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Un universitaite plaide par l’exemple pour la valorisation des acteurs culturels
Publié le lundi 14 avril 2014   |  Agence de Presse Sénégalaise




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Les artistes sénégalais doivent bénéficier d’un ‘’véritable statut’’ pour valoriser leurs créations, plaide l’universitaire sénégalais Omar Guèye dans un livre consacré à l’imitateur Sanoko, un cas d’école sur lequel s’appuie l’auteur pour réclamer une plus grande professionnalisation des milieux culturels, en dressant pour l'exemple une liste importante d’acteurs culturels ‘’morts dans l’anonymat, la déchéance ou la maladie pour la plupart’’.

‘’On ne peut que nourrir des regrets pour Sanokho, par rapport à tout ce que sa production aurait pu générer : personne n’a été plus prolifique et piraté que lui !’’, écrit l’auteur, titulaire d’un MBA en gestion du patrimoine culturel de l’université internationale francophone Léopold Sédar Senghor d’Alexandrie. Son livre de 150 pages publié aux éditions L’Harmattan s’intitule ‘’Sanokho ou le métier du rire’’.

‘’Donc, au-delà du créateur et de son œuvre en général, de l’artiste et de son art en particulier, se dégage la véritable problématique du métier de créateur en rapport avec la société et l’échelle des valeurs. Sanokho a été un modèle certes, mais a surtout montré l’exemple de ce qu’il faut éviter en termes de protection d’une œuvre’’, écrit cet enseignant au départ d’histoire de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar.

‘’En effet, beaucoup d’artistes sont morts dans l’anonymat, la déchéance ou la maladie pour la plupart, tandis que d’autres sont dans l’oubli, tous après avoir connu la notoriété et les honneurs, rappelle l’universitaire, historien de formation. On peut citer de nombreux exemples dans la musique et le théâtre, sans être exhaustif, des pionniers aux plus jeunes générations’’, dont Mada Thiam, Alassane Guèye, Ndiol Niang, Samba Sow, Ngoné Mbaye, Doudou Diop, Sombel Faye.

Il y a aussi Aminata Fall, Laye Mboup, Papa Samba Diop-Mba, Mbaye Fall, Dexter Johnson, Pape Seck, Lalo Kéba Dramé, Soundioulou Cissokho, Diabou Seck, Ndiaga Mbaye, Laba Sosseh, El Hadj Mor Mbaye, Makhourédia Guèye, Douta Seck, Jacqueline Lemoine, Djibril Diop Mambety, Mansour Diouf, Abou Camara, Babou Faye, Cheikh Tidiane Diop, Khoye Dima Kounta.

Omar Guèye évoque également la mémoire de Ibou Laye Mbaye, Mass Seck, Massamba Guèye, Isseu Niang, Marie Augustine Diatta, Alla Seck, Ndongo Lô, et plus récemment Oumar Seck, Mademba Diop, Seydina Insa Wade, Madou Diabaté, Modou Nar Sène et Thierno Ndiaye Doss, entre autres.

‘’La liste n’est pas exhaustive. Tous ces personnages de renom méritent chacun une étude scientifique. Leur dédier, individuellement ou collectivement, une place, un monument, une institution ou simplement une stèle, serait un premier pas vers un hommage à l’ensemble des artistes de toutes générations qui le méritent au titre du service rendu à l’art et à la nation’’, écrit-il.

‘’D’autres, moins connus, avaient évolué ou continuent encore d’évoluer dans l’oubli ou le plus strict anonymat, leurs œuvres oubliées ou piratées sans qu’eux ou leurs ayants droit ne bénéficient de quelconques droits d’auteur ou de royalties’’, signale Omar Guèye.

‘’Sans être exhaustifs, ces quelques cas cités plus haut montent qu’il y a une question de la valorisation de l’artiste par sa création, mais surtout de la nécessité de conférer un véritable statut à la création et au créateur. Des efforts ont été faits ces dernières années, mais beaucoup restent à faire’’, estime M. Guèye.

‘’Il s’agit d’une part de parvenir à la reconnaissance du droit d’auteur, de protéger l’œuvre créée qui est soumise aujourd’hui à une piraterie pratiquée de façon industrielle. Les contentieux résultent surtout du fait que la création n’est pas toujours protégée parce que souvent non déclarée, principalement en raison des contingences culturelles’’, fait-il valoir.

‘’Au-delà de l’œuvre, ajoute l’universitaire, il faudrait peut-être arriver à protéger l’auteur…contre lui-même. En effet, les plaignants sont souvent ceux qui sont à plaindre, pour ne pas avoir pris la précaution de protéger leur œuvre qui pourrait ultérieurement profiter à leurs ayants droit.’’

Selon lui, ‘’(…) l’œuvre de Sanokho peut être considérée comme un objet d’étude pour les problématiques de l’histoire du travail et de la gestion du patrimoine culturel qui nous intéresse, et particulièrement de la propriété intellectuelle et des droits d’auteur dans ce cas précis’’.

‘’En effet, argumente-t-il, nous avons un cas qui illustre bien toutes les difficultés à cerner l’artiste ou le créateur en général et à codifier son rapport vis-à-vis de son travail et de sa société. C’est ce rapport qui détermine en grande partie son évolution et le devenir de son métier en ce que son objet, la création, est à la fois une donnée fluctuante et parfois ingrate’’.

‘’L’interrogation sur le destin souvent tragique des artistes nous amène ainsi à poser la question de leur rapport à leur société et à leur droit à disposer du fruit de leur travail, d’où la question des droits d’auteur ou des droits liés à la création’’, souligne l’auteur.

‘’Si aujourd’hui encore les artistes sont soumis à une certaine précarité, relève-t-il, c’est aussi parce que ces droits ont été pendant longtemps équivoques, puisque le succès artistique et l’appartenance à une communauté où le bien est collectif furent déterminants dans bien des cas.’’

Si l’on en croit Omar Guèye, ‘’(…) il se pose surtout la question de la sauvegarde, de la protection et de la valorisation de l’œuvre des créateurs : l’art n’aura de véritable avenir que quand l’artiste sera protégé, de lui-même d’abord, des prédateurs ensuite.’’

‘’La notion de propriété (y compris intellectuelle) est plutôt collective dans nos sociétés. Ce qui fait que même la notion d’auteur tend à perdre son sens dans cette espèce de pensée collective qui sert de référentiel théorique. Il est donc plus facile dans ce type de société de savoir qui a fait quoi que de savoir qui a dit quoi’’, argumente-t-il.

‘’Ainsi Wolof Ndiaye et mag-gni deviennent des penseurs collectifs à qui on attribue des propos de Kocc Barma Fall, de Ndamal Kajor ou quelque autre esprit bien-pensant’’, poursuit l’auteur, selon qui cette situation ‘’traduit une incapacité du créateur à jouir +exclusivement+ de sa création et jusqu’à une certaine période, il était exclu d’ester en justice contre un éventuel +pirate+’’.

‘’On évoque souvent l’appartenance à un patrimoine commun, national ou ethnique, pour justifier le plagiat qui peut concerner parfois des œuvres dont les auteurs ne sont pas connus’’, déplore l’universitaire.

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