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Enquête Plus N° 850 du 12/4/2014

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Détournement et blanchiment d’argent : L’art de passer entre les mailles du filet
Publié le dimanche 13 avril 2014   |  Enquête Plus


Karim
© AFP par DR
Karim Wade, fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade


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Le dossier judiciaire de Karim Wade fait débat. Au même moment, des experts révèlent comment des blanchisseurs et autres ''criminels financiers'' usent de techniques sophistiquées pour ne jamais se faire épingler, grâce au soutien de professionnels de la finance....

Karim Wade, le fils de l'ancien président de la République qui a ouvert le feu sur la CREI, prendra-t-il l'avantage dans ce dossier de la traque des biens mal acquis ? Si ses propos largement repris hier par la presse tendent à le blanchir aux yeux d'une partie de l'opinion sénégalaise, il n'en demeure pas moins que la réalité peut être tout autre.

Devant le procureur près la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), l'ancien ministre aux pouvoirs exorbitants semble s'enorgueillir du fait que ''la justice française, la justice monégasque et la justice du Luxembourg'' l'aient totalement blanchi. Il précise que les comptes logés à Monaco qu'on lui attribue ''appartiennent à d’autres personnes que (lui). Il soutient ne posséder qu’un seul compte parmi les trente (30) comptes expertisés...

Des criminels protégés par la loi du secret bancaire

Des experts ont démontré à l'envi comment d'importants détournements d'argent sont opérés, sans laisser de traces. Un mémoire de fin d'études s'inscrit dans cette logique. Il démontre comment, à travers deux techniques différentes, des criminels financiers usent de subterfuges pour dissimuler un compte injustifié économiquement. Il s'agit de procédés qui protègent ''l'identité du blanchisseur dans le rapport direct avec la banque et ceux rendant difficile la détermination de la consistance du butin et même parfois de son origine''.

L'auteur prouve comment des blanchisseurs et autres spécialistes du détournement de fonds savent exploiter à d'autres fins la tradition du secret bancaire qui empêche le banquier de divulguer certaines informations sur lui. ''Toute une panoplie de stratégies qui vise à dissimuler la vraie valeur de la fortune, voire même son origine''.

Des pseudonymes, codes chiffrés et autres astuces

Des fameux comptes de pseudonymes aux comptes à numéro, rien n'est laissé au hasard. La plupart usent de faux noms pour planquer des sommes faramineuses dans des comptes bancaires. D'ailleurs, selon l'auteur, ''dans l'histoire, bien de gens, en proie aux difficultés politiques ou judiciaires, ont fait usage de pseudonymes. Pour ce qui concerne le blanchiment, il faut relever que ces faux noms sont utilisés à des fins de clandestinité malveillante''.

Dans cette foulée, ''les blanchisseurs n'hésitent pas, pour leur part, dans leurs rapports avec la banque, à exploiter toutes les vertus confidentielles du secret bancaire pour demeurer inconnus aux yeux des enquêteurs. C'est justement là un des obstacles majeurs à la lutte anti-blanchiment. Car, pour être efficace, cette lutte a besoin que les auteurs du délit de blanchiment soient identifiés, retrouvés et punis''.

Plusieurs voies sont utilisées dans ce sens. ''Le blanchisseur, au terme d'un entretien avec son banquier, peut soit utiliser comme identifiant de son compte les initiales de son nom, soit, il utilise un nom carrément imaginaire. L'illustration nous en est donnée par l'affaire des goldens boys. Il s'avère aussi que des comptes d'un président de la sous-région CEMAC ont été découverts dans les paradis fiscaux avec comme identifiant : Lille, Christophe....''

Quand les banques aident les blanchisseurs

Dans d'autres cas, ''la véritable identité du titulaire du compte est connue des grands responsables de la banque. Dans cette technique, la banque, au niveau le plus élevé, joue un rôle actif, puisque les blanchisseurs nécessitent son appui''. Conscients de cet état de fait, ils peuvent user d'un autre procédé : les chiffres. Là, ''le personnel de la banque traite toutes les opérations courantes, sur ce compte, sous des codes, composés de signes numériques. Ils ignorent le nom du client.''

Selon le document, ''cette technique suppose qu'à la base, le client ne subisse pas une procédure normale d'ouverture d'un compte, il traite directement avec le directeur ou avec un fondé de pouvoir spécialisé dans la gestion de pareils comptes. Le client ne dépose pas sa signature au guichet''.

Explication plus poussée des experts, ''lorsque la banque reçoit un virement au nom de son client, elle répond que le bénéficiaire ne semble pas figurer sur le listing de ses clients et que le virement n'est reçu que sous réserve de vérification''.

Cette attitude de la banque, le plus souvent, vise à brouiller davantage les pistes afin que même les enquêteurs, qui passeraient pour être des correspondants du client clandestin, ne puissent réussir leur coup au premier instant. C'est là une fois de plus la preuve que les blanchisseurs perfectionnent de plus en plus leurs techniques. Ceci est aussi vrai pour les techniques concourant à la dissimulation de leur butin.’’

Les techniques de blanchiment sont multiples. Même si n'est pas blanchisseur d'argent qui veut. D'aucuns vont jusqu'à fragmenter leurs comptes bancaires. ''Cette technique leur assure un double gain : D'une part, elle leur permet d'échapper à l'obligation de déclaration du banquier. Et, d'autre part, elle permet au blanchisseur de se servir de ces micros comptes pour faire converger leurs soldes vers un compte plus sûr, dans un paradis fiscal. Dans l'affaire jurado, l'auteur du blanchiment, avait ouvert plus de cent soixante dix comptes bancaires pour distiller ses récoltes''.

La partition des intermédiaires occasionnels

Si les spécialistes des détournements de fonds et autres blanchisseurs d'argent sont présentés comme de fins stratèges, ils ont en tout cas la capacité de profiter du trafic d'influence et de tirer les ficelles du jeu. Et souligne le document, ils sont souvent inspirés par la technique du pseudo mandat. ''Agissant pour son propre compte, il prétend agir pour le compte d'une autre personne qu'il représente. Il peut ainsi se faire mandater par des personnes réelles, seulement complices à l'opération.

Le blanchisseur ne reçoit en effet aucun ordre de son prétendu mandant, sinon, il est son propre mandant. Sous cette qualité, il peut alors ouvrir un ou plusieurs comptes prétendument pour le compte de ses mandants.''

Grâce à cette technique dite du pseudo mandat, ils ont la possibilité de démultiplier ''leurs comptes bancaires d'y faire des dépôts moins suspects quant à leurs montants, donc d'échapper à la procédure de déclaration de soupçon obligatoire, parce qu'il aura pris le soin de faire des transactions dont le montant est en dessous du seuil de déclaration.''

Sociétés holding ou les sociétés écrans

Par ailleurs, à côté des intermédiaires réels opèrent les intermédiaires fictifs. ''Il s'agit d'intermédiaires qui n'existent que dans l'illusion créée par les blanchisseurs. Il s'agit en effet de faire croire qu'une société existe ici ou là et que c'est en son nom que ces opérations sont exécutées. Ici, le blanchisseur ou son conseiller est prêt à faire toute sorte de montage pour tromper tout regard curieux ou inquisiteur.

Pour l'exemple d'une société, des faux statuts peuvent être dressés, des faux bilans, des faux comptes de résultats... Tout ceci pour asseoir l'intime conviction du banquier que l'opération se trouve économiquement justifiée. Le scénario fait appel aux techniques biens connus dans le domaine que sont les sociétés holding ou les sociétés écrans.''

Matel BOCOUM

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