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Grèves sans trêve du Sytjust: signe de la faillite de l’Etat de droit au Sénégal
Publié le mardi 25 aout 2020  |  senenews.com
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© Partis Politiques par DR
Ouverture du procès en appel de Barthélémy Dias
Dakar, le 7 novembre 2018 - Le procès en appel de Barthélémy Dias s`est ouvert, ce mercredi, devant la Cour d`appel de Dakar au palais de Justice.
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La grève des travailleurs de la justice indispose au plus haut point les justiciables qui ne savent plus sur quel pied danser. Ces usagers qui ont le droit à une bonne marche du service public se voient obligés de prendre leur mal en patience devant la négation affirmée de leurs droits. L’Etat du Sénégal, claquemuré dans son amateurisme qui frise l’incompétence, favorise la pérennisation d’une situation qui ne devait être que passagère. En vérité, il est inconcevable que depuis des mois, le problème entre Me Malcik Sall et ses administrés ne voit pas un début de solution alors que seuls les usagers sans « bras long » paient les pots cassés.

Comme à son habitude, l’Etat du Sénégal, en lieu et place de bonnes offres comme réaction aux réclamations des syndicalistes, table sur l’usure pour amener les grévistes à tourner leur veste. Il a essayé d’adopter cette stratégie face aux enseignants qui ont eu à ruer dans les brancards pendant des mois, de même que les travailleurs de la Santé réunis autour de la coalition And Guesseum. Celle-ci avait, en 2018, décrété plus de 16 plans d’action sans qu’une réponse véritable ne soit donnée par le ministère de tutelle. C’est exactement ce qui se passe aujourd’hui avec le Syndicat des travailleurs de la justice (Sytjust) qui est à son énième mot d’ordre. Il est donc sûr que le gouvernement se fourre le doigt dans l’œil s’il ne compte que sur l’usure ou sur le fait de mettre les grévistes en mal avec la population.

Une grève aux conséquences inestimables
Il suffit d’évaluer les dégâts énormes causés par ce mouvement d’humeur pour se rendre compte que les greffiers constituent en effet le maillon fort du système judiciaire. En amont comme en aval de tout travail qui se déroule dans les salles d’audience ou centres d’état-civil, ces travailleurs acharnés méritent une considération à la hauteur de leurs efforts. Au vu du comportement de l’Etat envers cette catégorie des agents de la justice, on peut conclure que les autorités n’ont cure de leurs conditions de travail. La conséquence est là sous nos yeux ; chaque jour les usagers font le pied de grue devant les tribunaux mais ne voient pas d’interlocuteurs, ou s’ils en voient, ils ne leur sont d’aucune utilité.

Le responsable principal de cette situation est sans aucun doute l’Etat du Sénégal. Puisque le droit de grève est un principe reconnu par la constitution, personne ne pourrait empêcher ces grévistes d’en jouir et de protéger les acquis qu’ils avaient arrachés à l’Etat quand l’Etat veut les leur arracher à son tour. Mais il est grand temps que le bordel semé dans ce secteur prenne fin parce que, entre un Etat qui fait fi des conséquences du mouvement d’humeur et le Sytjust qui est décidé à gagner le combat à tout prix, ce sont les usagers, surtout ceux qui n’ont pas de « bras long », qui paient les pots cassés. L’absence de services minimums, cette façon jadis humaine pour les syndicalistes de faire la grève, est aux antipodes de ce que l’on connaissait jusqu’ici. En effet, les grévistes développaient toujours une attitude altruiste consistant à penser aux autres-là pour qui l’obtention de papiers ou la tenue de procès est une question de vie ou de mort.

Une irresponsabilité caractérisée de la part des autorités
Il est un secret de polichinelle que le Sénégal est malade de son service public. Même en temps normal, des anomalies sont notées dans la façon dont les usagers sont accueillis et traités. C’est pour dire donc qu’en temps de grève, il n’y a pas à espérer que le salut puisse provenir des travailleurs eux-mêmes. Par contre, l’Etat, garant des droits y compris celui de jouir d’un service public de qualité et en continu, doit pouvoir trouver les meilleures solutions qui soient pour soulager les milliers de personnes qui souffrent de cette situation depuis des mois.

Le silence coupable de certaines associations de défense des droits de l’homme, la réaction molle des autres, laisse l’Etat de marbre face au chaos généralisé constaté dans le secteur de la justice. Cet Etat-là est plus prompt de réagir quand deux magistrats se crêpent le chignon pour des intérêts personnels au lieu d’agir de façon responsable pour l’intérêt général des usagers. Cet Etat-là qui se veut un Etat de droit tout en bafouant les droits les plus élémentaires des justiciables à cause de son incompétence à prendre le taureau par les cornes dans cette guéguerre ave le Sytjust. Puisque différer un problème n’est pas le régler, le ministre de la justice et ses services doivent avoir le courage de faire des propositions décentes aux travailleurs devant l’opinion nationale. C’est malheureux de constater qu’au Sénégal, les priorités sont inversées et ce qui devait être une question essentielle, la marche de la justice, est relégué au second plan.

Les justiciables doivent porter plainte contre l’Etat du Sénégal
La bonne marche du service public incombe plus à l’Etat qu’à ses agents. C’est le premier qui recrute, et c’est lui qui doit veiller à ce que les derniers fassent leur travail de façon convenable. Ce service dit public est financé en grande partie par le contribuable qui paie aussi, parfois gracieusement, les agents censés travailler pour lui. Il est alors inacceptable que le contribuable continue de payer les salaires des grévistes alors qu’il peine à se voir assister. Selon le droit du travail, et les syndicalistes de la justice sont mieux placés pour le savoir, la rémunération ne peut exister en dehors de services effectués.

Voilà pourquoi les usagers peuvent et doivent porter plainte contre l’Etat du Sénégal pour deux raisons. D’abord parce que leur droit d’accès au service public est violé par les autorités à cause de leur échec à faire revenir l’accalmie dans le secteur de la justice. Ensuite parce que l’Etat paie avec leur argent (les contribuables) des agents qui refusent pourtant de rendre le service attendu. Tant qu’à dire, il faut affirmer que même si le droit de grève existe et doit être respecté, le salaire doit être justifié. Et en tant qu’acteurs qui se battent pour la justice et l’équité, ce ne sont pas les syndicalistes qui vont se résigner que l’Etat applique ces exigences du droit du travail. Trop c’est trop!
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