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Amsatou Sow Sidibé: « Si le pays brûle… »
Publié le lundi 21 janvier 2019  |  Rewmi
Conférence-débat
© aDakar.com par DF
Conférence-débat sur "le traitement des droits de l’homme par les médias en Afrique"
Dakar, le 23 juin 2016 - Une importante conférence-débat sur "le traitement des droits de l’homme par les médias en Afrique" a été organisée, à l`Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad). Photo: Pr Amsatou Sow Sidibé, militante des droits de l`Homme
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Le professeur Amsatou Sow Sidibé, candidate recalée à l’étape des parrainages, néanmoins présidente du parti « Car Leneen », a été l’invitée du Grand Oral. Sur les ondes de la 97.5 Rewmi FM, elle est revenue sur la décision du Conseil constitutionnel, l’organisation des prochaines élections présidentielles, entre autres sujets d’actualités. Morceaux choisis.

Publication de la liste définitive des candidats à l’élection présidentielle

Avec tout ce qui est en train de se passer, avec tout ce qu’il y’a comme impondérable, on s’attend à tout mais également à rien. Vous savez personnellement que j’ai introduit un recours en régularisation, mais je n’ai pas eu de réponse. Régularisation parce que pour le parrainage, j’ai déposé 15 cartons de parrains, de signatures. 14 pour les différentes régions et 1 carton pour la diaspora. En sus de cela, j’ai remis une clé USB. On a fait savoir à mon représentant que c’est une clé qui ne pouvait pas être exploitée. Pourtant les cartons sont là. J’ai remis une autre et pas de suite. Ils ont donné des raisons relatives à la caution, au certificat de nationalité,… Mais, je ne dois pas déposer de caution parce que quand on nous a demandé de déposer les parrainages, c’était pour voir qui pouvait être candidat à la candidature. C’était une première étape et j’ai vu d’ailleurs que ces dernières réformes ont été impensées. Parce qu’on ne peut pas demander à quelqu’un qui n’est pas encore candidat de déposer une caution. C’est une autre aberration du code électoral. Ou bien on vous dit que vous êtes candidat, vous déposez une caution, ou on dit qu’on va voir si vous êtes en mesure d’être candidat, si vous passez cette étape, vous déposez une caution. Sur le certificat de nationalité, là aussi, c’est une déficience, une défaillance du système sénégalais. Le Sénégal ne marche pas. Les institutions ne marchent pas. La preuve, le syndicat de la justice est en grève depuis longtemps. Quand j’ai eu besoin d’un certificat de nationalité pour mon dossier, je suis allé au tribunal pour me faire faire un certificat de nationalité et j’ai déposé l’extrait de naissance de mon père. En établissant le certificat de nationalité, il y a eu une erreur. A la place du nom de ma mère, ils ont mis le nom de la mère de mon père, c’est-à-dire ma grand-mère paternelle. Quand je suis partie pour corriger ledit certificat, je n’ai pas eu de réponse parce que le syndicat de la justice était toujours en grève.

Pensez-vous donc que votre dossier a été saboté ?

J’ai remis une autre clé avec 60.000 signatures et ça n’a pas été exploité. On ignore que tout cela est le fruit de 4 mois de travail, de dur labeur sous la poussière, les déplacements,… Il y a un minimum de respect qu’on doit avoir vis-à-vis des candidats à la candidature. Il y a eu un sabotage de la part du Conseil constitutionnel. Même ma signature n’a pas été validée. Sur la publication de la liste définitive, ils vont faire ce qu’ils veulent. Parce que quand vous détenez la force, parce que c’est un pouvoir le pouvoir judiciaire, et qu’on joue avec cette force, ce sont les droits du citoyen qui sont tout simplement bafoués. Je suis une citoyenne qui connaît effectivement ses droits et qui exige la mise en œuvre de ses droits. Quand il n’y a pas de réponse positive, c’est que l’institution qui devait protéger les droits n’a pas joué son rôle. Par ailleurs, pour le parrainage, le Président de la République qui est face au peuple lui-même ne maîtrisait pas ça. Le Conseil constitutionnel encore moins parce que c’est une mauvaise loi inapplicable. Personne ne pouvait comprendre le système du parrainage, y compris ceux à qui la Constitution confie la mission d’appliquer les règles de droit. Le Conseil constitutionnel lui-même ne sait pas ce que c’est le parrainage. C’est pour cela que nous avons le sentiment que le Conseil constitutionnel a saboté les choses. Le parrainage est une catastrophe.

