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Affaires Mariama Sagna, Ziguinchor, enregistrement ...: Les mises au point d’Ousmane Sonko
Publié le jeudi 18 octobre 2018  |  Enquête Plus
L`inspecteur
© aDakar.com par DF
L`inspecteur des impôts Ousmane Sonko fait face à la presse
Dakar, le 24 août 2916 - L`inspecteur des impôts et domaines Ousmane Sonko, patron du parti "Pastef, les patriotes", a tenu une conférence de presse pour se prononcer sur son audition avortée par le Conseil de discipline de la fonction publique.
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Il ne faut surtout pas attendre d’Ousmane Sonko qu’il mette de l’eau dans son ‘’bissap’’. Hier, à son siège, toutes griffes dehors, avec le même ton qui le caractérise, il a vidé son sac. Macky Sall, Aly Ngouille Ndiaye, le procureur de Pikine-Guédiawaye, les gendarmes, personne n’y échappe.

Au siège de Pastef, il geint un peu d'amertume : Trop de protocole. Une salle exiguë comparable à une chambre de 5 m sur 5. Des journalistes venus nombreux, dès les premières heures de l'après-midi… Et pour ne rien faciliter, deux gardes à l’entrée de la maison-siège pour filtrer les visiteurs. Aujourd’hui, il faut montrer patte blanche avant de voir le président Ousmane Sonko. De complaintes en complaintes, réprobations après réprobations, un de ses collaborateurs monte au créneau pour donner des explications. ‘’Nous avons tout fait, dit-il, pour avoir un local où tenir ce point de presse. On a essayé dans beaucoup d’hôtels, mais partout les gérants ont refusé. C'est au dernier moment que le Relais a donné son accord, mais c’était déjà trop tard…’’ Il s’appelle Djiby, long de plus d’1m80. Proche parmi les proches de Sonko, il tente de faire passer sa justification. Mais tout le monde ne semble l’entendre de la même oreille. On grogne. Mais on attend.

Pour une rencontre prévue à 15 h 30, le retard est quand même non négligeable. 16 h 15 mn, le point de presse ne démarre toujours pas. Le président ne pointant pas le bout de son nez. Quelques instants plus tard, changement de planning. De la salle aux murs gravés des posters des présidents Thomas Isidore Noël Sankara, Mamadou Dia et du professeur Cheikh Anta Diop, on migre vers l’arrière-cour. Banderole, chaises et tables sont enlevées. Les journalistes s'interrogent. Les ‘’sonkoistes’’ s’expliquent : ‘’Permettez-nous juste, Svp, d’aller dans un endroit un peu plus spacieux.’’ ‘’Permettez-nous juste de faire les installations’’…

Le constat est net. Nous sommes loin des sièges Xxl de certains partis politiques. Ousmane Sonko dira : ‘’Certains se posent des questions sur l’origine des financements de notre parti. Mais je peux vous dire que nous sommes le parti le plus pauvre. Pastef fait partie des formations les plus transparentes de notre espace politique. Tout ce que nous dépensons provient des militantes et militants établis un peu partout au Sénégal et dans le monde. Le moteur de notre action, c’est notre engagement patriotique, notre Pastef. Nous avons même parfois de la peine à payer ce siège.’’ Ce n’est pas tout. Ousmane met au défi ses camarades politiciens et le ministère de l’Intérieur. ‘’De tous les partis politiques, nous sommes des rares, je ne dis pas que nous sommes les seuls, à déposer chaque année au ministère de l’Intérieur nos états financiers. Demandez à l’Alliance pour la République si eux aussi le font’’, enchaine-t-il.

Quelques instants plus tôt, à 17 h passées de quelques minutes, le leader de Pastef se pointait. Il est tout de blanc vêtu et avance lentement. Ses hommes veillent à l’ordre comme à la prunelle de leurs yeux. D’abord, il s’emploie à détendre l’atmosphère en maniant l’ironie : ‘’Permettez-moi avant tout de vous (journalistes) remercier. Parce qu’il semblerait que je suis un produit fabriqué par la presse. Je vous en remercie. Si, par la grâce de Dieu, nous sommes élu, je vous ferai peut-être des micros qui enregistrent à partir de vos bureaux pour vous alléger le travail.’’ Ce n’est que l’acte 1. Dans l’acte 2, le président du Pastef cogne encore sur ‘’le lion qui dort’’ : ‘’Il ne sera pas rassuré, quand il verra autant d’objectifs braqués sur ma personne. C’est le produit d’une série d’évènements qui ne sont pas honorables pour le Sénégal.’’

Passé le temps de l’humour, Sonko attaque les choses sérieuses. Pour lui, c’est, d’une part : l’affaire de sa militante, Mariama Sagna, assassinée à Keur Massar, et l’affaire Pastef-Ziguinchor contre la gendarmerie.

