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Transparence secteur extractif - Gladima accuse la société civile de désinformation
Publié le vendredi 2 novembre 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DG
La ministre des Mines et de la Géologie reçoit une délégation d`Imams et de chefs de Sabadola
Dakar, le 4 août 2018 - La ministre des Mines et de la Géologie a reçu une délégation de dix-huit imams et chefs des localités de Sabadola, à Kédougou), bénéficiaires des billets de La Mecque offerts par la compagnie Sabodala Gold opération S.A. La ministre en a profité pour faire un plaidoyer en faveur de la responsabilité sociétale qui pèse sur les sociétés minières investissant au Sénégal.
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La ministre des Mines a critiqué la société civile sur le fait qu’elle désinforme plus qu’elle n’informe. C’était à la table ronde sur la transparence dans le secteur gazier et pétrolier. La société civile a déploré ces propos.



Il était question de conditions à remplir par les investisseurs, dans le cadre de l’exploration et l’exploitation des ressources minières (et minérales), quand la ministre des Mines, Aïssatou Sophie Gladima, a bifurqué de ses explications pour s’en prendre à la société civile. ‘‘Est-ce que la société civile ne désinforme pas parfois ? Souvent, elle désinforme, parce qu’elle n’a pas la technicité et n’est pas au même niveau d’information ou de formation. Cette désinformation cause plus de problèmes même que le contact entre les populations et les sociétés (d’exploitation)’’, a-t-elle lancé.

Sur le présidium, le malaise est perceptible chez les sommités du secteur extractif qui répondaient à une invitation du Comité national de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Cn-Itie). Une rencontre en prélude à la Conférence internationale d’aujourd’hui sur la propriété réelle dans les industries pétrolières et gazières durant laquelle Sophie Gladima n’a pas raté la société civile. La ministre des Mines représentait son homologue du Pétrole et des Energies, Mansour Elimane Kane.

‘‘Le gaz de Gadiaga a été exploité depuis des années et personne n’en a parlé. Mais aujourd’hui qu’on a voulu partager, ça a créé beaucoup plus d’informations. Les gens parlent de choses qu’ils ne maitrisent pas et c’est là qu’il faut mettre l’accent : maitriser les sujets qu’on discute au lieu de créer de fausses informations qui créent plus de faux problèmes à régler que de vrais problèmes’’, conclut-elle, avant de se retirer aussitôt du présidium sous prétexte d’un calendrier chargé, laissant sur sa faim un membre de la société civile qui voulait répliquer.

Ce sera finalement le responsable du programme gouvernance à Oxfam, Elimane Kane, qui va relater toute sa déception à ‘’EnQuête’’. ‘‘C’est une déclaration regrettable venant d’une autorité de la gouvernance minière qui vient d’arriver dans le secteur et qui doit savoir que si ce pays a connu des évolutions, c’est qu’on a une société civile assez forte. Pendant dix ans, elle s’est mise à comprendre cette industrie extractive et à préparer les acteurs, les populations à la base à s’intéresser, à gérer leurs propres droits’’, s’est-il confié, rappelant que des acquis non négligeables sur la gouvernance du secteur extractif ont été obtenus grâce à la société civile. ‘‘S’il y a eu un code minier par exemple, c’est parce qu’il y a eu une excellente contribution de la société civile qui a été capacitée à identifier le cadre juridique et institutionnel et les risques de perdition dans le secteur. On aurait pu dire le contraire, à savoir qu’on a une société civile qui est au courant de ce qui se passe, suffisamment formée et avant-gardiste’’, a-t-il lancé avant d’exhorter les pouvoirs publics à plus de réalisme.

‘‘Il faut que nos représentants s’assument et réalisent que, dans ce monde actuel, des ressources dont on dit qu’elles appartiennent au peuple sénégalais et le faire en dehors de toute concertation avec ce peuple (...), ce n’est pas être reconnaissant que de dire que c’est la société civile qui crée la désinformation’’, s’est-il défendu.

Mankeur Ndiaye : ‘‘On n’a aucun problème au Sénégal avec la société civile’’

Pourtant, avant cette saillie de la ministre, la représentante-résidente de la Banque mondiale, Louise Cord, a fait le plaidoyer d’une société civile plus forte pour rendre plus efficace la transparence dans ce secteur. Le président du Cn-Itie, Mankeur Ndiaye, n’avait d’autre choix que d’atténuer ce coup de gueule de Gladima. ‘‘Le Cn-Itie a trois composantes (l’Etat, les entreprises et la société civile). La société civile est bien représentée au sein du comité que je dirige et participe à toutes les délibérations. Heureusement pour le cas du Sénégal, il y a toujours un consensus dans nos délibérations, car la société civile critique, observe, surveille, participe avec nous sans entrave aucune’’, a aussitôt souligné l’ancien ministre des Affaires étrangères.

Comme pour donner des garanties à ce qu’il venait de dire, Mankeur Ndiaye, qui a trouvé que la ministre était dans son rôle, s’est empressé néanmoins d’annoncer la bonne nouvelle. ‘‘C’est important de le souligner. Le président de la République a d’ailleurs décidé de renforcer sa place dans le Cn-Itie, et plus loin, a même accepté de la faire participer au Cos-Pétrogaz. On n’a aucun problème, au Sénégal, avec la société civile’’, a-t-il précisé.

Louise Cord : ‘‘Le Sénégal n’est pas le premier pays qui essaie de bien faire’’

Une escarmouche institutionnelle qui a failli faire oublier ce panel de haut niveau sur la transparence et la gouvernance du secteur gazier et pétrolier au Sénégal. La rencontre a enregistré les sommités de l’Itie, de la société civile, des pouvoirs publics et des compagnies présentes au Sénégal. Auréolé de son premier rang africain et 4e mondial dans la certification de la norme Itie, l’Itie locale a été avertie par Louise Cord, qui semble attendre la phase d’exploitation des ressources minérales pour être convaincue. ‘’Le Sénégal n’est pas le premier pays à essayer de bien faire. On a vu qu’avec d’autres pays, qui ont essayé et ont eu beaucoup de mal dans la phase d’exécution’’, a-t-elle lancé.

Préconisant quatre points sur lesquels s’appesantir, elle a défendu l’idée d’un meilleur cadre réglementaire en dehors de la stratégie générale ; l’articulation entre la société civile, l’Assemblée nationale et le gouvernement ; une société civile moins dépendante de l’Itie ainsi que l’implication d’autres corps de contrôle pour que la transparence soit renforcée comme l’Ofnac, la Cour des comptes, l’Inspection générale des finances…

OUSMANE LAYE DIOP
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