Que vous inspire la liste provisoire qui a été publiée par le Conseil constitutionnel ?

Ce que m’inspire cette liste, c’est qu’il y a eu une orchestration de tout ça. Ça été prévu. Le pouvoir actuel a fixé une barre à cinq candidats. Le Premier ministre l’a annoncé en disant qu’on aura 5 candidats. L’idée c’était ça. Le ministre de la justice est venu lui emboiter le pas en parlant de 5 candidats. Donc, le pouvoir a été un tailleur qui a taillé de façon juste les choses. Il y a eu une orchestration qui constitue un recul démocratique grave. Tous les Chefs d’Etat qui sont succédé avant l’actuel se sont battus pour que la démocratie soit une réalité, qu’elle soit au moins une perspective. Mais l’actuel Chef d’Etat a tout brisé, il a tout cassé. Avec lui, la démocratie est un recul très net et nous le regrettons. Et puis, c’est une liste sans saveur, fade, il n’y a même pas de femme. C’est un recul malheureux parce que depuis plus d’un siècle, on s’est battu pour le leadership féminin. Avec l’actuel régime, on sent que le leadership féminin n’a pas sa raison d’être. Il n’y a eu aucune sensibilité de la part du régime actuel et c’est un scandale. On ne peut pas avoir un pays équilibré, on ne peut pas avoir l’émergence ou le développement si les femmes ne sont pas au plus haut niveau de la prise de décision. Au moins qu’on leur permette de se présenter et d’espérer un jour d’occuper les places qui leur permettent d’être efficaces pour la société.

Des violences ont été aussi notées dernièrement. Quel message lancez-vous aux jeunes ?

Le premier message, je l’adresse au Chef de l’Etat. Il y a de cela plusieurs semaines, j’avais lancé une alerte en lui disant Monsieur le Président de la République, réveillez-vous, l’heure est grave. Je le lui ai dit parce que je savais qu’on ne peut pas violer de la sorte les règles du jeu et ne peut être à la base d’une instabilité. Nous savons qu’en Afrique à chaque fois qu’il y a des conflits graves, l’origine ce sont les élections. Ce qui se passe est une suite logique de ce qui s’est passé. Et quand nous parlons, ce n’est pas pour nous seulement, c’est pour le peuple aussi. Maintenant ce qu’il faut faire, c’est suspendre un moment ce processus qui est vicié à la base, revoir les règles du jeu avant d’aller à une élection présidentielle. Ce n’est pas possible d’organiser des élections présidentielles dans un mois. Il faut suspendre les choses pendant un temps qui n’est pas trop long pour réorganiser les choses. Que les cœurs et les esprits se calment avant d’aller aux élections. Il ne faut pas qu’on livre le Sénégal à la vindicte. Nous ne voulons pas que le Sénégal brûle, donc nous demandons au Président de la République de réagir très vite et de ne pas avoir simplement à l’esprit être réélu. Ce n’est pas ça le problème. Nous lui demandons de se raviser. Le Président doit être à l’écoute de son peuple. Par ailleurs, nous demandons au Conseil constitutionnel de prendre ses responsabilités. Si le pays brûle, le Conseil constitutionnel aura été le bras armé de ce qui se sera passé. En tant que juridiction suprême composée de sages, elle doit prendre une décision sage pour que le pays ne brûle pas.

Cheikh Moussa SARR
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