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Entretien avec Boubacar Camara (président du mouvement JNS) ‘’Macky va s’imposer, tant qu’il n’y pas de combat, il ne reculera pas’’
Publié le mardi 29 janvier 2019  |  Enquête Plus
Boubacar
© Autre presse par DR
Boubacar CAMARA
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Le président du mouvement « Jengu- Ngir Jëriñ Senegaal » a accordé une interview à EnQuête et deux autres organes de presse. Le candidat recalé de la coalition Fippu se prononce sur la tension préélectorale et pointe le Président Macky Sall comme seul responsable. Il se prononce aussi sur sa future alliance et la stratégie de l’opposition, entre autres sujets d’actualité.



Quel commentaire faites-vous de l’arrestation des jeunes de l’opposition ?

Il y a une série d’arrestations constatées, depuis quelques jours, de jeunes militants de l’opposition dans des quartiers différents. C’est des arrestations arbitraires, parce qu’il s’agit souvent d’arrestations préventives, lors des veilles des évènements d’inauguration comme une mosquée. Craignant des troubles, ils sont allés les voir en dehors des heures légales pour les arrêter. C’est une offensive qui est faite avec des milices pour un peu freiner l’ardeur de ses jeunes qui n’ont fait que protester contre la forfaiture organisée par le régime et qui a été révélée par les résultats du parrainage.

Vous condamnez ces arrestations, mais est-ce que vous avez une idée de ce dont on leur reproche ?

Oui, on s’est beaucoup intéressé sur les faits qu’on leur reproche. C’est des dossiers tout à fait vides où on impute à des jeunes toutes les violences qui ont été constatées. Ils prennent au hasard des jeunes pour leur imputer des violences, en les accusant d’avoir saboté des meetings. Sans aucune corrélation, c’est des dossiers que nous avons regardés et je pense que cela montre tout simplement que le régime de Macky Sall, après avoir organisé la forfaiture, a décidé de recourir à la violence. Un ministre de la république a ouvertement dit qu’il avait préparé des milices dans ce sens-là et il n’a même pas été convoqué par le Procureur. Voilà un peu la responsabilité exclusive de ces violences. C’est le régime de Macky Sall.

Que sera l’assistance de leaders de l’opposition pour ces jeunes qui ont été mis aux arrêts ?

Nous soutenons tous les Sénégalais qui mènent le combat démocratique. Une chose qui est en phase avec ce que nous défendons. C’est une position de principe. Dans le cadre du Front de résistance national, il y a une commission sociale qui a pour mission d’examiner les cas et de les défendre. Tous les cas seront défendus, car nous sommes convaincus que c’est une provocation. L’objectif du régime est d’essayer de faire endosser cette violence à l’opposition. Cela, nous ne l’accepterons pas. C’est clair et net. Nous sommes contre cette forfaiture.

Nous savons qu’il y aura un forcing du pouvoir pour arriver à un résultat, le 24 février déclaré à 20 heures qu’il est élu au premier tour. Ils font tout pour ça. Nous aussi, nous faisons tout pour que cela n’arrive pas. C’est une bataille qui a commencée. Celui qui veut arrêter cette violence doit parler à Macky Sall et ses partisans. Sinon, ce sera l’escalade. On va entrer dans un cercle vicieux que personne ne souhaite. Nous ne demandons à personne de s’adonner à la violence, mais lorsque la population est dos au mur, elle se révolte. Lorsque vous empêcher aux militants de parler à leurs responsables qui sont venus les voir à Grand-Yoff, c’est vous qui les provoquez. Il ne faut pas qu’ils renversent les rôles. Il faut arrêter l’intoxication et les agressions. Nous, on ne se laisse pas faire.

Peut-on s’attendre au pire ?

