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« Il fallait confiner Dakar et Touba pour stopper la contamination communautaire », selon le Dr Diop de l’Hôpital Ndamatou
Publié le mercredi 17 juin 2020  |  pressafrik.com
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© Présidence par DR
Visite de courtoisie de Macky Sall à Touba
Touba, le 4 novembre 2017 - Le président de a République Macky Sall a effectué une visite de courtoisie du Chef de l`Etat à Touba à la veille du grand Magal 2017. Il a été accueilli par les autorités religieuses et par les populations. Photo: Serigne Mountakha Mbacké
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Malgré la multiplication des cas communautaires recensés chaque jour, la gestion de l’épidémie du coronavirus à Touba aurait pris la bonne voie grâce à l’engagement sans faille du Khalife général des mourides. Serigne Mountakha Mbacké a montré son soutien aux acteurs sanitaires et a mobilisé des moyens tout en demandant aux disciples d’accompagner ces acteurs dans la riposte à la Covid-19 dans la cité religieuse. « Le Témoin » a pris l’autoroute « Ila Touba » - version santé - pour s’entretenir avec le coordonnateur du comité de lutte contre les infections nosocomiales à l’hôpital Ndamatou de Touba, Dr El Hadj Ndiaye Diop. Selon ce médecin, si on confinait Dakar et Touba pendant un mois avec un appui financier à hauteur de 100 000 francs pour chaque ménage, on allait stopper la propagation du virus au niveau communautaire.

Dans la gestion de la pandémie covid-19 au Sénégal, la région de Dakar constitue certes le casse-tête des autorités car étant la plus touchée avec plus de 3000 cas mais la ville de Touba aussi n’est pas une… mince affaire qui peut se gérer en un claquement de doigts. Tout comme la capitale du pays, cette deuxième ville du Sénégal en termes démographiques et économiques demeure aujourd’hui un foyer de la pandémie. Sur les 4000 patients testés positifs au niveau national, 500 ont été enregistrés dans la région de Diourbel. Actuellement, 16 patients sont encore sous traitement à l’hôpital Matlaboul Fawzeyni et 96 personnes atteintes de cette maladie sont suivies à domicile. Cette prise en charge domiciliaire entre dans le cadre de la prise en charge extra hospitalière. Egalement, 348 patients ont été guéris et 511 contacts suivis par les services compétents. Aussi, 63 familles sont actuellement en confinement.

Au total, 18 décès sont survenus dans cette zone de Touba dont un mort enregistré à Diourbel. Une contamination élevée qui rentre pourtant dans l’ordre normal des choses, et qui se justifie par plusieurs raisons, d’après le coordonnateur du Comité de lutte contre les infections nosocomiales à l’hôpital Ndamatou de Touba, Dr El Hadj Ndiaye Diop. Selon lui, la situation qui prévaut à Touba se comprend du point de vue démographique et fréquentation. « C’est la deuxième ville du pays, du point de vue démographique et de la fréquentation surtout avec le réseau de transport et l’activité économique. C’est le pôle économique, c’est normal qu’il y ait un nombre important de cas dans ces deux localités », explique Dr El Hadj Ndiaye Diop. ce professionnel de la santé ne semble nullement surpris par le « cas Touba ».

Dès l’apparition des premiers cas, dit-il, les spécialistes ont dit qu’il fallait s’attendre à ce que ça arrive et se préparer en conséquence. « Car, Touba est une ville religieuse, de surcroît de pèlerinages, avec une forte population d’émigrés. C’est pourquoi, avec les cas importés, la riposte y a été très efficace jusqu’à zéro cas. Avec le tracing des contacts, cela a été rapidement circonscrit. Ce qui fait qu’à un certain moment, il n’y avait plus de cas. Mais peu après, les déplacements clandestins ont ramené des cas communautaires », a expliqué Dr Diop. Il se désole de ce retour des cas importés depuis les autres régions ou d’autres zones vers Touba par des commerçants qui ont violé l’interdiction du transport interurbain. Selon l'interlocuteur du journal Le Témoin, c’est cela qui a déclenché les cas communautaires à Touba.

