Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Entrevue avec la presse: Macky se confronte à ses tabous
Publié le jeudi 3 janvier 2019  |  Enquête Plus
Le
© Présidence par DR
Le président de la République interrogé par un panel de journalistes sénégalais
Comment


Surplus financier sur le Ter, retrait de l’organisation de la présidentielle à Aly Ngouille Ndiaye, ‘‘ingérence’’ d’Aliou Sall dans le giron présidentiel ont été trois sujets sur lesquels Macky Sall s’est prononcé en public, pour la première fois.

En début décembre, le 11, c’est un ‘‘Joyeux anniversaire M. Président’’ qui ouvrait l’agenda médiatique de Macky Sall. En fin décembre, le 31, à 23 h 59, c’est ce même président qui s’est arrangé pour présenter lui-même ses souhaits au peuple sénégalais. Avec ces deux grandes entrevues avec la presse sénégalaise en moins d’un mois, c’était décidément le Père Noël déguisé en Macky Sall pour les médias locaux. Ils se sont naturellement réjouis de l’intérêt du palais dont l'électrocardiogramme habituellement plat n’enregistre des pics qu’a l'occasion de visites de chefs d'Etat étrangers pour des conférences de presse aseptisées, étriquées qu’elles en perdent tout intérêt.

Papa Noël Macky a organisé, lundi, une entrevue avec plusieurs médias sénégalais, après son allocution de fin d’année. Fortement badigeonné d’une bonne couche de coup de com’, très perceptible au demeurant, l’avantage éditorial est que l’opinion l’aura entendu se prononcer, en sa qualité ès chef d’Etat, sur des sujets sur lesquels il s’est imposé jusque-là un silence total. Comme le déni sur l’endettement longtemps rejeté et finalement reconnu, les surplus financiers sur le montant initial de 568 milliards de francs Cfa du Train express régional (Ter) revu à la hausse par Macky Sall.

D’après les nouveaux chiffres que le président Sall a révélés, cet ouvrage a coûté, jusqu’ici, la somme de 656 milliards de francs Cfa répartie comme suit : 568 milliards d’option ferme après l’appel d’offres international et 88 milliards de plus suite à un avenant (dont 50 milliards d’indemnités aux impactés). La faute à des ajustements qui ont été faits, après des constats sur le terrain. ‘‘Pour la première option, tranche ferme Dakar-Diamniadio, 37-38 km, le Ter est d’un montant de 568 milliards. L’entreprise chargée du premier lot (pose des rails, plateforme) a fait remarquer que c’était 17 km au lieu des 7 km qui étaient mentionnés dans notre appel d’offres. Ce qui est dû à la mauvaise nature argileuse du sol’’, a-t-il expliqué. Ajouté à cela, le paiement des impenses aux impactés, initialement fixé à 15 milliards, a aujourd’hui atteint 50 milliards payés à des Sénégalais entre Dakar, Pikine, Rufisque et Bargny et ont porté l’avenant à 88 milliards de francs Cfa. A ce nouveau montant officiel de 656 milliards donc, il va falloir ajouter le surplus de la tranche conditionnelle (Diamniadio-Aibd, 19 km) qui n’a pas été soumis à un appel d’offres. Macky Sall donne l’assurance qu’elle ne sera pas aussi coûteuse que la première, car il n’y a pas d’habitations.

Mis en difficulté sur cette question par le député de l'opposition Ousmane Sonko, qui avance que le projet coûte trois fois plus que les sommes annoncées (1 200 milliards), le chef d'Etat assure qu’il n’en est rien. Dans trois semaines, le Ter va être inauguré, mais un autre cacique du gouvernement a dû concéder, entre les lignes, lundi dernier sur le plateau de la Tfm, que malgré la réception officielle de l’ouvrage, son fonctionnement et sa fonctionnalité ne sont pas à l'ordre du jour.

