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Gestion de la Covid-19: Le plan économique d’Abdoul Mbaye
Publié le lundi 30 mars 2020  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
L`ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a lancé son parti politique
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L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a adressé, hier, une nouvelle correspondance publique au chef de l’État, pour des recommandations dans la gestion économique de la pandémie Covid-19.

Abdoul Mbaye n’a pas répondu à l’invitation du palais ce jeudi, dans le cadre des consultations avec les anciens Premiers ministres. L’ex-collaborateur de Macky Sall a préféré plutôt prodiguer des recommandations, à travers des lettres adressées au chef de l’État. Ainsi, après une première correspondance sur la gestion sociale de la pandémie Covid-19, mercredi dernier, le banquier a, cette fois, axé sa réflexion sous l’angle économique. Cette deuxième lettre rendue publique a d’ailleurs pour objet ‘’l’urgence de prendre des mesures anti-ajustement structurel’’.

Pour Abdoul Mbaye, le Sénégal n’a plus le choix, face à la propagation de cette maladie. L’ancien Premier ministre sous le régime de Macky Sall, considère que les mesures allant dans le sens de l’ajustement structurel sous le couvert de l’Instrument de coordination des politiques économiques (ICPE) du Fonds monétaire international (FMI) doivent immédiatement être remises en question. A défaut, avertit-il, la misère des populations s’aggravera dans des proportions dramatiques, laissant craindre le pire en matière de famine et de réactions sociales. ‘’La priorité au remboursement de la dette extérieure constitue le cœur de l’ICPE. Or, la trésorerie de l’État sera grandement affectée par les conséquences de la crise économique qui s’installe. La ponction des impôts sur les grandes entreprises ne pourra être augmentée et faiblira avec leur activité’’, prédit Abdoul Mbaye. Toujours dans son analyse, le président de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT) relève que l’abaissement de la demande des ménages aura un impact négatif sur les perceptions de la TVA. ‘’Les difficultés des entreprises doivent être compensées par une priorité à donner aux règlements de la dette due par l’État aux entreprises nationales afin d’éviter une cascade de faillites’’, recommande-t-il.

Abdoul Mbaye n’a pas manqué d’attirer l’attention du régime en place sur l’insécurité alimentaire qui guette la population sénégalaise, surtout celle résidant dans les localités éloignées. Pour lui, la demande sera importante, avec l’entrée dans la période de soudure. A cela s’ajoute, dit-il, la probable réduction des transferts émis par les Sénégalais de la diaspora, qui seront aussi frappés par le recul économique dans les pays où ils résident. ‘’Toutes ces raisons font que le remboursement de la dette extérieure doit être l’objet de renégociations. Les démarches engagées par le FMI et la Banque mondiale pourraient conduire à un moratoire sur les remboursements dus aux créanciers bilatéraux. La dette privée doit également pouvoir être réexaminée avec le concours de la BCEAO comme garant possible dans le cadre d’une démarche d’inversion de priorités faisant d’abord passer le règlement de la dette intérieure avant celui de la dette extérieure’’, indique le président de l’ACT.

Abdoul Mbaye pense d’ailleurs que l’engagement à l’égard du FMI, consistant à porter le taux de pression fiscale de 16 à 20 % en trois années, était irréaliste et dangereux pour l’économie sénégalaise qui aurait été mise en situation déflationniste. Ce qui pousse M. Mbaye à penser que cet objectif doit être abandonné car, prévient-il, les entreprises et les ménages vont souffrir, à très court terme, des conséquences de la baisse de l’activité économique.

Insécurité alimentaire

‘’Les perceptions d’impôts sur les entreprises autres que les 20 ou 25 les plus contributrices à la collecte de l’impôt sur les sociétés doivent être reportées. Il ne s’agit pas de le faire systématiquement, mais d’ouvrir cette fenêtre à celles qui en exprimeraient le besoin. Il est essentiel d’avoir bien conscience que l’endettement supplémentaire facilité par des dispositions particulières (notamment celles prises par la BCEAO) ne saurait être le premier remède aux difficultés de trésorerie auxquelles les entreprises se heurteront. L’endettement a, en effet, le défaut de provoquer un accroissement des charges financières, alors que le contexte est également celui d’une baisse du chiffre d’affaires des emprunteurs’’, indique l’ancien Premier ministre.

Abdoul Mbaye estime également que la hausse des prix du carburant et de l’électricité n’est pas à l’ordre du jour. Il pense d’ailleurs que ces décisions doivent être remises en cause dans les meilleurs délais. ‘’Le réajustement à la baisse des prix du carburant et de l’électricité est rendu possible avec celle du cours mondial du pétrole’’, précise-t-il. Pour lui, la baisse des prix du carburant fera entrer un peu plus de revenus au sein des ménages. ‘’Elle permettra aux transporteurs de personnes en particulier (chauffeurs de taxi et de ‘car rapide’) de retrouver une partie de leurs marges compromises par la réduction réglementaire du nombre de personnes à transporter en taxi ou en bus. La baisse du prix de l’électricité contribuera aussi à donner une petite ‘bouffée d’oxygène’aux ménages par la baisse de leurs dépenses dans un contexte de baisse de leurs revenus’’, analyse-t-il.

De l’avis de l’ancien Premier ministre, il serait judicieux, pour le régime de Macky Sall, de s’entretenir avec le FMI, afin de conduire cette institution financière à prendre en compte la situation mondiale actuelle et celle spécifique du Sénégal. Ce qui permettra ainsi de le libérer des engagements qui sont, pour l’heure, d’après Abdoul Mbaye, impossibles à respecter.
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