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Assemblée nationale - Affaire Khalifa Sall et Karim Wade, engagement politique: L’opposition se défoule sur Ismaïla Madior Fall
Publié le vendredi 30 novembre 2018  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DF
Journée du droit à l`information célébrée
Dakar, le 28 septembre 2015 - La journée du droit à l`information a été célébrée à Dakar. Plusieurs acteurs de la presse, juristes et défenseurs des droits humains ont plaidé pour une meilleure qualité de l`information. Photo: Pr Ismaëla Madior Fall, ministre conseiller juridique du président de la République
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Les députés de l’opposition n’ont pas été tendres envers le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, Ismaila Madior Fall, lors de son passage à l’hémicycle hier, jeudi 29 novembre. En effet, dans leurs prises de parole, ces parlementaires ont multiplié les attaques contre le ministre en question, respectivement sur les cas Khalifa Sall et Karim Wade, sur le fonctionnement de la justice et sur son engagement politique.

La parlementaire libérale Sokhna Dieng Mbacké a été la première à dénigrer la gestion des droits et libertés dans le pays. A son avis, dire que le Sénégal respecte les droits de l’homme ne correspond pas à la réalité. Elle en veut pour preuve le fait que les recommandations de l’Organisation de Nations Unies et celles de la Communauté économique et monétaire ouest-africaine (Cedeao) ne sont pas appliquées. Pis, pour le député, les Sénégalais ont l’impression d’être dans une république où les droits ne sont pas respectés. Pour autant, elle s’est demandé comment le Sénégal pourra présider le conseil des droits de l’homme des Nations Unies en janvier prochain alors qu’il n’est pas respectueux de ses recommandations. Marie Sow Ndiaye du Parti démocratique sénégalais (Pds), quant à elle, évoque un reniement par le Garde des Sceaux de ses convictions antérieures. Aussi juge-t-elle que les enseignements d’Ismaïla Madior Fall en tant que professeur de droit à l’université Cheikh Anta Diop ne sont plus conformes à ses actes. Mary Sow Ndiaye arguera par ailleurs par que le Garde des Sceaux est responsable de l’impopularité du régime actuel.

Enfonçant le clou, le député Aboubacar Thiaw s’est voulu ironique pour indexer Ismaila Madior Fall. « Je connais un brillant professeur qui se prêtait aisément à ce jeu d’équilibre pour la justice, en tout cas du moins théoriquement. Mais une fois devenu ministre de la Justice, il peine à dire en matière de droit la vérité, toute la vérité et rien que la vérité », a-t-il estimé. Aboubacar Thiaw dira en outre qu’il n’y a plus de justice au Sénégal et que tous les cas d’injustice servent à couvrir et à renforcer un régime totalement aux abois. Pour sa part, dénonçant un traitement sélectif dans les affaires de Khalifa Sall et de Karim Wade, la parlementaire Woré Sarr a jeté l’anathème sur une justice dite sélective. Selon elle, ces deux personnes condamnées n’ont pas fait pire qu’Alioune Sall qui a le contrôle de la Caisse de dépôt et des consignations, quoiqu’il ait été épinglé par l’Ofnac. Et de poursuivre : « La justice sélective se vérifie aussi par le traitement réservé à l’affaire du Prodac qui met en cause le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang».

Abondant dans la même dynamique, le député de la diaspora Mame Diarra Fam trouve en ce qui la concerne que le Garde des Sceaux n’a une autre mission que de « tripatouiller, de gommer, serrer et d’effacer les lois ». « Pour un professeur de votre trempe, respecté, ce n’est pas normal qu’on vous fasse déchirer, tailler, gommer», a-t-elle dit. Quid de Mamadou Diop Decroix ? Le député de l’opposition et leader d’And-Jef s’est tout simplement demandé si Ismaila Madior Fall est resté un professeur de droit. « Vous ne gérez plus la justice. Vous gérez la politique de l’Apr. Vous êtes un politicien. J’avais énormément de respect pour vous, mais je suis déçu », a-t-il déclaré. Parlant de l’engagement politique du Garde des Sceaux, le parlementaire a jugé qu’il est dans un domaine qu’il ne maitrise pas, raison pour laquelle il fait de nombreuses erreurs. Concluant les diatribes contre Ismaila Mador Fall, Cheikh Bamba Dièye du Fsd/Bj a dénoncé pour sa part « des décisions de justice partielles avec des détournements qui sont restés impunis pour la simple raison que leurs auteurs sont proches du camp présidentiel ».

