Gestion du budget de l’Assemblée nationale: L’opposition demande des comptes à Moustapha Niasse

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Publié le samedi 24 novembre 2018 | Enquête Plus

© aDakar.com par DF
Le Premier ministre devant les députés
Dakar, le 6 décembre 2017 - Le Premier ministre a fait sa déclaration de politique générale devant les députés à l`Assemblée nationale. Le chef du gouvernement a fait face aux parlementaires durant plus de 11 tours d`horloge. Photo: Moustapha Niass, président de l`Assemblée nationale

Tout en dénonçant une violation récurrente du règlement intérieur de l’Assemblée nationale et de la loi sur la parité, l’opposition parlementaire vilipende la gestion ‘’opaque’’ du budget de l’institution parlementaire, par son président Moustapha Niasse.

Moment ne pouvait pas être mieux choisi par l’opposition parlementaire que la veille de l’ouverture du marathon budgétaire pour interpeller les tenants du pouvoir et le président de l’Assemblée nationale sur le respect du règlement intérieur et des lois qui régissent le fonctionnement de l’institution parlementaire.

Face à la presse hier, le président du groupe parlementaire ‘’Liberté et démocratie’’ n’a pas mis de gants pour mettre le doigt sur la plaie. Entouré de quelques-uns de ses collègues dont Mamadou Diop Decroix, Cheikh Bamba Dièye, Woré Sarr et Toussaint Manga, entre autres, Cheikh Mbacké Bara Doly déplore d’emblée toute ‘’l’opacité qui entoure la gestion du budget de l’Assemblée nationale par son président, Moustapha Niasse’’. ‘’Notre souhait est de contrôler le budget de l’Assemblée nationale. Quand nous avons posé le problème en réunion, le président de l’Assemblée a systématiquement refusé de se conformer à la loi en soutenant que les articles 18 et 31 du règlement intérieur qui régissent le contrôle du budget n’ont jamais été appliqués sous le magistère de ses prédécesseurs’’, déclare le successeur de Me Madické Niang.

Si l’Assemblée nationale a le droit de contrôler l’action du gouvernement, elle a selon le député Cheikh Bamba Dièye, une obligation de transparence dans la gestion de son budget. ‘’L’Assemblée nationale doit être exempt de tout soupçon et de reproche avant d’exercer un quelconque contrôle sur l’Exécutif. Aujourd’hui, le déficit budgétaire enregistré montre que l’Etat n’est pas loin d’une banqueroute. L’Assemblée nationale a une part de responsabilité dans cette situation’’, déclare-t-il. Pour sa part, le député Mamadou Diop Decroix estime que le budget de l’institution parlementaire n’a jamais fait objet de débat et de discussion.

‘’On ne sait absolument rien de l’utilisation du budget de l’Assemblée. On ne sait pas comment on décaisse et où va l’argent. Il n’y a aucune lisibilité dans la gestion de Moustapha Niasse qui gère le budget selon les humeurs et les désirs du président de la République’’, charge-t-il. Allant plus loin, Toussaint Manga soutient que jamais au plus grand jamais, il n’y a eu une réunion de la commission comptabilité et de contrôle de l’Assemblée qui devrait pourtant se réunir d’après les textes au moins une seule fois chaque trimestre. C’est d’ailleurs pour corriger tout cela que le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie a saisi d’une correspondance le président de l’Assemblée, le président et les membres de la Commission comptabilité et de contrôle ainsi que les questeurs.

‘’Non-respect de la parité’’

Au-delà de la gestion jugée opaque du budget, l’opposition parlementaire déplore le non-respect de la parité dans la composition du bureau de l’Assemblée nationale dans le seul but d’écarter le leader de Bokk gis gis Pape Diop et du coup, toute l’opposition parlementaire. ‘’On n’a jamais vu dans le monde un président de la République qui s’est retrouvé avec 49% des suffrages valablement exprimés à l’issue des élections législatives, gérer sans aucun représentant de l’opposition dans le bureau de l’Assemblée nationale’’, s’exclame le député du Parti démocratique sénégalais, Toussaint Manga.

Outre cet aspect, le groupe parlementaire Liberté et démocratie dénonce les violations répétitives du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. A quelques heures seulement du démarrage du marathon budgétaire, il accuse la majorité de concocter un coup pour limiter les temps de parole des députés et ‘’empêcher par la même occasion, l’installation d’un débat interactif à même de permettre le peuple de comprendre le contenu du budget des ministères. ‘’Non seulement ils sont en train de réduire le temps de parole imparti aux députés, mais ils veulent supprimer le deuxième tour de parole lors des débats d’orientation budgétaire.

Ils ont commis tellement de forfaitures qu’ils veulent escamoter le débat lors des plénières’’, accuse le député non-inscrit, Cheikh Bamba Dièye. Qui poursuit : ‘’pendant 6 ans, ils ont dilapidé l’argent du contribuable sénégalais mais ne veulent pas rendre compte. Au total, ils ont détourné plus de 22.000 milliards (sic) de notre budget’’, charge le leader du Front pour e socialisme et démocratie/Benno jubël (FSD/BJ). ‘’Il y a des plénières qui se passent sans débat. Souvent ils demandent à un député membre de la majorité de proposer un vote sans débat. Mais qu’ils sachent que nous n’allons plus jamais accepter cela. Macky Sall doit faire face aux Sénégalais et rendre compte de sa gestion’’, renchérit Toussaint Manga.

Revenant à la charge, Mamadou Diop Decroix s’émeut de la facilité des tenants du pouvoir à s’entendre pour violer les textes qui régissent le fonctionnement de l’Assemblée nationale. ‘’Ils ne vont pas tarder de venir vous dire que s’ils ont diminué le temps de parole, c’est parce qu’il y a beaucoup de ministères. Mais ils oublient que c’est eux-mêmes qui nous avaient promis 20 ministères qui en ont créé aujourd’hui plus d’une quarantaine. Quelle que soit la situation, le débat doit être posé et les orientations budgétaires discutées’’, estime le leader de And jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (AJ/PADS).

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