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Grève des médecins et défiance de la justice - Après les politiques, les médecins défient la loi !
Publié le mercredi 12 mai 2021  |  Enquête Plus
Docteur
© Autre presse par DR
Docteur et médecin
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Après la rébellion gagnante d’Ousmane Sonko dans l’affaire l’opposant à Adji Sarr, c’est au tour du Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) de se révolter contre les décisions de la justice.



A la suite des politiques, les médecins défient la loi. Pour dire non à l’ouverture d’une information judiciaire contre leur collègue Abdou Sarr, désormais ancien Directeur de l’hôpital Magatte Lo de Linguère, le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal (Sames) n’a trouvé rien de mieux que de décréter et de mettre à exécution un mot d’ordre de grève de 48 heures.

‘’Aujourd’hui, Linguère est le centre de tout le système de santé du Sénégal. Cette mobilisation est due au fort sentiment d’injustice face à une cabale contre des agents de santé honnêtes dont le principal tort a été d’accepter de travailler sans les moyens, ni le personnel requis…’’, a dénoncé, en Assemblée générale à Linguère, hier, leur secrétaire général, Dr Amadou Yeri Camara.

A entendre les syndicalistes du Sames, c’est comme si le directeur, les chefs de service et autres agents n’ont aucune responsabilité dans ce qui s’est passé à Linguère et qui a entrainé la mort brutale de quatre nourrissons. ‘’Dans cette affaire, fulminent-ils, aussi bien les humeurs du ministère que le communiqué du parquet sonnent comme un réquisitoire à charge contre les agents de santé, avec des biais dans l’enquête que même un petit juriste de première année n’aurait pas commis. Sinon, comment comprendre que la Senelec, avec ses délestages, ses surcharges de tensions intempestives, soit considérée comme expert dans ce dossier ?’’. Et d’exiger : ‘’Le Sames demande une véritable enquête impartiale avec des experts indépendants et non de pseudo-experts mouillés jusqu’au cou. Nous ne regarderons pas passivement des agents de santé être conduits vers l’échafaud. Nous allons nous battre, car seule la lutte libère.’’

Ce corps de métier se croirait-il au-dessus des lois ? Le colonel Babacar Ngom, ancien DG de CHU, relativise : ‘’Je pense que ce mouvement d’humeur est tout à fait compréhensible. Ce sont des syndicalistes et c’est un des leurs qui est en difficulté, un ancien secrétaire général de l’organisation. C’est donc tout à fait normal qu’ils s’organisent pour le soutenir. C’est du corporatisme et cela peut se comprendre. Mais cela ne peut avoir aucun impact sur la conduite de l’action judiciaire qui a été ouverte.’’

A en croire le colonel, cette information judiciaire est tout à fait normale et devrait être menée jusqu’à son terme. ‘’Compte tenu de la gravité de cet accident, c’est tout à fait naturel que le procureur s’autosaisisse pour faire la lumière. Vous savez, nous sommes dans un pays organisé. Il faut que chacun puisse prendre ses responsabilités et les assumer pleinement. Le directeur d’établissement doit assumer ses responsabilités, mais l’Etat aussi doit assumer les siennes. Sinon, où va le pays ?’’, soutient le spécialiste.

A ceux qui invoquent le manque d’effectif et de matériel adéquat pour justifier le drame, il rétorque que ceci est certes déplorable, mais ne peut dédouaner les dirigeants de leurs responsabilités. Il s’explique : ‘’Il faut savoir que les établissements de santé sont autonomes. Quand vous dirigez un établissement de santé, il faut se donner les moyens pour qu’il soit performant et respecter certaines normes de sécurité qui sont fondamentales. Vous avez un budget pour ça. Donc, s’il y a des investissements à faire, oui, on peut solliciter l’autorité, mais si elle tarde à réagir, il faut trouver des mécanismes internes pour avoir des solutions. Les établissements ont leur autonomie. Et je pense que c’est très important.’’

Sur la responsabilité du ministre et des autorités politiques, il déclare : ‘’C’est très facile, à mon avis, de dire que le ministre est responsable. La responsabilité de l’autorité politique, on peut en parler, mais elle est lointaine ; elle est parfois morale, du fait de l’autonomie dont je parlais.’’

En tout cas, ce scandale met aussi sur la table le problème de la gouvernance des établissements publics de santé, le mode de choix des gestionnaires desdites structures. Pendant que les médecins ont eu à se battre pour placer des membres de la corporation à la tête des hôpitaux, d’autres se sont battus pour dire non à cette médicalisation des structures de santé.

C’est le cas du colonel Babacar Ngom qui peste sans ambages : ‘’Je suis désolé, mais les choses ne se passent pas comme ça. La gestion d’un établissement de santé n’est pas une affaire de professionnels de la médecine. Vous allez en France, aucun hôpital n’est géré par un médecin. Comment vous allez faire avec le gestionnaire qui est là avec un Bac+5, avec le comptable public qui est sous votre autorité et qui gère des milliards ? Ce n’est pas possible. Moi, je dis non à la médicalisation des hôpitaux publics.’’

Par ailleurs, une chose est d’avoir de bons profils à la tête des établissements de santé. Mais c’en est une autre d’avoir une bonne gestion, avec toute la rigueur que cela requiert. Le problème, selon le colonel Ngom, c’est que certains, quand ils dirigent des hôpitaux, souhaitent avoir des pots au moment de leur départ. ‘’Moi, je n’ai jamais travaillé pour avoir un pot au moment de mon départ. Je fais ce que j’ai à faire. Je ne me soucie pas qu’untel ou untel autre n’est pas content. Il faut travailler pour que tout soit sur les rails. Et quand quelqu’un manque à son obligation, il faut le rappeler à l’ordre’’, plaide-t-il.