Pour moi, le Sénégal ne mérite pas ça. Il y a eu énormément d’efforts pour avoir un système démocratique. On a eu deux alternances sans anicroches, sans contestation. On pouvait imaginer que le pays a dépassé l’ère des contestations. Beaucoup pensaient qu’on ne pouvait plus tricher. Mais, à partir de 2012, plus précisément après le référendum, le Président Macky Sall a commencé à remettre en cause ce dispositif, en prenant 4 mesures. Il s’agit de la fusion des cartes, une occasion de faire fusion, confusion, transfert d’électeurs, blocage de cartes, redistribution de la carte électorale. Deuxième mesure, un fichier manipulé et donné au Conseil constitutionnel pour éliminer des candidats techniquement, sans vérifier même les signatures.

Troisième mesure, il a ramené le ministre de l’Intérieur qui a été out. Il a persisté alors que c’était une personnalité neutre qui organisait les élections. Quatrième mesure, il a amené le parrainage de façon unilatérale et sans consensus. Voilà les 4 mesures qui nous ont fait revenir à la case de départ, c’est-à-dire au moment des grandes contestations électorales. Donc, on craint le pire, car aucun démocrate n’acceptera que tout le travail qui a été mené soit changé par un seul homme qui pense que le pouvoir lui appartient, qui veut jouer sur sa majorité mécanique. Tant qu’il n’y pas de combat, il ne reculera pas. Il va s’imposer, parce qu’il tient à avoir son deuxième mandat. Il faut que cela soit clair. Voilà la réalité. Il y a une crainte, car la lutte pour la démocratie ne va s’arrêter et lui aussi, il ne va reculer, tant que le combat ne va pas atteindre un certain niveau. Mais le responsable, c’est Macky Sall qui a touché un système pour passer au premier tour et personne ne l’acceptera pas.

Est-ce une façon de dire que vous êtes dans une logique de boycotter le présidentiel ?

Non dut tout, mais dans une logique d’une élection libre et transparente. Toutes les conditions ne sont pas réunies, parce que le dispositif a été touché par le président sortant. Nous allons nous battre et fonction du combat, on verra. S’il veut la paix, la balle est dans son camp. Nous voulons aussi cette paix, mais cela ne signifiera pas le laisser faire. C’est aussi simple que ça. Le combat est en train de se mener sur tous les plans. La crise s’est installée au Sénégal. Il ne faut pas fermer les yeux. C’est le résultat d’une fraude électorale organisée par Macky Sall. C’est cela la réalité. Cette crise a été réalisée par les résultats du parrainage. On a instrumentalisé la justice pour éliminer des candidats. Donc, c’est une conjonction de colère qui entraine des inquiétudes. Il appartient au Président de la république, s’il croit encore que c’est son rôle, d’atténuer les colères et de dissiper les inquiétudes. C’est sa responsabilité personnelle. Il est élu et on lui a donné les moyens. Toute autre chose ne sera considérée que de la politique de l’autruche. Un jour cela va exploser et on va dire que ‘’khamoon na ko’’ (nous le savions).

A ce stade où l’Etat, comme l’opposition, campe sur sa position, ne risque-t-on pas d’aller directement vers une confrontation ?

Ce n’est pas l’Etat, c’est une personne. La population risque d’en subir les conséquences. Les populations, on leur a promis tellement de choses, mais elles deviennent chaque jour plus pauvres. Elle a des problèmes dans les secteurs de la santé, l’éducation, la sécurité, l’emploi. Elle en a marre. On a vu comment les richesses de ce pays sont prises en charge, comment les préoccupations de ces populations ont été foulées au sol. Elle est dos au mur. Elle se dit qu’on nous ment et on nous vole. L’actuel régime, comme les précédents, chacun a sa part dans cette situation. Mais aujourd’hui, les populations, de façon constante, sont les premières victimes. Elles ne vont pas se laisser faire, car c’est une répétition de l’histoire. A chaque fois qu’elle est dos au mesure, elle se mobilise et personne ne peut savoir quand est-ce qu’il y aura un déclic. Maintenant, il faut arrêter la spirale. La seule personne, c’est Macky Sall, sinon on peut trouver 7 sages dans ce pays qui peuvent lui parler autour d’une table

On a un conseil constitutionnel ?

