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Exploitation abusive de la forêt et trafic de bois dans les régions frontalières avec la Gambie: 1446 PV dressés en 2020, plus de 667 millions collectés sur des contentieux
Publié le mardi 2 fevrier 2021  |  Sud Quotidien
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© Autre presse par DR
Le président de la République veut un encadrement plus strict de la coupe de bois
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Les agents des Eaux et Forêts, Chasse et Conservation des sols n’ont pas chômé en 2020, dans les régions Centre, Sud et Est du Sénégal. Pour des affaires contentieuses nées de l’exploitation illicite de la forêt, dont le trafic international de bois, 1446 procès-verbaux (PV) ont été dressés dans des régions situées à la frontière gambienne. La somme collectée est estimée à plus de 667 millions de F CFA. Et cela n’inclut pas toutes les opérations de l’année.

1446 procès-verbaux (PV) ont été dressés dans les régions limitrophes de la Gambie, notamment Ziguinchor, Kolda, Sédhiou, Tambacounda (Tamba), Kaffrine, Kaolack et Fatick, pour exploitation inappropriée de la forêt, durant l’année 2020. Le montant des recettes contentieuses se situe à 667.522.700 F CFA. Le nombre n’inclut pas toutes les opérations de l’année. Les données dont nous disposons ne concernent que la période allant de janvier à septembre 2020.
La répartition des contentieux s’établit comme suit :
197 à Ziguinchor,
238 à Tamba,
96 à Sédhiou,
386 à Kolda,
116 à Kaffrine,
250 à Kaolack
63 à Fatick.
Certaines affaires sont traduites devant les Tribunaux. Elles sont beaucoup plus importantes dans la région de Kolda où 60 PV sont au Tribunal, suivie de Tamba avec 77 cas. 20 véhicules ont été saisis, dont 15 d’immatriculation gambienne, pendant cinq (5) années de lutte contre le trafic international de bois.

Ce trafic illicite de bois est perceptible tout le long de la frontière gambienne avec la zone Sud et Est. Les trafiquants ciblent le bois d’œuvre, en particulier le vène (de son nom scientifique «Pterocarpus erinaceus») à Kolda et à Tambacounda et le caïlcédrat (connu des scientifique par l’appellation «Khaya senegalensis») à Ziguinchor.

Les principales zones de coupe dans la région de Kolda concernent 13 villages que sont : Tankonfara, Fass Tobène, Boundou Sambou, Bayoungou, Thietty, Tougoudé Bala, Tougoudé Wali, Saré Gardi, Taïbatou Bakor, Sinthiang Bara, Médina Salam Dinga, Saré Dickel et Fass. Ils se situent essentiellement (plus de 80%) dans le département de Médina Yoro Foulah. Tout juste à côté du département, 8 dépôts de bois sont recensés dans des villages en Gambie.
Dans la région de Sédhiou, le trafic transfrontalier concerne les départements de Bounkiling et de Sédhiou. La présence des trafiquants est notée dans plusieurs villages comme Diélinkine, Gombol, Diacounda, Mafongo, Kabeumb, Kilinko, Sassita, entre autres.

Dans la région de Tamba également, de nombreux villages sont touchés. La dégradation des ressources forestières et fauniques, due principalement aux défrichements à des fins agricoles, aux feux de brousse, à l’exploitation illégale, au braconnage et au trafic illicite de bois d’œuvre, s’est accentuée ces dernières années dans les zones Sud et Est du Sénégal.

BOUBACAR SOLLY, DOCTORANT EN GEOGRAPHIE A L’UNIVERSITE ASSANE SECK DE ZIGUINCHOR, LABORATOIRE DE GEOMATIQUE ET D’ENVIRONNEMENT : «C’est un trafic qui est bien organisé»

«La coupe illicite du bois pour la vente est une activité qui a commencé en Casamance depuis le début de la décennie 2000. Elle a pris une ampleur plus importante le long de la frontière avec la Gambie depuis 2010, avec la coupe de certaines espèces acheminées en Chine via le port de Banjul (Gambie), en passant par des «marchés de bois» installés le long de la frontière. C’est un trafic qui est bien organisé et qui est devenu le quotidien de certaines personnes natives de la région naturelle de Casamance, provenant de la Gambie voisine et des autres régions du Sénégal. Dans ce trafic, plusieurs espèces sont ciblées. Il s’agit de : ‘’Pterocarpus erinaceus’’ (le vène, ndlr), ‘’Cordyla pinnata’’, ‘’Bombax costatum’’, ‘’Khaya senegalensis’’ (le caïlcédrat, ndlr), ‘’Oxytenanthera abyssinica’’, ‘’Lannea velutiina’’, ‘’Sarcocephalus latifolius’’, ‘’Terminalia macroptera’’, ‘’Afzelia africana’’, ‘’Daniella oliveri’’ et ‘’Sterculia setigera’’. Parmi ces espèces, ‘’Pterocarpus erinaceus’’, ‘’Afzelia africana’’, ‘’Cordyla pinnata’’ et ‘’Khaya senegalensis’’ sont partiellement protégées par le Code forestier de 1998.
En plus de la quantité de bois coupés, c’est les grands arbres avec un tronc de 2 à 4 m de longueur et 30 à 70 m de diamètre qui sont ciblés dans ce trafic. Également, la tronçonneuse est l’outil le plus utilisé pour terrasser les arbres. Or, son utilisation empêche la régénération de la souche après coupe, car l’huile de la machine pénètre la souche et décolle l’écorce. Selon les populations, la pauvreté et le manque d’emploi sont les principaux facteurs explicatifs. Pour ce qui est de la Haute-Casamance, par exemple, elle occupe la cinquième position des régions ayant le plus grand taux de chômage au Sénégal, après la région de Dakar, de Thiès, de Diourbel et de Louga (ANSD, 2014). Environ, 74.483 personnes, soit 7,4% de l’effectif national, sont touchées par le chômage. Dès lors, ce trafic permet à certains de pouvoir subvenir à leurs besoins, dans la mesure où un billon est vendu entre 12.000 F CFA et 100.000 F CFA, selon la taille et le diamètre. À défaut de les monnayer, 5 billons sont souvent échangés par une moto.»
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