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Soutien à Macky Sall: Vent de révolte au Pit
Publié le jeudi 25 octobre 2018  |  Enquête Plus
Conférence
© aDakar.com par SB
Conférence de presse du PIT
Dakar, le 2 octobre 2018 - Le Parti pour l`Indépendance et le Travail (PIT) a tenu une conférence de presse pour se prononcer sur l`actualité nationale.
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Depuis hier, le membre du Comité central du Parti de l’indépendance et du travail, Dr Mohamed Lamine Ly, a été tiré de l’anonymat total en vertu de la tribune incendiaire qu’il a faite contre sa propre formation. En voici la teneur.

Fronde. Scission. Escalade verbale… Les maux qui gangrènent les partis politiques au Sénégal sont multiples. Telle une maladie contagieuse, ils affectent plusieurs structures, même celles qui, en apparence, semblent être les plus disciplinées, mieux organisées.

Après le Parti démocratique sénégalais, le Parti socialiste, la Ligue démocratique et même le parti au pouvoir, l’Alliance pour la République, minés par des divergences internes de toutes natures, c’est maintenant au tour du Parti de l’indépendance et du travail (Pit). Docteur Mohamed Lamine Ly, membre du Comité central, crie son ras-le-bol par rapport à la ligne du parti de gauche : ‘’La décision prise par le Comité central, du 30 septembre 2018, de soutenir la candidature du président Macky Sall, est d’une gravité extrême et semble même, sous certains angles, revêtir des allures de ‘suicide politique’. Le prétexte de recherche de cohérence brandi pour justifier la prolongation du compagnonnage avec le président de l’Apr, au-delà de 2019, était déjà jugé fallacieux, car il n’est pas logique de foncer lorsqu’on se rend compte qu’on s’est trompé de direction.’’

La voie empruntée par le président Macky Sall, selon lui, depuis 2012, n’est pas celle du Pit, ‘’ni historiquement ni sociologiquement’’, peste le Dr Ly. A l’en croire, la gouvernance du président Macky Sall est aux antipodes de ce que sa formation politique a toujours défendu. Il en veut pour preuves la mal gouvernance illustrée, selon ses dires, par les scandales en cours, le bradage des ressources nationales (pétrole, or du Sénégal oriental, fer de la Falémé…).

Ce n’est pas tout. Toujours dans ses récriminations à l’endroit du régime, le frondeur énumère le renforcement de la mainmise des puissances étrangères, particulièrement la France, sur l’économie (Total, Eiffage, Orange, Auchan, franc Cfa…), la poursuite et l’amplification de la transhumance, l’instrumentalisation de la justice dénoncée par l’Union des magistrats sénégalais, l’embastillement d’adversaires politiques et l’impunité de fait pour les amis et les transhumants, un processus électoral dénaturé par la loi scélérate sur le parrainage, sans oublier la rétention couplée à une distribution sélective de cartes électorales, sous la houlette d’un ministre de l’Intérieur partisan. ‘’C’est dire donc, souligne-t-il, que la situation de paix et de stabilité qui prévaut encore relève plus de la maturité et des traditions pacifiques de notre peuple que du prétendu génie politique d’un président semeur d’injustices, auteur d’actes antinationaux, antipatriotiques et renfermant des germes de menaces de troubles sociaux incontrôlés’’.

Cependant, le Dr Mohamed Lamine Ly estime que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est ce qu’il appelle, lui, la ‘’lettre d’allégeance’’ et qui, pourtant, était intitulée par son parti ‘’Lettre aux Sénégalais’’. ‘’Cette lettre, dit-il, dont on peine à identifier le ou les auteurs, l’instance ou le responsable, est la goutte de trop qui devrait amener les militants les plus timides et les plus scrupuleux à réagir publiquement au-delà des cercles restreints qui les réunissent. Ces louanges sorties de la tête de laudateurs, de flagorneurs, comme dirait Amath Dansokho, est une manifestation typique de collaboration de classe’’.

De l’avis du membre du Comité central, le Pit ne sera pas détruit comme Carthage : ‘’Nous demeurons convaincus qu’on ne peut détruire ce parti comme on a détruit Carthage.’’

Et d’appeler ses camarade à un changement de paradigme : ‘’Nous demandons aux camarades égarés de se ressaisir, pour que ce bien commun qu’est le Pit reprenne toute sa place dans la lutte de notre peuple contre la domination impérialiste et pour le progrès social.’’

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SAMBA SY, SECRETAIRE GENERAL PIT

‘’Il n’est pas acceptable qu’un camarade se permette de jeter l’opprobre sur le parti’’

Votre camarade de parti, Mohamed Lamine Ly, a fait une sortie au vitriol pour critiquer vigoureusement l’alignement du Pit aux côtés de la majorité. Quel commentaire en faites-vous ?

Le Parti de l’indépendance et du travail est un parti absolument démocratique, qui appartient aux militants. S’il fallait en donner la preuve, entre 2010 et maintenant, nous en sommes à l’organisation de deux congrès. Voilà pourquoi nous avons, à trois reprises, changé de secrétaire général. Et entre deux congrès, c’est le Comité central qui dirige le parti. Nous avons donc une ligne de congrès qui est régulièrement réitérée par les différents comités centraux qui se sont tenus. Ce qui peut être gênant, c’est qu’un camarade, qui prétend appartenir à l’une de ces instances et qui choisit, en dehors des instances, de prendre la plume et écrire des choses aussi graves.