En guise d’exemple, le colonel Babacar Ngom déclare : ‘’On a eu à servir des demandes d’explication à des professeurs d’université. Quand on a la charge de diriger un hôpital, il faut l’assumer.’’

Cela dit, les acteurs semblent d’accord sur un point. Il faudrait tout faire pour éviter, à l’avenir, des drames comme celui qui s’est passé à Linguère. Et cela relève autant de la responsabilité des personnels des établissements que de celle des autorités politiques. ‘’Nous devons dire plus jamais ça. Nous devons tirer des leçons pour que plus jamais personne ne court des risques en fréquentant nos structures de santé’’, appelle le docteur Yeri Camara.

Par ailleurs, ils ont été nombreux à regretter la promptitude avec laquelle les autorités ont mis à niveau certains équipements, suite au drame. D’ailleurs, cela n’a pas empêché au Sames, qui l’invoque pour blinder la défense de son membre, de sortir. Le secrétaire général se désole : ‘’Comme on aurait aimé disposer de ces couveuses flambant neuves, de ces agents affectés pour pouvoir éviter ce drame. Mais c’est au lendemain de l’accident que tout ce qui a été demandé à cor et à cri est devenu disponible.’’

SG SAMES SUR LA MISE EN DEMEURE DES GYNECOLOGUES AFFECTES A KOLDA

‘’L’ostracisation des agents de santé ne passera pas !’’

Sur un autre registre, le Syndicat autonome des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes est revenu sur le cas du chirurgien affecté à Kolda et qui refusait de regagner son poste. Selon les camarades de Yeri Camara, il y a une discrimination qui ne dit pas son nom. ‘’Le Sames dénonce le traitement discriminatoire des ressources humaines du ministère. Au moment où il est servi des mises en demeure à deux gynécologues qui ont des dossiers médicaux en bonne et due forme, d’autres, qui n’ont pas rejoint leur poste depuis 2014, n’ont subi aucune mesure administrative. Le Sames dénonce ce deux poids, deux mesures qui est ‘’la cause réelle de l’absence de spécialistes dans les régions’’, peste le secrétaire général de l’organisation.

D’après lui, il y a une ostracisation des agents de la santé dans leur propre ministère et cela ne passera pas. ‘’Le ministère de la Santé va se faire avec les agents de santé. Tous les autres corps administratifs doivent savoir qu’ils n’exercent que des fonctions supports’’, a déclaré Amadou Yeri Camara, non sans rappeler qu’au moment où les gynécologues sont victimes d’affectation, d’autres qui viennent de sortir en 2020, sont affectés à Dalal Jamm.

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LE SYSTEME SANITAIRE PARALYSE A KOLDA

La grève du Sames largement suivie

La grève de 48 heures du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames) est respectée dans toutes les structures sanitaires de la région de Kolda. Pas de consultations, ni de rendez-vous à prendre, encore moins de la délivrance des documents administratifs. Les patients sont obligés de rebrousser chemin. Seuls les urgences et les malades hospitalisés sont pris en charge par les grévistes.

Soutenus par des proches, Aly Baldé marche en s’appuyant sur des béquilles pour sortir de l’hôpital régional de Kolda. Et pour cause ! Les médecins ont entamé hier une grève totale de 48 heures. Ils n’assureront aucun service minimum, tant que l’État voudra ‘’faire du directeur de l’hôpital Magatte Lo de Linguère et son personnel les agneaux du sacrifice, suite à l’incendie qui a eu lieu dans cet établissement sanitaire en avril dernier et qui a coûté la vie à quatre bébés’’.

C’est l’un des motifs de la grève du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames). Aussi bien au centre hospitalier régional de Kolda que dans d’autres établissements sanitaires publics de la région, les services réservés aux soins ont été désertés par des malades, priés de quitter les lieux, à l’exception de cas jugés graves.

Samba Kandé, âgé de 20 ans, un des patients, est dans le désarroi total. ‘’Je n’ai pas le choix, avec ma jambe et mon bras plâtrés. Je suis un conducteur de moto-Jakarta. A la suite d’un accident de la circulation, j’avais rendez-vous avec le médecin. Je suis rentré chez moi’’, informe-t-il. Serigne Diop est lui aussi dans l’obligation de rentrer. ‘’J’avais rendez-vous avec le cardiologue, mais on m’a fait savoir que les médecins sont en grève de 48 heures. Malgré ma souffrance, je suis dans l’obligation de prendre mon mal en patience jusqu’à la fin de la grève’’.

Urgences et malades hospitalisés pris en charge par les grévistes

Au centre hospitalier régional de Kolda comme dans les autres districts sanitaires de la région de Kolda, seuls les urgences et les malades hospitalisés sont pris en charge par les techniciens de la santé. ‘’Nous ne faisons pas de consultations ; nous ne donnons pas de rendez-vous, ni ne délivrons des certificats ou autres documents administratifs’’, explique le Dr Daouda Djiba, pédiatre à l’hôpital régional de Kolda. ‘’Nous disons non à cet acharnement de l’Etat sur ce personnel qui devrait être plutôt félicité, encouragé et renforcé en personnel et en matériel, au lieu d’être sacrifié. Nous disons non à cette injustice. Parce que le premier responsable dans cette affaire, c’est l’Etat. Ce n’est pas ce personnel de la santé’’.NFALY MANSALY

MOR AMAR
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