Je parle de 7 sages. Il nous les faut et qui doivent être dénichés. Ils seront des gens qui ont fait leurs preuves, une probité.

Vous mettez en cause l’intégrité des 7 sages ?

J’ai dit qu’il nous faut 7 sages pour apaiser la situation. Cherchons-les. Il y en a même.

Ceux qui sont au conseil constitutionnel ?

Nous avons besoin de 7 sages.

Justement votre coalition a été recalé par ce conseil constitutionnel. Vous allez vous rangez derrière quel candidat ?

On s’est rendu compte que le système du parrainage a été conçu par le pouvoir pour éliminer des candidats. Nous avons collecté 120 000 parrains et nous avons déposé la moitié. Le système du contrôle est contraire la Constitution. Ils ont fait un contrôle technique de listes manipulé (…). Nous avons toutes les preuves de la manipulation du Conseil constitutionnel. S’ils ont accepté cela, c’est parce qu’il y a une complicité avec le pouvoir. Nous ne mâchons pas nos mots. La question n’est pas de savoir qui on va soutenir, parce que quel que soit le candidat qui va à l’élection dans les conditions organisées par Macky Sall, il va organiser sa propre défaite et cautionner ce qu’il est en train de faire. Le combat, c’est de tout faire pour avoir un système électoral fréquentable. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

Vous appelez au boycott ?

Du tout, car c’est cela son objectif. Si c’est le cas, il va gagner tranquillement, pour par la suite nous appeler et nous parler de dialogue.

Vous proposez quoi ?

On se bat pour qu’il y ait un bon système.

En quoi faisant ?

Nous sommes en train d’inciter les populations de prendre leurs cartes. Le moment venu, nous soutiendrons un candidat, en fonction de nos positions politiques, programmes et l’avenir de notre pays.

Surement ce sera tout sauf Macky Sall ?

Il ne sera pas question de le soutenir. Nous sommes en politique. Nous on dit : jamais. Car, nous ne se serons pas derrière lui. On a quitté des fonctions, car nous croyons à une chose. On a tout laissé, des positions confortables au plus haut niveau, pour aller dans l’opposition. Vous savez très bien que nous ne jouons pas. C’était plus facile de rejoindre le pouvoir. La carrière politique de Macky est terminée, il n’est pas notre référence.

Parlons de la transparence, l’Etat a manifesté sa volonté de promouvoir sa transparence dans l’utilisation des fonds budgétaires. Vous en pensez quoi, en tant qu’ancien directeur de la douane sénégalaise ?

Nous sommes en 2019, sept ans après l’arrivée au pouvoir de Macky Sall, qui avait dit qu’il allait faire une gouvernance sobre et vertueuse. Depuis, il n’y a eu que des scandales qui n’ont jamais été élucidés. Cela veut dire que le gouvernement de Macky Sall ne doit même plus utiliser le mot transparence. C’est des phrases. Vous avez vu le nombre de dossiers qu’il y a eu et qui ne sont pas élucidés ? Vous avez vu comment la famille du Président de la République a été impliquée dans des scandales ? En 2019, on nous parle de transparence. Mais, de qui se moque-t-on ? Vous avez vu tous ses dirigeants qui ont été épinglés par des rapports et qui sont protégés ? Les gens pris la main dans le sac et qui ont rejoint le régime ? Avec tout ça, on parle de transparence encore. Soyons sérieux. Il y a deux mots que l’actuel régime doit arrêter d’utiliser : c’est la transparence et le respect de la parole donnée. L’on se rappelle de tout ce qui s’est passé, avec la durée de mandat. Ils sont disqualifiés pour parler de transparence.

Quels sont ses dossiers dont vous faites allusion ?

Vous pouvez comprendre qu’un bloc pétrolier soit attribué à quelqu’un qui est associé au frère du Président qui le reconnait, pour après dire qu’il est sorti du dossier pour aller travailler ailleurs en Afrique, quand il y a eu la clameur publique ? Vous pouvez comprendre cela ? Ce seul dossier suffit largement. C’est grave.

PAR CHEIKH THIAM
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