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Sénégal : la transition énergétique prend forme à Taïba Ndiaye
Publié le vendredi 20 decembre 2019  |  Agence de Presse Africaine
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© aDakar.com par DR
Le premier parc éolien de Taïba Ndiaye
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Le premier parc éolien d'utilité publique au Sénégal situé à Taïba Ndiaye (90 km au nord de Dakar), va entrer en service décembre prochain, une échéance qui devrait être respectée vu que les seize éoliennes devant fournir les 50 premiers mégawatts, sont prêtes à 99% et que le gros du travail s’effectue actuellement à la sous station du parc, conçu pour être connecté au réseau de la Société nationale d’électricité (Senelec).

Au loin, on aperçoit les turbines du champ éolien trônant majestueusement au-dessus de la savane arborée de Taïba Ndiaye. Encore quelques minutes de voiture et nous voilà devant la plus grande centrale d’énergie éolienne de l’Afrique de l’Ouest. « Chantier interdit aux étrangers » avertit de prime abord une plaque là où une autre, plus grande et placée juste à côté, invite les visiteurs à respecter les consignes de sécurité.

À l’entrée, quelques travailleurs devisent sous un arbre, histoire de s’abriter contre le chaud soleil de cette matinée de fin d’octobre. Une fois à l’intérieur du parc ouvert exceptionnellement à la presse, les caméramans se précipitent pour prendre quelques images, mais ils sont vite interrompus par le responsable de la sécurité du site. Un grassouillet personnage qui les somme de rejoindre leur bus, au motif qu’il n’est pas informé de la visite des journalistes. Consigne respectée par les confrères qui se tienne coi, en attendant l’arrivée du directeur du site et de son équipe.

Un coup de fil ponctué de quelques minutes d’attente et voilà Massaer Cissé et son équipe qui débarquent d’un pick-up blanc rempli de gilets de signalisation et de casques de protection. Une femme, Marie Joe Diatta est chargée de nous faire un briefing de sécurité.

« Suivant la taille et la zone rurale où on est, les mesures sécuritaires sont draconiennes. Que ça soit en matière d’accès ou en matière de travail, ce sont des mesures de sécurité aux standards très élevés qui sont appliquées pour éviter des accidents potentiels », explique le directeur général de Lekela Sénégal, entreprise en charge de la construction du parc.

Après les précautions d’usage, en avant pour la visite. Bordée de fosses, une piste latéritique d’environ 300 mètres mène au pied de la première turbine du champ.





Le parc éolien de Taïba Ndiaye (PETN) impressionne par sa superficie. Il s’étend sur une quarantaine d’hectares et sera composé à terme de 46 éoliennes. Considérées comme les plus modernes au monde, elles ont, selon le premier responsable du parc, une capacité totale de 158,7 mégawatts d'énergie propre.

Grâce à ses éoliennes qui culminent à environ 180m, la centrale va permettre, à terme, une augmentation de 15% de la capacité de production électrique du pays et couvrir ainsi les besoins en énergie de quelque 2 millions de personnes, selon son directeur général.

« C’est un projet significatif pour plusieurs raisons, la première est purement énergétique. La taille et la capacité d’énergie que va produire cette centrale va satisfaire un besoin urgent pour le pays. Avec ce parc également, la Senelec va avoir un mix énergétique qui va approcher de 25% en énergie renouvelable », souligne Massaer Cissé, ajoutant que très peu de pays « peuvent se targuer » d’une telle performance.

D’un coût global d’environ 340 millions d’euros, soit près de 200 milliards de FCFA, la mise en service du parc éolien se fera en trois phases : 50 MW seront livrés à la Senelec en décembre, puis une deuxième tranche de même importance en avril 2020 et enfin une dernière tranche de 58,7 MW en juillet de la même année.

Confiant quant au respect du délai de livraison de la première phase de la centrale, M. Cissé, les yeux dissimulés derrière des lunettes noires, souligne que le plus grand défi après la mise en marche du parc sera l’absorption de la production énergétique par le réseau de transport de la Senelec.





