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Art et Culture

Nouvel album Coumba Gawlo Seck: ‘’Terrou Waar’’ au cœur
Publié le lundi 17 decembre 2018  |  Enquête Plus
Coumba
© aDakar.com par DG
Coumba Gawlo passe en revue les questions de l`heure
Dakar, le 21 mars 2018 - La chanteuse sénégalaise Coumba Gawlo Seck s`est entretenue avec des journalistes sur la situation nationale. Elle a évoqué plusieurs questions relatives à l`actualité.
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Au moment où beaucoup de chanteurs sénégalais semblent plus intéressés par les influences extérieures dont l’afrobeat, Coumba Gawlo Seck se plonge dans le patrimoine musical local. ‘’Terrou Waar’’, titre de son nouvel album, est un condensé des rythmes traditionnels et ethniques sénégalais.

A plus de 40 ans, Coumba Gawlo Seck reste sublime. Belle, chic, toute pimpante, elle reste l’ingénieuse artiste qui, il y a plus d’une vingtaine d’années, apportait de l’énergie nouvelle au monde de la musique. Son nouvel album, sorti il y a une dizaine de jours, ‘’Terrou Waar’’, le prouve bien. Ce nom, en le prononçant, rappelle un nom bien français ‘’Terroir’’.

‘’Les colons s’inspiraient beaucoup de nos langues pour créer des mots. Il y a beaucoup de similitudes entre certains mots wolof et français. Et ‘’Terrou Waar’’, c’est un retour aux sources, aux origines, aux racines, à ce qui constitue notre culture’’, explique la Diva à la Voix d’or. Elle faisait face à la presse au Musée des civilisations noires, jeudi dernier. ‘’La signification de ‘Terrou Waar’ est extraordinaire. Au Sénégal, les gens, pour dire qu’ils travaillent, vous disent ’Damay door waar’. Donc, il y a tout cela dans cet album’’, fait-elle savoir.

Ainsi, cet album de 12 titres est une belle balade à travers le Sénégal. Du sud au nord du pays, en passant par le centre et le Sénégal oriental, la patronne du label Sabaar plonge ses fans dans le répertoire consacré des Sérères, Bambaras, Diolas, Haalpulaar, etc.

‘’Lors de mes tournées avec les Nations Unies, j’ai découvert de nouvelles sonorités du Sénégal des profondeurs. Je me suis rendu compte, à l’époque, de la richesse de notre folklore national, mais également de ce que je vais appeler la chaleur humaine et qui nous manque dans les capitales’’, indique-t-elle. Mais le plus merveilleux, pour elle - elle est musicienne quand même - étaient ces rythmes qu’elle entendait et ne connaissait pas.

‘’Au-delà de cette chaleur humaine, de cette générosité, de cette passion que j’ai trouvée en personne, il y avait autre chose qui était très intéressant : c’était la musique, leurs chansons, leurs danseurs, leurs rythmes, leurs cultures, etc.’’, avoue-t-elle sur un ton émerveillé. ‘’Je suis une artiste chanteuse, je ne peux rester indifférente à une sonorité quelle qu’elle soit. Je cherchais toujours à savoir d’où venait cette sonorité et quel était son impact, son rythme ou beat’’, ajoute-t-elle toujours enthousiaste.

En outre, reprendre ces musiques était pour elle une manière de rendre hommage à ces Sénégalais-là. Elle contribue à faire connaître au grand public ces mélodies. Elle pense ainsi pouvoir ‘’sortir ces communautés de l’ombre, parce qu’elles sont, en quelque sorte, oubliées. Généralement, nous sommes dans un pays à majorité wolof. La langue majoritairement parlée est celle wolof. Du coup, nous avons tous tendance à oublier les autres langues. Le Sénégal est riche d’un folklore national. Je me réjouis du travail qui a été fait dans cet album. Je suis fière, quand j’ai vu, il y a 3 jours, un twitte de Rfi magnifiant cet album à travers lequel je rends hommage et fait la promotion de notre culture et de notre patrimoine national’’, se réjouit-elle.

Pour les répertoires, elle n’est pas allée chercher loin. Elle a repris des chansons populaires. Chez les Diolas, elle a repris ‘’Rokale’’, le travail en diola. Elle conte la vie paysanne et chante les louanges des agriculteurs, pêcheurs et éleveurs. Coumba Gawlo, accompagnée du talentueux Oussou Ndiol, ‘’Ngoulok’’, a souvent chanté lors des célébrations de mariage chez les Sérères. Chez les Peulhs de Kolda et les Haalpulaar, elle a repris des titres entonnés aux mêmes occasions.

Hymnes au mariage

‘’Diombadio’’ et ‘’Siyo’’ vantent ainsi les valeurs du mariage. Chez les premiers, elle est fredonnée quand la mariée rejoint le domicile conjugal. Le second est à l’honneur de la mariée pure et vertueuse après la nuit nuptiale. ‘’Ces choix catégorisés résultent d’un pur hasard. Dans chaque localité, on avait une série de chansons et on avait même l’embarras du choix, quand on a décidé de réaliser ces chansons. Généralement, celles qui parlent de mariage, de baptême, de circoncision sont toujours des chansons très populaires dans les villages. Parce que c’est les mêmes chansons qui reviennent pour toutes les ethnies, pour toutes les communautés.

