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Entretien : Cissé Lô sort le bazooka
Publié le jeudi 12 decembre 2019  |  actunet.sn
Cérémonie
© aDakar.com par DF
Cérémonie officielle de 122e édition du Magal de Touba
Touba, le 21 novembre 2016 - La Cérémonie officielle de la 122e édition du Magal de Touba s`est déroulée en présence du Khalife général des Mourides. Le gouvernement était représenté par le ministre de l`Intérieur. Le corps diplomatique était également fortement représenté. Photo: Moustapha Cissé Lô, président du Parlement de la CEDEAO
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Premier vice-président à l’Assemblée nationale et président du Parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), Moustapha Cissé Lô défend que les accusations portées contre lui par Yakham Mbaye sont totalement fausses. Tirant à bout portant sur ce dernier, il est également revenu sur l’affaire des intrants agricoles. Non sans revenir sur la campagne arachidière, la Der, la Crei ou encore sa gestion au Parlement de la Cedeao.

M. Yakham Mbaye a porté des accusations contre vous sur les intrants agricoles. Il a donné des chiffres. Est-ce vrai ?

En vérité, il a tenu des propos que je conteste totalement. Je rappelle qu’au moment où nous nous battions pour accéder au pouvoir, il était loin d’appartenir à l’Alliance pour la République (Apr). Il cherche une légitimité qu’il ne peut pas avoir. Je connais Abou Abel Thiam et bien quelques journalistes qui ont très tôt rejoint Macky Sall. Pour moi, il n’est qu’un maître-chanteur qui ne maîtrise pas ce sur quoi il parle ici. Et puis, je ne peux comprendre que des gens aient accusé Aliou Sall et que Yakham clame que ce dernier est son ami et qu’il le soutient. Alors qu’il ne connaissait rien du dossier, pourtant, il le défendait. Je rappelle également que c’est Macky Sall qui m’avait présenté à Aliou Sall qui je ne connaissais pas alors que j’étais en partance pour Guangzhou (Chine). En son temps, je n’étais plus député à cause du combat aux côtés de Macky Sall. Alors, pour quelqu’un qui a abattu un tel travail jusqu’à la victoire, comment peut-il se lever un beau jour et porter des accusations fausses contre ma personne ? Je dis encore une fois que c’est totalement faux tout ce qu’il eu à dire. Je dispose d’un Gié où travaillent des membres de ma famille. C’est cette organisation qui a même permis mon élection à la Chambre de commerce de Diourbel. Donc, j’ai toujours été présent dans le secteur agricole et surtout dans l’arachide. Pourquoi il ne dit pas combien a-t-on donné à Mohamed Ndiaye Rahma, époux de Mariama Sarr, à Cheikh Bara Guèye, à Aliou Dia ou encore Maodo Dia ? Ont-ils plus de mérite que moi au point d’avoir ce que je ne peux pas avoir ? Là est la question. Yakham Mbaye s’est donc trompé parce qu’il ne sait rien dans le secteur. Il fait des calculs sur des tonnages que je n’ai pas du tout reçus. L’autre chose est que je n’ai jamais produit des listes. Alors, qu’il publie la liste de toutes les personnes concernées, s’il dispose de preuves.

Vous pensez qu’il ne peut pas disposer de preuves ? Il est pourtant responsable à l’Apr et non moins directeur général du quotidien Le Soleil…

À ce propos, il doit traiter les informations d’une autre manière et n’a même pas le droit de s’attaquer librement à l’opposition. Même s’il connaît des personnes qui fument du yamba et fréquentent certains milieux, il n’a pas le droit d’en faire ses choux-gras à cause du poste qu’il occupe et qui est le quotidien national. Alors, comment peut-il s’attaquer à d’honorables personnalités qui travaillent chaque jour pour faire avancer ce pays ? Cela doit cesser.

Qu’est-ce qui se cache réellement dans le secteur de l’arachide ?

Beaucoup d’efforts ont été consentis dans le secteur de l’arachide, contrairement aux années où l’on avait constaté un véritable délaissement. Aujourd’hui, il y a une reconstitution du capital arachidier qui avait d’ailleurs commencé sous le magistère du Président Abdoulaye Wade. Malheureusement, il y a un manque de contrôle dans le circuit de distribution, car, l’on devait normalement savoir qui est producteur avec une capacité financière, et qui ne l’est pas. Certains trouvent tous les moyens pour avoir des intrants pour les revendre. Donc, il faut tout vérifier et contrôler. L’on a également des opérateurs comme moi qui investissent beaucoup d’argent alors qu’ils ne gagnent pas ce que des personnes défendent. Donc, ce gars-là ment comme il respire puisque je n’ai jamais reçu ces cinq mille tonnes dont il parle. Globalement, je n’ai reçu que près de deux mille tonnes réparties entre l’arachide, le niébé et autres intrants. Sans oublier que je suis allé chercher une bonne partie chez d’autres qui évoluent dans le secteur. Je rappelle encore une fois que j’ai mis beaucoup d’argent dans mes différentes activités et j’ai même financé les campagnes de Macky Sall à hauteur de centaines de millions. Donc, je suis légitime. Mon seul problème est que je ne suis pas dans des lobbies et autres groupes de chantage.

À votre avis, la campagne arachidière se déroule-t-elle bien ?

