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Un mort, mosquées et cimetières inondes, dégâts matériels… : Un weekend cauchemardesque en banlieue dakaroise
Publié le mardi 8 septembre 2020  |  Enquête Plus
Inondations
© aDakar.com par SB
Inondations dans plusieurs quartiers de Dakar après la première forte pluie dans la capitale
Dakar, le 22 août 2019 - La première forte pluie enregistrée à Dakar, ce jeudi 22 août 2019, a causé des situations d`inondations dans plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise.
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Les pluies diluviennes de ce week-end ont été cauchemardesques dans la banlieue. On dénombre une perte humaine et plusieurs infrastructures de base conquises par les eaux, sans parler de l’impraticabilité des routes, marchés et mosquées.

Depuis le début de l’hivernage de cette année, la banlieue dakaroise n’avait pas connu un tel déluge. Des centaines de millimètres d’eau sont tombés dans les départements de Pikine et Guédiawaye, en moins de 48 heures. Beaucoup trop d’eau que ne peut absorber cette partie de la capitale sujette aux inondations depuis des années.

A Pikine, cela a tourné au drame, avec la mort d’un jeune homme originaire du village de Keur Mandiaye, une contrée de la région de Thiès. Selon nos informations, le corps a été découvert hier, en début d’après-midi, dans un tunnel, à la commune de Guinaw-Rails Sud par des individus qui pompaient les eaux de pluie. Des blessures et du sang ont été notés sur la victime Bassirou Sarr, né en 1995. Selon des témoins, le défunt tentait d’escalader le long mur qui entoure le tunnel qui avait pris plus de 3 m d’eau de pluie, avant-hier vers les coups de 21 h. Il a glissé et est tombé. Les voisins, qui ont entendu ses cris, sont sortis pour s’enquérir de la situation. Ils ont vu, au même moment, une personne sortir des eaux en courant. Ils ont cru qu’il était l’auteur des cris et ont regagné leurs domiciles. C’est seulement hier, vers 13 h, que son corps sans vie a été découvert.

La victime avait mis ses effets et sa pièce d’identité dans un sachet qu’il avait noué à un passant de son pantalon. Ce qui a facilité son identification. Le corps de Bassirou Sarr a été acheminé par les éléments de la brigade nationale des sapeurs-pompiers dans un établissement sanitaire de la place, pour les besoins de l’autopsie. La police de Guinaw Rails est allée effectuer les constats et a ouvert une enquête.

En plus de ce drame, dans le département de Pikine, la pluie a fait de nombreux dégâts. Les cimetières de Pikine, Yeumbeul et Thiaroye ont été inondés. La commune de Guinaw-Rails a, elle, été coupée du reste de la capitale, puisque la seule issue pour y accéder, un tunnel, avait été conquise par les eaux pluviales. Dans les communes de Pikine-Ouest, Pikine-Est, Diamegueune Sicap-Mbao, Mbao, Tivaouane Diacksao, Malika, Dalifort, Thiaroye-Gare, Thiaroye-sur-Mer, Yeumbeul Sud et Nord et Pikine-Nord, on a enregistré des routes impraticables, des marchés et mosquées inondés.

Egalement, plusieurs maisons ont été envahies par les eaux, obligeant des familles à passer la nuit à la belle étoile. Les plus chanceux ont réussi à évacuer les eaux de pluie, après s’être échinés jusque tard dans la nuit, priant pour que le ciel ne rouvre plus ses vannes.

Manifestation d’indignation à Keur Massar

A Keur Massar, la température est montée de plusieurs degrés, notamment à Aladji Pathé et aux Parcelles-Assainies où les populations sont sorties dans la rue pour manifester leur colère et exiger plus de respect des autorités, après les pluies diluviennes ayant fait de nombreux ravages. Là-bas, des dalles ont cédé sous l’effet du vent et de la pluie.

A Guédiawaye, par contre, il y a eu moins de dégâts. Même si le poste de santé de Hamo est sous les eaux. Dans la commune de Golf-Sud, à la corniche de Guédiawaye et sur une partie de la VDN, les routes étaient impraticables. Les véhicules ont été obligés d’emprunter des voies secondaires qui leur ont fait voir de toutes les couleurs. Nombre d’entre eux devront se rendre chez le mécanicien, car leurs moteurs ont été noyés.