« Injecter 150 MW d’énergie renouvelable dans le réseau est techniquement très difficile. On a un réseau qui n’est pas des plus modernes mais ça demande un travail que nous sommes en train de faire et qui va prendre des années encore », commente-t-il, tout en se disant « très serein » sur la capacité du réseau national de transport d'électricité à absorber la production qui sera issue du parc.

L’implantation du PETN a nécessité deux ans d’études et de recueillement de données sur le comportement du vent dans la zone. Et vu la taille du parc, plusieurs personnes de la localité ont été impactées, reconnait Massaer Cissé qui préfère cependant mettre en avant l’aspect positif de cet impact.

« Quand, indique-t-il, on développe ce genre de projet, il y a toujours un impact positif au niveau de la communauté notamment en termes de création d’emplois. En ce moment, nous employons 247 sénégalais sur une population totale de 600 et quelque, soit plus du tiers des travailleurs. Et ça, c’est pour la construction ».

À l’en croire, il en sera de même quand le parc entrera en phase d’exploitation. Le parc étant un projet innovant, toutes les personnes, assure-t-il, qui vont travailler dans la partie exploitation vont être formées « car c’est de notre bénéfice d’avoir des équipes locales capables d’assurer la maintenance et l’exploitation de nos machines ».

« Notre travail à nous est d’avoir un impact positif dans la communauté et surtout dans la formation », insiste-t-il, avant d’ajouter que Lekela va développer au Sénégal une capacité technique et une expertise qui pourront être exportées.





Plusieurs paysans de la localité ont été obligés de délaisser leurs champs pour faire place à ces gigantesques machines. Pour leur compensation, Lekela a pris sur lui l’engagement « de passer du simple au double », soutient Amadou Sow, Responsable Environnement & Social de l’entreprise.

« Au niveau départemental, l’hectare est compensé à 1.005.000 FCFA, nous avons pris sur nous la responsabilité d’aller à 3 000 000 FCFA. Le pied de manguier est compensé au niveau départemental à 50 000 FCFA, nous avons pris sur nous la responsabilité, pour nous hisser au niveau des normes de la Société financière internationale (SFI), d’aller jusqu’à 118.000 FCFA », détaille-t-il.

De même, pour se conformer à la norme 5 de la SFI portant sur la restauration des moyens de subsistance des communautés, Lekela est en train d’aménager une ferme pilote à l’intention de 14 personnes impactées par le projet. Ces dernières vont y suivre des formations portant sur des techniques d’agriculture moderne.

Toutes ces informations ont été confirmées par le responsable des populations impactées, Abdou Guèye, qui porte beaucoup d’espoir sur la réussite de ce projet pilote afin de pouvoir attirer d’autres bienfaiteurs pour les accompagner dans leurs projets de développement économique et social.

Au-delà de cette compensation financière, le PETN a formé 12 élèves du lycée technique de Thiès qui étaient en alternance en génie électrique au lycée et sur le chantier. Les bénéficiaires de ce partenariat constituent désormais un pool d’emplois pour Lekela et l’ensemble des entreprises actives au Sénégal.

L’entreprise dirigée par Massaer Cissé a également construit une salle informatique au lycée de Taïba Ndiaye. Saluant cette initiative, le proviseur, Cheikh Tidiane Keïta, y voit l’occasion d’amoindrir la fracture numérique, au grand profit de ses élèves et des professeurs.

« Cette salle va nous servir à la fois d’outil de recherche mais également de bibliothèque et de laboratoire virtuel », s’est-il enthousiasmé, avant de rappeler, entre autres appuis de l’entreprise au lycée, l’érection d’un mur de clôture de 2m pour parer contre les vols de matériels pédagogiques.

Autre bonne nouvelle annoncée par Massaer Cissé : la salle informatique du lycée de Taïba Ndiaye aura le débit internet du parc éolien, soit la plus grande vitesse de connexion internet au Sénégal.

Plusieurs autres investissements allant du reboisement à la construction de routes ont été également effectués par l’exploitant du PETN afin de permettre aux populations, essentiellement rurales, d’acheminer leurs productions agricoles vers les marchés.


ARD/cat/APA
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