Chapeau à la gendarmerie, sabot au parquet

Sur la première, Ousmane Sonko décerne le coup de chapeau à la gendarmerie dont il salue le professionnalisme ; un coup de sabot au procureur de Pikine-Guédiawaye à qui il reproche de danser plus vite que la musique. D’abord, il précise : ‘’Notre position de principe a été de laisser se dissiper le deuil avant de nous prononcer. En dehors d’une petite déclaration réclamant la lumière, nous avions jugé indécent de nous prononcer sur cette affaire. Certaines déclarations nous ont été prêtées, mais nous n’en avons jamais été les auteurs.’’ Ensuite, il informe : ‘’Les trois enfants laissés par notre sœur seront les pupilles de notre parti. Nous allons les accompagner à tous les moments de leur vie. Les femmes ont été bouleversées. Nous avons commis un psychologue, particulièrement celles qui ont été mises en confrontation directe et brutale avec les présumés coupables. Permettez-nous également de féliciter la gendarmerie pour son remarquable travail qui a permis, à ce jour, d’arrêter tous les suspects.’’

Enfin, il cogne : ‘’Sur le principe de faire face à la presse pour éclairer la lanterne, nous n’avons pas de problème, même si nous souhaiterions que le parquet ait la même démarche dans toutes les affaires pendantes. Mais, en ce qui concerne le fond, il y a un sérieux problème : il écarte un mobile, alors même que l’assassin présumé n’est pas arrêté. Sur un ton péremptoire, il se permet de dire qu’il n’y a aucun mobile politique.’’ Sonko ne s’en limite pas là. Il renvoie le procureur qui a ‘’demandé l’ouverture d’une information judiciaire non pas pour meurtre, mais pour assassinat’’, à ses cours de droit pénal. ‘’L’assassinat, explique-t-il, est défini comme le meurtre commis avec préméditation ou guet-apens. Ce qui le différencie du meurtre. C’est donc un meurtre préparé, organisé, planifié, avec un mobile à la clé. C’est donc contradictoire d’écarter tout autre mobile, alors qu’on a retenu l’assassinat. Cela devrait le pousser à être moins péremptoire dans ses conclusions’’. Comme autre péché du procureur, le candidat mentionne l’abus de pouvoir : ‘’Il empiète sur les prérogatives du juge d’instruction qui devrait être saisi de cette affaire.’’

‘’Nous ne sommes pas paranoïaques‘’

Revenant sur les accusations énormes dont il fait l’objet, Ousmane Sonko estime que ‘’tout cela participe à un vaste complot ourdi par le régime en place qui veut l’écarter de la course à la présidentielle, en utilisant l’arme judiciaire. Aujourd’hui, il nous accuse de terroriste, demain de violence, après-demain d’argent illicite ou de détention de drogue. Nous n’excluons pas qu’ils profitent de nos évènements pour s’introduire chez nous et y glisser des substances prohibées pour nous accuser ensuite’’. L’ancien inspecteur des impôts de rassurer : ‘’Nous ne sommes pas paranoïaques. Pour être paranoïaques, il faut avoir peur. Nous n’avons pas peur de ces gens. La peur est plutôt dans leur camp. Il suffit qu’on annonce une sortie de Sonko pour que ça tremble comme des feuilles, que ça pleurniche comme des chiots. Il n’y a aucune paranoïa, encore moins une victimisation. Nous donnons des faits concrets que chacun peut vérifier.’’ Pour parer à toute éventualité, il demande au régime d’assurer sa sécurité : ‘’Nous avons écrit au ministre pour que l’Etat assure ma protection. Espérons que Macky Sall ait l’élégance du président Abdoulaye Wade qui, en 2012, lui avait accordé la même chose, lorsqu’il avait été caillassé à Kébémer.’’

Pastef-Ziguinchor contre gendarmes

Par ailleurs, en ce qui concerne l’affaire de Ziguinchor, Ousmane Sonko persiste et signe : ‘’Malgré les dénégations mensongères du ministre de l’Intérieur, il y a eu un gendarme reconnu. Il s’appelle Mendy. Je ne fais pas de focus sur lui, il n’est qu’un agent qui agit sous ordre. Ce qui nous intéresse, c’est ceux qui sont derrière. Avec d’autres et leur chauffeur, ils se sont rendus à Lyndiane, au siège de notre parti à Ziguinchor, à notre domicile familial, chez ma mère, pour se livrer à un harcèlement et réclamer nos fiches de parrainage.’’ Par la suite, renseigne-t-il, ‘’ils ont procédé à l’audition de nos responsables politiques sans la présence de nos avocats et dressé des Pv. Leur stratégie était de les mettre en garde à vue et d’ouvrir une information à leur encontre. Ils avaient aussi prévu de m’interpeller comme étant le commanditaire de ce qui leur serait reproché. Nous avons porté plainte pour association de malfaiteurs, violation de domicile, voies de fait et abus d’autorité. L’audience est prévue le 7 novembre 2018 à Ziguinchor’’.