Dans les départements, à savoir Pikine et Guédiawaye, les populations rencontrées ont indexé les chantiers de l’État dont le Bus rapid transit (BRT) et le Train express régional (Ter) comme étant la cause des stagnations d’eau dans beaucoup de zones qui ne connaissent, d’habitude, pas d’inondations.

Les autorités administratives se sont rendues sur le terrain pour faire le bilan des dégâts.


FORTES PLUIES A GRAND-YOFF

La commune déplore un mort et patauge dans la boue

La commune de Grand-Yoff est durement impactée par les fortes pluies de ce weekend. Elle a enregistré un décès causé par l’affaissement d’un mur. Khalifa Sall s’est rendu au chevet des populations.

HABIBATOU TRAORE

Lendemain de fortes pluies à Grand-Yoff. On s’attelle aux réparations des dégâts. Des flaques de boue visibles çà et là, des sacs remplis de sable pour faciliter le passage sur certaines artères toujours sous les eaux, témoignent du volume important d’eau reçu dans cette commune. La veille, les habitants de Grand-Yoff se sont débattus contre les eaux. La peur d’un débordement du canal a, en effet, suscité d’énormes craintes. Il a fallu beaucoup d’ingéniosité pour sauver certaines maisons des eaux, alors que le volume était de plus en plus important.

Malgré cette détermination, 4 maisons au quartier Djiddah ont vu des pans de mur s’affaisser sous l’action des eaux, occasionnant un mort et des blessés. En effet, un enfant y a perdu la vie. Ce qui n’est pas une première, d’après le chef de cabinet du maire de Grand-Yoff. Bassirou Samb explique que cela fait bientôt cinq ans que ce même quartier enregistre, chaque année, des pertes en vies humaines durant l’hivernage.

Ainsi hier, une délégation de la municipalité de Dakar, dirigée par Sokham El Wardini, en compagnie de l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall, est allée s’enquérir de la situation des populations de cette localité. ‘’Les inondations ne datent pas d’aujourd’hui dans cette commune et on n’a toujours pas eu de solution. Nous sommes de tout cœur avec les sinistrés, particulièrement la famille éplorée’’, a indiqué Khalifa Sall.

Khalifa Sall au chevet des populations

La veille, l’équipe municipale de Grand-Yoff avait fait le tour, sous la pluie, pour constater l’ampleur des dégâts. ‘’Nous avions dénombré trois points d’eau, à savoir : la station de Patte d’Oie, le canal de Grand-Yoff et le bassin du Front de terre. Mais ce matin (hier), il n’y avait plus d’eau, grâce à la canalisation’’, laisse entendre le chef de cabinet de l’édile de la commune.

Bassirou Samb reconnait, cependant, que le bassin de Grand-Yoff n’a plus la capacité d’accueillir simultanément toutes les eaux qui ne proviennent pas, d’après lui, que de la commune.

A l’en croire, la municipalité reçoit également des eaux d’Ouest-Foire et de Yoff, ce qui provoque ainsi la stagnation sur certaines artères durant des heures après chaque pluie. ‘’Quand il y a une forte pluie, à un moment donné, on a l’impression que la machine n’évacue plus les eaux et certaines maisons sont envahies’’, regrette M. Samb.

Le chef de cabinet de Madiop Diop n’a pas toutefois manqué d’appeler l’Etat à venir en aide à cette partie de la capitale sénégalaise. D’après lui, la commune n’a jamais senti l’appui de l’Etat dans la gestion des inondations, alors que, dit-il, c’est une compétence de l’autorité étatique.

‘’Nous tenons à lancer un appel au président de la République et à son gouvernement. Nous ne pouvons pas continuer à vivre chaque année le même calvaire avec des murs qui s’affaissent et des maisons envahies par les eaux. Il faudra que l’Etat fasse des efforts, que les milliards annoncés puissent être investis dans ces inondations’’, laisse-t-il entendre.

Ainsi, avec le déclenchement du plan Orsec, Bassirou Samb espère qu’il ne s’agira pas juste d’un effet d’annonce, mais des moyens concrets destinés à la population.

En entendant, renseigne-t-il, la commune a mobilisé des hydrocureurs et des motopompes afin d’évacuer les eaux et des denrées alimentaires sont également mises à la disposition des populations pour leur permettre de faire face.

Malgré tout, Grand-Yoff ne dort toujours que d’un seul œil, dans la crainte des prochaines averses.

CHEIKH THIAM
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