C’est cela qui a guidé mes choix’’, a-t-il déclaré. ‘’Khasseniya’’, ‘’Bougna’’ et ‘’Na’’ sont tirés du recueil des peuples du Sénégal oriental. Le dernier est une magnifique berceuse que Coumba Gawlo, de sa superbe voix, a su magnifier. Ce titre est juste ‘’Waouw’’. Même si on ne comprend pas les paroles, en l’écoutant, on en a la chair de poule. Mais ça, c’est avant d’avoir écouté ‘’Tekk Gui’’. Il est en hommage à feu Abdoulaye Bamba Seck, père de la chanteuse.

Cette dernière transmet tous ses sentiments, sa tristesse, sa solitude dans ce titre. Si vous êtes sensible, vous risquez d’y perdre quelques larmes en la découvrant. D’ailleurs, passé lors de la conférence de presse, il a eu le pouvoir de plonger la salle dans l’émoi. L’artiste s’est elle-même laissée aller. ‘’Je dois vous avouer qu’en studio, quand j’ai fini d’interpréter ce morceau, j’ai tout simplement craqué. Au début, j’étais très forte ; avec le recul, quand je l’ai écoutée, j’avoue avoir fondu en larmes à tel point qu’on a dû arrêter la séance, et tout le monde était triste’’, informe-t-elle. Avant de poursuivre : ‘’C’est vrai que c’est difficile pour moi, car mon père a joué un rôle prépondérant dans ma carrière. C’est lui qui m’a façonnée, parce que tout en moi c’est lui, c’est pour ça que je ressens toutes ces émotions. J’essayais d’être forte en interprétant cette chanson, mais je ne chercherai pas à les refouler au fond de moi en interprétant cette chanson. Parce que non seulement c’est un hommage à mon père, mais c’est un hommage aussi à toute personne qui aime son père.’’

L’histoire de ‘’Tekk Gui’’ le silence

Poursuivant ses explications, Coumba Gawlo Seck renseigne que ‘’Tekk Gui’’ le silence, l’est jusque dans la composition musicale. Elle dit : ‘’Le style musical de ‘Tekk Gui’ est légèrement différent de ceux des autres titres de l’album. A la base, c’est une chanson qui ne devait être accompagnée d’aucun instrument, d’aucune musique. Je voulais qu’elle soit à l’image du titre, donc silencieux. J’aime écouter le silence et je pense qu’il faut écouter le silence. C’est après que mon directeur artistique, Abdoulaye Diagne, m’a convaincue d’en mettre pour donner un peu de volume au texte. C’est pour cela qu’il y a du piano et de la flûte. Car, pour moi, la flûte, elle pleure et ‘Tekk Gui’, c’est une chanson qui pleure’’.

Un autre amour qu’elle partage dans cet album de manière plus pondérée, c’est celui qu’elle ressent pour sa terre mère, le Sénégal. Dans ‘’Sunu Sénégal’’, elle appelle à la paix, à l’entente et à la cohésion sociale. Un appel à la citoyenneté et au patriotisme, également.

Cet album est autant riche dans l’écriture des textes que dans la composition musicale. En parfaite professionnelle, Coumba Gawlo Seck a engagé les musiciens qu’il faut pour avoir un album de qualité. Cela lui a coûté cher, mais le résultat le valait bien. Mais cela n’a pas toujours été de tout repos. Elle a fait pendant presque deux ans le tour du Sénégal. Elle en a presque pris autant pour enregistrer l’album. ‘’J’ai appris pendant ces deux ans à parler les différentes langues de la manière la plus fluide.

Mais je suis arrivée à comprendre au moins ce que dit chaque chanson, chaque titre et le contenu de chaque thématique. Pendant l’enregistrement, j’ai fait appel à de vrais professionnels de ces langues qui m’ont aidée à apprendre et à prononcer les mots de chaque langue’’, informe-t-elle. Pour ensuite déclarer : ‘’Je tenais énormément à ça, parce qu’il n’y a rien de pire que de parler la langue d’une personne et l’écorcher. C’est un manque de respect, surtout quand il s’agit d’une langue locale. Il faut savoir s’imposer la rigueur de la parler correctement.’’

Dans cet album, l’artiste va du bambara au diola, en passant par le sérère ou le pulaar. Cela a dû être laborieux. Mais elle y tenait. ‘’Cela m’a pris des heures et des heures pour reprendre chaque mot, chaque phrase. Pour ne pas que les musiciens que j’invitais et qui devaient m’aider dans la prononciation ne soient gênés, j’essayais de les mettre à l’aise. Je leur disais qu’ils étaient les professeurs et moi, l’élève. Cela participait à faciliter la collaboration. Ils m’ont beaucoup aidée, ces artistes. Je me réjouis quand quelqu’un du Mali ou d’ailleurs écoute l’album et me demande après si je suis bambara. Ce résultat, cette netteté, on a pu l’avoir en travaillant dur’’, se félicite Coumba Gawlo Seck.
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