Mammour Diallo accusé d’un détournement de 94 milliards F Cfa

Dans la même veine, Ousmane Sonko est revenu sur les détails de l’audition de son bras droit, Birame Soulèye qui, selon lui, a été cueilli manu-militari à son bureau. ‘’On l’a auditionné pendant plus de 4 heures pour lui extorquer des aveux ou des excuses. Ce qu’il a formellement refusé de faire’’, a-t-il révélé. Pourquoi Pastef et pourquoi les fiches de parrainage de Lyndiane ? Il explique : ‘’Pastef, parce que l’intérêt suscité par notre projet de société au Sénégal et au-delà leur fait peur. Aujourd’hui, des chancelleries, des Africains progressistes de tous les pays, des élus américains, africains et européens, tous s’intéressent à ce que nous faisons, nous contactent et entrent en discussion avec nous.’’ Quid de Lyndiane ? Il renseigne : ‘’Parce que c’est le fief électoral qui fait gagner Ziguinchor.’’

L’affaire de la vidéo

Sur un tout autre registre, le président de Pastef s’est largement exprimé sur sa vidéo qui défraie la chronique. Il déclare : ‘’Cette vidéo a été sortie de son contexte et pervertie. Je n’ai cité aucun nom dans la vidéo. Des gens se sont permis de citer, eux, des noms. Moi, j’ai dit ‘ceux qui ont gouverné le pays’. Et tout le monde conviendra qu’il y a plein de choses qui se sont passées ici, depuis le règne socialiste, jusqu’à ce qui se passe actuellement. Vous ne pouvez vous empêcher d’être écœurés, lorsque vous êtes au courant de ce qui se passe.’’ Pour Sonko, un petit groupe de Sénégalais s’accapare toutes les richesses, alors que les Sénégalais n’ont pas d’hôpitaux pour se soigner, des gens meurent dans le désert ou la mer en tentant de rejoindre l’Europe… ‘’Quand vous vivez ça tous les jours, vous êtes écœurés et c’est dans ce contexte qu’il faut inscrire notre propos’’, se défend-il.

L’ancien fonctionnaire ne s’en limite pas à l’indignation ; il donne l’exemple du compte K2 sous les socialistes et de l’actuel directeur des Domaines, Mammour Diallo : ‘’Il est assis sur du faux pour enrichir un ou deux hommes d’affaires, trois ou quatre fonctionnaires, quatre ou cinq politiciens. J’ai saisi le procureur qui ne réagit pas, l’Ige qui ne réagit pas et l’Ofnac qui a été le seul à réagir. C’est sur une affaire grave de détournement de 94 milliards de francs Cfa. Et ce n’est pas son coup d’essai, puisqu’il a été épinglé par l’Ige et la Cour des comptes.’’

Dans les bras de Wade

Selon Ousmane Sonko, l’unique dessein ayant motivé la diffusion de la dernière vidéo est de le monter contre l’opposition. Mais c’est peine perdue, semble-t-il se convaincre. ‘’Ils ont sorti cette vidéo, parce qu’ils ont été informés des démarches pour une rencontre et des discussions avec le président Abdoulaye Wade. Ce matin, j’ai discuté avec lui (président Wade) pendant une heure de temps, et il m’a dit, non sans me préciser que je peux le répéter publiquement : ‘Tu mènes un combat propre et tu as mon soutien.’ D’ailleurs, dans les tout prochains jours, je me rendrais au Qatar pour des discussions approfondies. Voilà pourquoi ils se sont empressés à diffuser cet enregistrement.’’

Alors Sonko y aurait-il des excuses ? Il rétorque : ‘’Si ça avait pu heurter le président Abdoulaye Wade avec qui j’ai de bons rapports, mais ce n’est pas le cas. Comme je l’ai toujours dit, le meilleur président qu’on ait eu, c’est le président Abdoulaye Wade. Et ce ne sont pas des propos de circonstance. Vous pouvez vous-mêmes le vérifier. J’estime que cet homme ne mérite pas le traitement qui lui est infligé.’’ Mieux, Ousmane Sonko propose : ‘’Si j’étais élu président de la République, je le réhabiliterai entièrement dans ses fonctions d’ancien président. Cela ne veut pas dire que je suis d’accord avec lui sur tout son bilan. Mais au moins sur un certain nombre de questions qui nous sont très chères, notamment le patriotisme. Il est de loin meilleur que tous les autres. Il a osé mettre en avant les intérêts des Sénégalais. Maintenant, il y a beaucoup à dire dans sa manière de gouverner et c’est pourquoi il a été sanctionné.’’
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