C’est attentatoire par rapport au parti et nous le prenons tel quel. Nous, nous sommes des hommes libres. Nous concevons ensemble, nous discutons longuement, nous arrêtons les solutions que nous croyons les plus justes. Il n’est pas acceptable qu’un camarade, en dehors des sphères, se permette de jeter l’opprobre sur le parti. Nous ne sommes pas des individus encagoulés ; nous faisons les choses librement. Ce sont les instances dédiées qui se réunissent et qui arrêtent des positions. Et personne n’a le droit de calomnier comme ça tout un Comité central. C’est injuste. Mais le gros problème, c’est que l’évolution de notre presse est telle que des gens, qui sortent de nulle part, peuvent se faire construire uniquement en prenant des positions outrancières. Pour peu que vous vous (les journalistes) entreteniez avec eux, vous construisez une personnalité qui peut parfois prendre une proportion indue. Mais les structures habilitées prendront les résolutions pertinentes dans ce domaine.

Des mesures disciplinaires peuvent-elles être envisagées à leur encontre ?

Nous, nous sommes un parti organisé. Ce que nous décidons ne peut être ni le fait d’un individu, ni d’un groupe d’individus, ni de quelqu’un qui exerce une pression quelconque. Quand on s’engage dans un parti, cela veut dire que chacun soumet sa volonté individuelle à la décision collective. Comment peut-on considérer que quelqu’un appartienne à une instance ou prétende appartenir à une instance, ne rien faire pour la faire avancer, mais, du dehors, se permettre de jeter l’anathème sur tous ces responsables qui viennent de partout au Sénégal pour débattre, calmement et sereinement, en vue d’arrêter une position commune. C’est indigne et on ne peut continuer comme ça.

Dr Ly estime que le fait de vouloir accompagner le président de la République à la prochaine présidentielle est un suicide politique…

C’est lui qui s’est peut-être suicidé politiquement. Franchement, ça ne mérite pas un développement. En réalité, c’est non seulement de l’indiscipline, mais aussi de l’inconsidération pour les camarades. Chacun de nous a un point de vue, mais ce point de vue ne vaut que quand on le croise avec les autres dans les instances indiquées. Attendre que les structures arrêtent une position pour faire des développements tout seul et essayer de jeter son parti en pâture à l’opinion publique, c’est inacceptable et les instances du parti vont apprécier et adopter les mesures appropriées.

Mais au-delà de ces critiques, il y a beaucoup de Sénégalais qui prétendent que le Pit, la gauche de manière générale, abandonne de plus en plus la lutte des classes pour celle des places. Que pensez-vous d’une telle assertion ?

Je pense que ceux qui font ce genre de jugement se trompent très lourdement. Car eux qui se projettent à nos places, ce sont des gens qui n’ont jamais été intéressés ou soucieux que de leur propre carrière. Ils pensent maintenant qu’il y a des personnes qui sont dédiées à accomplir des luttes qu’eux ne mènent pas tout le temps. Quand elles le font et que ces luttes mènent à des changements majeurs, qu’on leur demande de venir, à côté d’autres acteurs, pour essayer de faire passer dans la vie réelle les positions théoriques qu’elles ont eu à partager et à défendre, on leur dit : ‘’Non, ne participez pas. Laissez ça à d’autres.’’ C’est une manière de se défausser qui n’est pas la nôtre. Nous, ce qui nous oriente, ce qui nous aiguillonne, c’est l’intérêt général. Et quand nous sommes avec des gens qui poussent dans cette direction, dans un contexte complexe, nous disons oui : il faut que nous mettions notre génie, notre intelligence, nos capacités d’intervention au service du grand nombre. C’est ce qui nous a toujours mus et qui continue de nous mouvoir. Maintenant, que d’aucuns pensent que la place du Pit ce n’est pas celle-là, qu’ils veuillent nous assigner la place qu’ils pensent que nous devrions tenir, c’est inacceptable. Nous ne nous laisserons pas dicter notre conduite par d’autres. Et qu’on ne se permette pas de choisir ce que nous, nous devons faire… On ne peut pas se mettre en dehors du champ de la lutte et décider de qui doit faire quoi.

Sur un tout autre registre, est-ce que la mise en œuvre de la pension minimale pour les retraités est désormais effective ?

Il faut interroger les retraités qui avaient entre 5 000 et 6 000 F Cfa. Ils vous diront que non seulement c’est effectif, mais ils ont eu en rappel ce qui aurait dû leur être versé depuis le mois de janvier. Cela montre aussi ce que le gouvernement auquel j’appartiens est en train de faire. Evidemment, quelqu’un qui gagne beaucoup plus que cette pension minimale (35 000 à 36 000 F) peut penser que c’est une mesure insignifiante, mais un père de famille qui percevait 6 000 F Cfa par mois, lui, sera en mesure de vous renseigner sur la portée d’une telle mesure. Cela montre largement que ce gouvernement est en train d’agir dans le bon sens.
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