Toutefois, rassure le coordonnateur du Comité de lutte contre les infections nosocomiales à l’hôpital de Ndamatou, aujourd’hui, « une grande mobilisation communautaire est en cours pour stopper la maladie avec le soutien du khalife général qui demeure la… porte d’entrée de Touba, la seule voie autorisée de la ville de Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké pour une bonne riposte dans cette ville. Si le Khalife soutient une activité, il met tout le monde à l’aise. Et c’est ce qui s’est passé à Touba. Le Khalife est le premier à avoir donné une participation financière à hauteur de 200 millions de francs tout en intervenant dans la sensibilisation pour avoir demandé à suivre les recommandations édictées par les autorités sanitaires. Ce qui constitue à la fois un atout et une expérience par rapport à la gestion de l’épidémie ».

Une gestion trop centralisée

Cela dit, ce praticien de la santé pense que la gestion de la lutte contre la pandémie a été trop centralisée avec une lourdeur administrative qui a laissé en rade la communauté. D’ailleurs, souligne-t-il, « le rattrapage risque d’être très laborieux car le message à faire passer trouve des sujets non réceptifs, à la limite, hostiles. Il faut malheureusement du temps pour inverser les choses ». Il regrette le fait que, dès le début où il n’y avait que des cas importés, seul le niveau central pouvait assurer la riposte. Or, indique-t-il, notre système de santé dispose d’unités de surveillance et de riposte au niveau de tous les postes de santé, c’est-à-dire au niveau communautaire. « Il fallait rapidement leur passer le relais en les mettant à niveau par rapport au contexte Covid et en leur donnant les moyens. C’est un peu le cas aujourd’hui », indique Dr El Hadj Ndiaye Diop qui se félicite de cette prise de conscience, même si elle a connu un peu de retard.

En bon professionnel de santé, Dr Diop rappelle que la gestion d’une crise doit être à la fois sanitaire, administrative et communautaire. « Et c’est tout le sens du message livré par le porte-parole du khalife, Serigne Bass Abdou Khadre, qui demande, dans un spot publicitaire, de respecter les mesures barrières notamment à l’endroit des jeunes à qui il a dit ouvertement que c’est un pêché de transmettre sciemment la maladie. C’est ça un message communautaire de conscientisation d’un leader religieux. Cela doit être aussi celui des « Badiénou gox » ou relais communautaires, des chefs de quartier », ajoute Dr El Hadj Ndiaye Diop.

Il reste convaincu que « si on avait confiné Touba et Dakar pendant un mois avec 100 000 francs pour chaque ménage, tous les patients sous traitements seraient guéris. Après, on pourrait sortir du confinement sur la pointe des pieds et gérer les cas importés ». Car, estime-t-il, s’il n’y avait pas eu ce retard et ces hésitations dans la prise des mesures barrières et autres interdictions, on allait voir venir et on aurait tout le temps de riposte. D’autant que, à Touba, un comité de lutte contre les infections nosocomiales était déjà mis en place. Il nécessitait juste une réactualisation pour être opérationnel. « Tout ce qu’ils prennent comme mesures par rapport à la covid, c’est ce qui se fait avec les autres virus, les autres bactéries… Il s’agit juste de réactualiser un dispositif pour le rendre opérationnel. Au début, on a semblé ignorer qu’il y avait déjà de l’existant. Or dans les établissements de santé, les comités sont incontournables. S’il y a une situation nouvelle, on ne peut pas les contourner pour d’autres comités », soutient ce spécialiste de la santé publique. Au Sénégal, ce n’était donc pas le désert. il suffisait juste que les gens… décentralisent la lutte contre le coronavirus pour vaincre la maladie !



Le Témoin
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