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Suppression du poste de PM: Un plan Mackyavélique !
Publié le lundi 6 mai 2019  |  Rewmi
Conseil
© aDakar.com par DF
Conseil des ministres décentralisé: Le chef de l`État face à la presse
Dakar, le 20 Juillet 2016 - Le président de la République a fait face à la presse, à l`issue de la réunion décentralisée du Conseil des ministres. La rencontre s`est tenue à la Mairie de Pikine. Photo: Macky Sall, président de la République
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La loi sur la suppression du poste de Premier ministre a été votée hier à l’Assemblée par 124 députés.

Désormais, Macky est seul aux commandes. Il pense ainsi mettre fin ‘’aux goulots d’étranglement’’ qui, selon la version officielle, constituait un frein à la rapidité de l’action publique.

Dans les prochains jours, lorsque la loi sera promulguée et publiée au Journal officiel, il va entrer en vigueur et il n’y aura plus de PM au Sénégal. Du moins jusqu’à nouvel ordre.

Toutefois, je ne crois nullement aux raisons officielles avancées. Je ne peux pas croire que la fonction du Pm où l’homme qui l’a incarné tout récemment, ait constitué un quelconque blocage à l’efficacité de l’action. De facto, le Président de la République avait accès à tout, pouvait directement s’adresser à tout le monde et n’était pas obligé de mettre des gants ou de passer par un intermédiaire.

Sous Abdoulaye Wade, on a vu un Directeur général insulter publiquement un Premier ministre parce qu’il avait l’onction du Président. Et pour le ‘’sanctionner’’, on l’a nommé Ministre.

En fait, tout pour dire, que c’était ‘’nous dans nous’’ et que les goulots d’étranglement n’existaient pratiquement pas. Certaines lenteurs étaient dues, en grande partie, à des procédures à respecter et qui s’imposent aux Ministres et à l’administration. Et ces procédures existent toujours.

Ce qui se passe, c’est que le Président nourrit des desseins inavoués selon un agenda caché dont les contours seront connus dans les prochaines années.

A regarder de près cette loi, nous nous apercevons qu’un scénario à la congolaise (Rdc) a été mis en place, découlant des nouvelles dispositions votées hier.

En effet, si le calendrier républicain est respecté, les députés qui seront élus en 2022 seront en exercice jusqu’en 2027. Or, le Président de la République n’a plus le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale. Partant, puisque Macky ne sera plus candidat, le nouveau Président qui se sera élu devra forcément composer avec une majorité de députés de Benno Bokk Yakaar qui auront encore trois ans devant eux.

Exactement comme en RDC ou l’ancien Président Kabila a pris les soins de contrôler l’Assemblée et le Sénat ce qui lui permet, indirectement, d’être encore au pouvoir.

Comme quoi, Macky qui pourrait échapper à une cohabition en 2022, est en train de l’imposer à son successeur. Ce dernier ne pourra pas gouverner s’il n’a pas la bénédiction de la majorité au Parlement.

Cette conséquence de la suppression du poste de PM ne pouvait pas ne pas être bien calculée.

En 2000 par exemple, pour gouverner, il a fallu que le Pape du Sopi, Abdoulaye Wade, dissolve l’Assemblée nationale. Eh bien, c’est cette possibilité que Macky enlève au futur Président, du moins jusqu’en 2027.

Bien sûr, on me peut dire qu’une réforme constitutionnelle pourra intervenir, mais celle-ci ne saurait venir que du Parlement qui, comme on le sait, sera hostile si jamais Bby perdait la présidentielle.

C’est dire qu’il n’y aura rien à faire.

Un plan mackyavélique qui met le Président et ses proches à l’abri, même si c’est un allié qui est élu, car ce dernier peut, chemin faisant, vouloir asseoir les conditions de son autonomie. On a vu dans l’histoire des successeurs dociles au début et hostiles par la suite.

Donc, Macky, en parlant de reporter les législatives en 2024, poussait l’opinion à exiger le respect du calendrier républicain. Ce qui, en réalité, l’arrange fortement.

A partir de 2024, il n’aura pas besoin d’être là, physquement. Comme Kabila, rien ne pourra se faire sans lui. Il va tenir en respect son successeur.

Assane Samb
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