Moi, je pense déjà que le prix fixé n’est pas trop bon. Il faudra bien le réajuster et permettre aux différents acteurs de mieux s’en sortir. Il faut également rappelé que les Chinois sont présents dans plusieurs localités et disposent d’assez de ressources financières. Cette situation peut bel et bien créer des problèmes dans le secteur avec des nationaux qui ne pourront pas suivre la cadence. Nous ne pouvons pas permettre cela, surtout qu’en Chine, vous ne pouvez pas venir et faire comme ce qu’ils font. Il faut bien protéger le secteur de l’arachide en mettant l’accent sur le devenir des véritables acteurs.

Récemment, vous avez parlé de la Délégation à l’entreprenariat rapide (Der) et vous paraissez ne pas être d’accord avec la conduite à tenir pour un programme d’une telle ampleur ?

C’est un très bon programme et hyper ambitieux. J’avais applaudi lors de sa création parce que me disant que l’on va créer beaucoup de jeunes entrepreneurs. Malheureusement, tel n’est pas le cas au vu de la démarche empruntée. À vrai dire, il y a des choix politiques à contester. Je donne un exemple. Je suis président de Chambre de commerce et vice-président à l’Assemblée nationale. Pourtant, au moment de la confection des listes, ils sont partis voir et parler à d’autres personnes qui ne connaissent rien des réalités de Diourbel et qui n’ont créé aucun emploi. Le milliard sorti pour la région de Diourbel, nul ne sait comment il est utilisé. Ce qui n’est pas normal, et c’est le cas dans plusieurs régions. À l’époque, j’avais dénoncé cela auprès d’Amadou Bâ et je demande l’audit des financements de la Der.

Par ailleurs, qu’est-ce qui se passe dans votre formation politique où tout le monde se tire dessus ?

D’emblée, je dis que je suis candidat à la mairie de Dakar et j’irai sous la bannière de l’Alliance pour la République (Apr). Je l’ai déjà dit au Président Macky Sall. Je n’accepterai pas d’être derrière qui que ce soit. Si on adopte cette démarche, je me donnerai les moyens d’être le futur maire de Dakar et je pourrais faire beaucoup de bonnes choses. C’est l’occasion de dire que j’avais trouvé une ambulance pour une localité de l’intérieur du pays. À l’arrivée, elle est bloquée parce que tout simplement, certains disent que je suis un adversaire d’Abdoulaye Diouf Sarr. Maintenant, revenant sur les attaques, ce sont des cadres de notre parti qui poussent des personnes à m’attaquer depuis que j’ai dit que je veux la mairie de Dakar. Je me donnerai tous les moyens pour être le candidat de l’Apr et/ou de Bennoo Bokk Yaakaar. Si, à l’arrivée, le Président Macky Sall décide de soutenir un autre, à cet instant, je saurai prendre mes responsabilités. En tout cas, je crois bien qu’il me soutiendra.

Et à propos de votre gestion au Parlement de la Cedeao ?

Partout où je passe, je milite pour la transparence à tous les niveaux. C’est le cas à la Chambre de commerce de Diourbel, où pour un budget de soixante millions, j’ai pu rendre quarante millions. Au niveau du Parlement de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao), nous avons un budget de dix-sept milliards Cfa pour des programmes et des activités. Il y a même une hausse de près de huit cent millions. À l’exécution de mon budget, il restait au moins cinq milliards Cfa en fin d’exercice. J’ai réduit les charges en regardant de près tout ce qui se fait et se passe. C’est dire que j’ai reçu les félicitations de tout le monde par rapport au travail abattu, surtout dans la gestion des finances. Certains disent même que mon travail est remarquable. Moi, je suis respecté parce que je ne fréquente pas les bars, les milieux interlopes et autres. C’est dire que je suis respecté partout dans la communauté Cedeao à cause du travail que j’ai abattu. Donc, encore une fois, je ne boxe pas dans la même catégorie que certains qui ne sont rien d’autre que des maîtres-chanteurs et qui sont loin de pouvoir être des références en quoi que ce soit.

En dehors de ces questions, maintenez-vous votre position sur la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) ?

Bien sûr que oui ! La Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) est un jury d’exception qui ne doit pas exister dans un État de droit. S’il faut la maintenir, il faudra voir son mode de fonctionnement car, l’on ne peut pas accuser une personne et lui demander d’apporter des preuves. Le renversement de la charge de la preuve est loin de respecter les droits de la personne. Et, puisque nous sommes dans le cadre du dialogue national, il faudra bien que tous les acteurs mettent le dossier sur la table pour discuter. Il serait même judicieux de penser à sa suppression. Quand Abdou Diouf créait cette Cour, il n’y a eu que deux ou trois personnes qui ont été accusées avant d’être libérées. Me Wade ne l’a jamais touchée et c’est Macky Sall qui l’a réactivée. Au bout du compte, il n’y a encore que deux ou trois personnes que sont Tahibou Ndiaye, Aïda Ndiongue et Karim Wade qui ont été concernés. Donc, il faut rectifier le tir. Nous saluons tous l’acte du Président Macky Sall qui a gracié des personnalités politiques comme Karim Wade. Mais, je pense qu’il faudra aller plus loin en lui permettant, lui et Khalifa Sall, de pouvoir redevenir des citoyens de plein exercice et mener leurs activités politiques normalement, participer aux compétitions électorales. Tout cela, pour le bien, la paix et la stabilité du Sénégal. Je pense que c’est nécessaire.
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