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Festivités du Safar : Dakar vibre aux avant-premières du Magal de Touba
Publié le mercredi 24 octobre 2018  |  Agence de Presse Africaine
Touba
© aDakar.com par DF
Touba prépare le Grand Magal
Touba, le 30 Novembre 2015 - La Communauté Mouride du Sénégal célèbre le Grand Magal de Touba, ce mardi 1er décembre dans la ville sainte de Touba. Plusieurs centaines de milliers de personnes sont attendues à Touba.
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L’édition 2018 du Grand Magal de Touba, prévue le dimanche 28 octobre prochain dans cette ville religieuse située dans le centre du Sénégal, coïncide comme d’habitude au 18e jour du deuxième mois du calendrier musulman, mais la nouveauté depuis quelques années à Dakar, comme partout ailleurs, est que beaucoup de disciples mourides commencent leurs célébrations dès le premier jour de Safar.

‘’Crédit foncier’’ (prononcer ‘’difonssé’) est une célèbre localité du centre-ville de Dakar, principalement occupée par des commerçants mourides. Cet endroit plein de vacarme, sans compter l’activité quotidienne des mécaniciens qui a complètement noirci les ruelles, se retrouve mêler aux décibels des chanteurs de ‘’khassaides’’ (panégyriques du fondateur du mouridisme).

Eparpillés sous plusieurs tentes et choisis en la circonstance par leurs condisciples mourides regroupés en ‘’dahiras’’ (regroupement de fidèles) dans la zone, ils montrent, tout en sueur, leur savoir-faire en déclamant des poèmes sacrés du cheikh qui leur font entrer dans un autre monde.

Cette ardeur est encore plus corsée dans cette période de Safar où les mourides de ‘’difonssé’’, s’apprêtant à se rendre à Touba pour commémorer le départ en exil de Cheikh Ahmadou Bamba au Gabon en 1895, continuent de donner un avant-goût du 18 safar. Ce rendez-vous annuel sonne pour eux comme la préparation d’une Coupe du monde pour les équipes qualifiées, fait savoir Mouhamadou Seck, chef du dahira ‘’Bokk pass-pass’’ (même foi en wolof).

Safar, le mois des mourides

« Le Safar est une vieille pratique. A l’approche du Magal, on se prépare à travers ces manifestations qui sont, pour nous, un entraînement en prélude à la grande compétition », dit le quinquagénaire, sapé d’un boubou sobre et d’un bonnet ‘’Serigne Bara’’, du nom du 6e Khalife général des mourides qui s’est fait remarquer par cette coiffure sous son magistère (2007-2010).

Pour Moustapha Mbaye, assis sous une tente en compagnie de son condisciple Sadikh Diop, le Safar « a pris de l’ampleur ces 5 dernières années » dans la capitale sénégalaise. Il explique que, pour l’occasion, les fidèles ne lésinent pas sur les moyens pour organiser des séances de récitals du Coran et des khassaides, sans compter la préparation de toutes sortes de nourritures, ces fameux ‘’berndé’’ de tradition mouride destinés aux convives et riverains.

Membre du dahira ‘’Bokk pass-pass’’, Moustapha soutient qu’ils ont acheté pas mal de boissons et tué plusieurs moutons, même si l’objectif principal est d’accomplir la recommandation de leur guide qui est de « rendre grâce à Dieu pour les immenses bienfaits qu’Il lui a octroyé dans cette journée (18 safar) ».

Les ‘’berndé’’ en bonne place

« Les mourides ont tous le même objectif, voilà pourquoi ils dépensent sans compter. Certains ont donné un million, d'autres 800 mille francs CFA, ainsi de suite. D’autant plus que Safar, c'est le mois des mourides », indique Mouhamadou Seck. Ce dernier souligne que « chaque don fait est synonyme d'avancement pour son auteur (dans la vie active), parce que Serigne Touba (surnom du cheikh) n'a que des pieds qui marchent vers l’avant ».

« Tout en témoignant notre gratitude au cheikh, on va boire du café et de la boisson », affirme Sadikh Diop d’une voix enrouée et d'un air qui amènerait ses cousins à plaisanterie de patronymie Ndiaye à se moquer de lui pour son intérêt affiché à la nourriture.

Un peu en avant, à l’entrée d’un coin de rue, un autre Safar est organisé. Sous la bâche, un autre chanteur, tel un muezzin à l'appel de la prière, ondule sa voix sur les textes sacrés du Cheikh. Près de lui, le vieux Baye Dame Loum se présente comme étant le patriarche du dahira ‘’Sant Serigne Touba'' (rendre grâce à Serigne Touba). Malgré le poids de l’âge, le septuagénaire retrouve une énergie juvénile quand il évoque l’histoire de cette journée chère au cheikh, qu’il aime tant.

« Si le mouride est rempli de zèle à l’approche du Magal, c'est parce que nous connaissons notre but. Tous les Mourides sont animés par le même objectif, parce que Serigne Touba a dit que tout ce qu'il a obtenu, il l'a eu par le biais de cette journée. C’est une journée de gratitude dédiée à son Seigneur », explique Baye Dame, soulignant que les dons recommandés vont « du poulet au chameau », et pour « celui qui n'a pas ces moyens, juste son intention suffit ».

Une recommandation du cheikh

« Nous exécutons une recommandation de Serigne Touba qui est notre espoir ici-bas et dans l'au-delà. C'est en ce jour qu'il a effectué son mémorable et grand travail, raison pour laquelle son Seigneur lui a rétribué par l'aura et la portée du 18 Safar », a réagi Cheikh Sow, assimilant cette action de rendre grâce comme « un devoir pour tout musulman ».




Tournant notre œil à l’intérieur du quartier, on aperçoit un groupe d’hommes en file indienne qui sort d’une maison occupée par de nombreuses personnes et portant chacun à sa tête un plat de sauce à la viande à destination des riverains et ouvriers qui sont dans les parages.

Parmi les femmes, certaines se départissent par leur tunique uniforme et multicolore ‘’ndjaxass'', la tenue traditionnelle des Baye Fall (branche parmi les mourides). Aidées par les hommes, elles sont chargées de la cuisine de ces plats « exquis » dont la plupart sont faits à base de riz, de viande de poulet ou de vache. Elles ont à leur tête la dame Mbène Lô, une quinqua au teint noir.

« On a commencé à faire le Safar depuis l’année dernière, période durant laquelle on n’avait préparé que 2 ‘’mbanas’’ (récipient pouvant contenir une grande quantité d’aliment). Il y a eu un réel avancement » par rapport à cette année, affirme-t-elle.

« On a préparé 7 ‘’mbanas'' aujourd'hui (samedi dernier) sur la base d’un bœuf et de 50 poulets qui ont été égorgés dans ce sens », précise Maïmouna, l’une de ses filles.

Jeune dame au teint clair, cette dernière informe au passage que leur « Safar a pris fin aujourd'hui », en attendant le grand Safar qui sera célébré d’ici quelques jours à Touba « par la grâce de Serigne Touba ».

ODL/te/APA
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