LE MINISTRE DE LA JUSTICE SUR SON ENGAGEMENT ET SUR LE PARRAINAGE : «Je suis fier…du parrainage. Le Sénégal va organiser une présidentielle et les candidats ne seront pas nombreux»

« Je tiens à rassurer que je suis toujours professeur. Je suis fier des milliers de Sénégalais pour lesquels j’ai contribué à la formation. Je suis fier de la trentaine de docteurs que j’ai formés au Sénégal et en Afrique. Je suis fier du nombre d’agrégés en droit et en science politique que j’ai formés. Et je suis fier aujourd’hui d’être le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et d’être à côté d’un président réformateur de notre génération…Je n’ai rien gagné avec la fonction de ministre du point de vue matériel. Tout ce que j’ai comme ministre, je l’avais avant dee l’être... Je ne suis pas venu pour des conditions matérielles. Je suis venu parce que j’ai l’honneur d’avoir été appelé par un président jeune et réformateur. Depuis que je suis avec le président, je suis fier de tout ce que nous avons accompli ensemble. Je suis fier d’avoir participé au parrainage. Le Sénégal va en 2019 organiser une présidentielle et les candidats ne seront pas nombreux parce que ceux qui ne représentent absolument rien ne pourront pas être candidats ».

Ismaïla Madior Fall recadre le débat

Attaqué de toutes parts par les députés de l’opposition lors de son passage devant l’Assemblée nationale hier, jeudi 29 novembre 2018, Ismaila Madior Fall n’a pas mis de gants pour porter la réplique. De son engagement politique aux accusations de non-indépendance de la justice en passant par les cas Khalifa Sall et Karim Wade, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, s’est voulu explicite envers ses détracteurs.

Ismaila Madior Fall est formel.

Répliquant hier, jeudi, lors du vote du budget de son ministère à l’Assemblée nationale, aux critiques de l’opposition sur le fonctionnement de la justice, le Garde des Sceaux a tenu à préciser que « La tendance, c’est de réduire la justice à deux cas d’affaires ordinaires dans lesquelles sont impliqués deux hommes politiques. On égare les décisions qui sont rendues. On les politise, on caricature et après, on veut faire croire aux Sénégalais que c’est ça la justice». Et d’arguer dans la foulée : « La justice a un caractère multidimensionnel qu’on ne peut pas réduire à deux cas d’affaire pénale. La justice n’a aucun problème. Dans tous les tribunaux, les juges font leur travail. Si la justice avait un problème, les Sénégalais lui auraient tourné le dos. Les Sénégalais n’ont pas de problèmes avec la justice. Ce sont deux individus qui ont des problèmes avec elle parce qu’ils sont impliqués dans des contentieux ordinaires et qui ont été condamnés ». Et le ministre de la Justice de brocarder à son tour les députés de l’opposition : « On ne peut pas accepter que des individus veuillent chahuter la justice parce que simplement leurs partisans sont impliqués dans des affaires ordinaires. Des pays viennent s’inspirer de la pratique de la justice au Sénégal. Ce ne sont pas des chahuts qui vont effacer le label démocratique du Sénégal ».

Revenant dans le fond sur le cas de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, le ministre de la Justice dira : « Il y a beaucoup de confusions dans les recommandations de la Cedeao concernant l’affaire Khalifa Sall. La Cour de justice de la Cedeao n’a pas ordonné la libération des prévenus et l’arrêt des poursuites. Elle a dit que certains droits ont été violés et l’Etat du Sénégal versera la somme de 35 millions s’il y a une décision définitive après que la Cour suprême a statué en cassation. Il faut aussi signaler que la décision n’invalide pas le jugement des juridictions sénégalaises ».

Pour ce qui concerne l’affaire Karim Wade également, le ministre de la Justice s’est clair devant la représentation parlementaire. Pour Ismaila Madior Fall, « Le comité des droits de l’homme de l’Onu ne peut pas invalider une décision rendue par les juridictions sénégalaises. Ce sont de simples constatations qui sont faites ». Et le ministre de tancer l’opposition parlementaire : «C’est de la manipulation que de dire que le Comité des droits de l’homme a condamné le Sénégal. Il faut arrêter les manipulations de l’opposition même dans un contexte pré-électoral, il faut dire aux Sénégalais la vérité. Il faut avoir l’honnêteté politique de faire dire à ces organes ce qu’ils ont réellement dit ».

Quid du retour de Karim Wade ? A ce niveau aussi, le Garde des Sceaux n’a pas usé de langue de bois. « Karim Wade a fait l’objet d’une condamnation. Il est gracié, mais l’amende elle est toujours valable. Il a le droit de rentrer dans son pays et de vaquer à ses occupations, mais s’il rentre dans le pays, il va rembourser les 138 milliards. A défaut, la contrainte par corps va s’exercer. Tant qu’il est à l’étranger, on ne peut pas le contraindre à payer. Mais, quand il arrive au Sénégal, la contrainte par corps va s’exercer». D’ailleurs, concernant la candidature de Karim Wade, le ministre de la Justice persiste et signe : l’article L 15 du Code électoral qui stipule que tout candidat doit être inscrit sur les listes électorales disqualifie sa participation à la présidentielle de février prochain.

Fatou NDIAYE
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