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Monsieur le président, votre signature n’a pas la même portée que celle de Ndèye Seck (par Bosse Ndoye)
Publié le dimanche 23 juin 2019  |  walfnet
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© aDakar.com par DR
Coopération: le Président Macky Sall reçu en audience par son homologue ivoirien
Abidjan le 20 Juin 2019. En visite officielle en Côte d`Ivoire pour 72 heures, le Président de la République du Sénégal, SEM. Macky Sall a été reçu en audience par son homologue le Président Alassane Ouattara au Palais de la Présidence.
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» On m’a demandé de signer, j’ai signé. »

Venant d’un chef d’État – celui censé être l’homme le plus renseigné dans un pays -, ces propos (qu’aurait tenus M. Macky Sall[1]) ne peuvent susciter qu’inquiétude et désarroi. Ils sont d’autant plus légers que les responsabilités qui lui sont confiées sont lourdes et la fonction qui lui échoit complexe et difficile à exercer pour quelqu’un qui en est pleinement conscient.

En effet, quand la signature d’un homme peut lier tout un pays ou le libérer de quelque joug, l’enrichir ou le ruiner, y faire naître de l’espoir et de la joie ou entretenir des cauchemars, assombrir des destins, briser des carrières ou les rendre fulgurantes, faire libérer des personnes de prison ou y influencer leur maintien….celle-ci ne doit pas être apposée sur quelque papier que ce soit avec légèreté, ignorance ou inconscience. Car elle n’est plus qu’une simple signature : elle vaut de l’or. Mieux, elle engage des vies. D’autant que, dans notre pays, avec les pouvoirs démesurés du président, la majorité mécanique dont il dispose presque toujours à l’Assemblée nationale et l’esprit de parti obtus, elle on ne trouve pas en face d’elle ni contreseing encore moins de contre-pouvoir pouvant empêcher de rendre exécutoires les décisions qu’elle autorise. Dès lors, elle doit être utilisée avec justesse et justice, précaution et parcimonie.

N’est-ce pas pour une histoire de signature que le Sénégal est englué depuis dans la rocambolesque affaire Aliou Sall-Petrotim-BP qui secoue le pays depuis plusieurs jours et tient en haleine la population qui attend impatiemment son épilogue. Elle semble les figer tant elle occupe si amplement l’actualité et nombre de discussions que tout semble s’arrêter ou graviter autour d’elle.

Une petite signature présidentielle n’aurait-elle pas suffi pour mettre fin à plus de 70 ans d’asservissement monétaire à travers le franc Cfa, comme l’a si bien dit le professeur Nicolas Agbohou ?

Une signature n’a-t-elle pas engagé notre pays sur les chemins ruineux des APE dont quelques-unes des conséquences commencent à être vues et ressenties du fait de la présence contestable et très contestée des nombreux magasins Auchan. N-a-t’elle pas entraîné nombre de marches de protestations de plusieurs concitoyens et les signatures de pétitions dans le pays et dans la diaspora pour manifester leur mécontentement ?

L’acte ayant gracié Amadou Woury Diallo n’a t-il pas été à l’origine de la grève des pharmaciens et des propos malheureux tentant de le justifier ?

Par consequent, la signature du président est la somme de celles de toutes les personnes à la place et au nom desquelles il s’engage, c’est-à-dire de 15 millions de signatures. Aussi, à moins de servir de contre-feu permettant de détourner l’attention et les projecteurs qui sont braqués sur son frère pour les concentrer sur lui, les propos du président sont incompréhensibles sinon dévalorisants et irrespectueux de la fonction.

En définitive, comme Ousmane Sembene qui affirmait dans « Les bouts de bois de Dieu » que : » Quand on sait que la vie et le courage des autres dépendent de votre vie et de votre courage, on n’a plus le droit d’avoir peur », nous disons au président que : quand la « vie » du peuple, sa quiétude, sa prospérité, sa ruine, son courage et son espoir, ses inquiétudes… sont au bout de votre plume, vous n’avez pas le droit d’en user autrement qu’avec respect, raison et conscience. Car votre signature n’a pas la même portée que celle chantée par la diva de Thiès, Ndèye Seck.
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