfa, sur le marché. Au foirail de Diamaguène-Sicap Mbao, les acteurs expliquent cette flambée par des difficultés d’approvisionnement et la cherté des sujets. Une situation qui force les ménages à s’aligner à contrecœur ou à se rabattre sur le poisson, en attendant un retour à la normale.

Chasse-mouches constamment agitée, Ibrahima permet ainsi à Babacar Ly de trancher tranquillement les côtelettes d’un bœuf. Muscles saillants dévoilés par un petit tee-shirt bleu, ce dernier enchaîne les coups de coupe-coupe pour séparer les parties osseuses de la graisse. Après cette tâche, il embarque les différents morceaux sur la balance pour s’enquérir du poids requis par une cliente assise sur le congélateur. « Pas de graisse s’il te plaît », implore la dame. « Pas de soucis, vous serez bien servie », lui assure Babacar, le visage noir ébloui par un sourire amical. Un dialogue vite interrompu par Aminata Fall. À trois mètres de la boucherie, la dame vêtue d’une robe jaune titille son fournisseur habituel d’une voix criante. « Je prends la presse à témoin, passer de 2500 à 3500 ou 4000 FCfa pour le kilogramme de la viande, c’est inacceptable. Vous vous foutez des gens », rigole-t-elle, les yeux cachés derrière des loupes. Doléance transmise à qui de droit, elle amadoue Babacar dans le but de casser le prix. Convaincu, le jeune homme lui cède le kilogramme à 3400 au lieu de 3500 FCfa. « Ok, 10 kg sans aucun os », lance Aminata. Sans brocher, Babacar exécute.

Une hausse de 1000 à 1500 FCfa sur le kg

Gîtes à la noix suspendus aux crochets de son magasin, Ousmane Faye sirote une tasse de thé en attendant des clients. Son activité est au ralenti depuis quelques jours à cause de la cherté de la viande. « La demande est actuellement supérieure à l’offre ; ce qui impacte forcément les prix. Le kilogramme est vendu actuellement à 3500 FCfa dans les foirails et à 4000 FCfa dans les marchés et quartiers, soit une hausse estimée entre 1000 et 1500 FCfa », explique-t-il. À l’intérieur de sa cantine, en tee-shirt bleu tacheté de sang, Amadou range les abats dans un sac. Ce vendeur de viande riche d’une vingtaine d’années d’expérience fait état d’une hausse provoquée par des problèmes d’approvisionnement du marché en bœufs. « Cette situation est due à la cherté du bœuf vendu entre 350 000 et 400 000 FCfa à cause de la supériorité de la demande sur l’offre. Les foirails sont presque dégarnis », dit-il, s’adressant à une cliente munie d’un seau.

Plusieurs camions bloqués à la frontière malienne

« C’est une situation inédite qui n’arrange ni le commerçant ni le client », confie d’entrée Mandione Diagne, l’un des responsables du foirail de Diamaguène-Sicap Mbao. En blouson bleu et baskets blancs, l’homme de grande taille observe les efforts de deux jeunes qui accrochent laborieusement la carcasse d’un bœuf. D’après lui, la hausse des prix est justifiée par les répercussions de la crise malienne sur les importations. « Plusieurs éleveurs sont bloquées aux postes frontaliers avec des milliers de bœufs », informe-t-il. Cela, indique-t-il, a fait chuter la consommation journalière de 70 à 30 bœufs au foiral de Diamaguène-Sicap Mbao. « Des bouchers qui vendaient habituellement quatre bœufs par jour peinent à en trouver un actuellement », renseigne-t-il. Une situation difficilement vécue par Ousmane Faye. Depuis quelques jours, son approvisionnement journalier est passé de trois à un seul bœuf. Et il peine même à vendre la moitié. « Quand on achète un bœuf à près de 400 000 FCfa, le kilogramme connaît forcément une hausse. Du coup, les clients deviennent rares parce qu’un kilogramme à presque 4000 FCfa, ce n’est pas à la portée de toutes les bourses », souligne Ousmane.

Visage suant sous une casquette noire, Babacar Ly vit aussi la baisse de régime. Habitué à vendre quotidiennement quatre bœufs, le contexte lui en impose au maximum deux par jour. « Quand c’est rare, c’est cher. Les bœufs ne sont pas à la portée de tous. Ainsi, je me contente au maximum de deux sujets, car avec la cherté des prix, les clients ne viennent pratiquement plus », dit-il.

CHERTÉ DU BŒUF

Les éleveurs indexent les tracasseries routières

Les vendeurs de viande côtoient quotidiennement les éleveurs au foirail de Diamaguène-Sicap Mbao. Dans ce lieu de convergence de plusieurs acteurs de l’élevage, on assiste à un défilé de bœufs déversés par des camions venant de Dahra Djolof, Mauritanie, Mali, etc. Devant son troupeau, le responsable du Groupement des éleveurs, Demba Diallo, foulard sur la tête et caftan vert couvrant le corps, veille sur sa trentaine de sujets qui broutent l’herbe sèche. Au courant de la hausse du prix de la viande sur le marché, le bonhomme pointe du doigt les tracasseries routières et les taxes imposées aux éleveurs. « En désaccord avec la taxe de 40 000 au lieu de 2000 FCfa pour un camion de 40 à 50 bœufs, des éleveurs sont restés 12 jours aux frontières avec le Mali et la Mauritanie, refusant de regagner les foirails. C’est ce qui justifie les problèmes d’approvisionnement. Il faut que le Gouvernement nous accompagne, car ces tracasseries impactent notre chiffre d’affaires et le marché local », déplore Demba Diallo. Son camarade Yarga Babou l’a personnellement vécu. Il lui a, en effet, fallu 12 jours à la frontière malienne pour décider enfin de convoyer plus de 100 bœufs au foirail de Diamaguène-Sicap Mbao. « Le marché n’est pas bien approvisionné parce que tout simplement, nous en avons marre de payer 5000 FCfa à tous les postes de contrôle et 40 000 FCfa pour décharger un camion. La production nationale ne suffit pas pour approvisionner tous les foirails. Donc, il faut faciliter les conditions d’importation », préconise Yarga.
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