Retrait organisation élection, ministre de l’Intérieur apolitique : ‘‘C’est une hérésie’’

Que l’opposition se le tienne pour dit. Macky Sall ne va pas faire plus que ses prédécesseurs Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, qui ont concédé certaines ‘‘largesses’’ pour détendre l’atmosphère préélectorale (création Onel 1998, nomination du général Lamine Cissé à l’Intérieur) et en 2011 (récusation du ministre Ousmane Ngom). ‘‘Douma ko def ! (Je ne le ferai pas, Ndlr)’’, a-t-il répondu à l’interpellation du journaliste Cheikh Yérim Seck sur la possibilité d’envisager l’éventualité de retirer l’organisation de la présidentielle au ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, membre actif et influent de l’Apr. Pour rendre les choses plus claires, le futur président sortant a articulé son refus trois fois. ‘‘Je ne suis pas là pour satisfaire le désir de quelques individus. Tant que nous respecterons les lois et règlements, c’est cette option que je prendrai. La loi est dure, mais c’est la loi. Le ministre de l’Intérieur ne peut rien faire pour son président, si les Sénégalais décident de ne pas voter pour. C’est un faux-débat’’, a prévenu Macky Sall.

L’opposition, qui a fait du départ d’Aly Ngouille Ndiaye son cheval de bataille, va devoir se résigner à le supporter comme organisateur des élections. Ou mettre davantage la pression, si elle veut voir ce ministre dessaisi de la présidentielle. Le président de la République, président de l'Apr et candidat (sortant) de la coalition Bby, est tout de même resté sur le précédent des ministres-partisans qui ont organisé et perdu quand même. ‘‘Ce débat n’a pas de sens. Le ministre de l’Intérieur fait partie du gouvernement. La fiabilité du système électoral sénégalais est telle que nous avons perdu des localités très importantes de ce pays, aux locales de 2014 (...) J’ai toujours combattu ceux qui disent que le ministre de l’Intérieur ne peut pas être membre d’un parti. C’est une hérésie’’, avance-t-il.

Même si Macky Sall a nié avec véhémence, en tant qu’opposant, avoir demandé la récusation, en 2011, du ministre de l’Intérieur de l’époque, Ousmane Ngom (Ndlr : il a bel et bien demandé les départs de Ngom et du ministre de la Justice Ch. Tidiane Sy), l'opposition de l'époque était parvenue à faire infléchir Wade qui nomma Cheikh Guèye. Macky Sall demande à son opposition de se fier au destin et à la décision des Sénégalais. ‘‘Je suis démocrate et je suis dans ma conviction que si les Sénégalais sont insatisfaits de mon travail, ils ne m’éliront pas. Aussi simple que ça’’.

Aliou Sall, le bien-aimé frère

Gestion patrimoniale avec la nomination de son frère Aliou Sall, à la direction de la Caisse des dépôts et consignation (Cdc) ? Macky a été obligé de faire face aux questionnements qu’a impliqués cette décision où il semble adorer ce qu’il avait naguère brûlé. Le président avait pris l’engagement de ne pas impliquer les membres de sa famille dans sa gouvernance, suivant le traumatisme ‘‘wadien’’ en 2011, d’une tentative (supposée ou réelle) de dévolution monarchique du pouvoir. Il s’en explique : ‘‘Dès le départ, je ne voulais pas (Aliou Sall) qu’il soit dans mon entourage.

Je lui ai clairement signifié que je ne voulais pas qu’il ait un poste administratif, bien qu’il fût haut fonctionnaire avant mon accession au pouvoir. De là, il s’est trouvé un travail dans le secteur privé, dans l’industrie pétrolière ultérieure aux découvertes de gisements au Sénégal. Là aussi, on a dit que c’est moi qui ai donné à mon frère les titres, alors que son employeur détenait son permis du régime précédent. Là également, je lui ai demandé de démissionner. Sa base, quoique frustrée, l’a élu député. Là aussi, on m’a accusé de vouloir en faire le président de l’Assemblée nationale et je lui ai demandé, encore une fois, de laisser tomber.’’

A partir de là, Macky Sall estime avoir demandé assez de sacrifices à son frère et, par pragmatisme électoral, a décidé de le ‘‘caser’’, pour ne pas subir de contrecoups politiques. ‘‘Vais-je continuer de la sacrifier au prétexte que c’est mon frère et risquer de perdre Guédiawaye ? Alors, suivant ses compétences et son assise politique, je l’ai mis à un poste qui correspond à son mérite. C’est là que je lui ai confié la Direction générale de la Cdc et je surveille son travail’’, prévient Macky Sall.
Commentaires