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Docteur JOSEPH MENDY sur l’exercice illégal de la médecine ‘’La publication du tableau est une mise en garde pour les délinquants’’
Publié le mardi 2 octobre 2018  |  Enquête Plus
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L’Ordre national des médecins du Sénégal a publié, samedi dernier, son tableau. Une façon, pour les blouses blanches, d’identifier les ‘’imposteurs et les délinquants’’ qui exercent illégalement.



Un médecin non-inscrit au tableau de l’ordre ou qui n’est pas réinscrit n’a pas le droit d’exercer. C’est ce que disent les textes du tableau de l’Ordre national des médecins du Sénégal présenté samedi dernier. Le vice-président de l’ordre, par ailleurs secrétaire général, Docteur Joseph Mendy, prévient que le risque encouru par un médecin non-inscrit ou un médecin qui ne se réinscrit pas, c’est l’exercice illégal de la médecine. Il y a trois conditions à remplir : la technicité, c’est-à-dire l’obtention du diplôme d’Etat, la nationalité sénégalaise et l’inscription à l’ordre.

‘’Si une des conditions n’est pas remplie, il exerce illégalement et tous les actes qu’il pose peuvent être contestés devant les cours et tribunaux. Ceci constitue une faute pénale condamnée entre 2 et 6 mois de prison ferme. Souvent, il y a des problèmes entre l’inscription et la réinscription. La réinscription est obligatoire pour les médecins. C’est le fait de verser sa cotisation annuelle. Le défaut de ceci est sanctionné de la même façon. Car, au cas contraire, vous vous placez tout de suite dans le cadre de l’exercice illégal’’, explique Dr Mendy.

Toutefois, souligne-t-il, il y a des situations, comme en cas de maladie ou lorsque le médecin est dans des charges administratives et ne pose plus d’actes médicaux. Dans ces cas, il est exempté d’inscription. ‘’Mais s’il sait qu’étant maire d’une commune il aura à poser des actes médicaux, il doit s’inscrire. Par exemple, un étudiant qui ne s’inscrit pas en faculté perd, de facto, la qualité d’étudiant’’, précise-t-il.

Selon le vice-président de l’ordre, la publication du tableau est la consécration officielle des médecins qui remplissent les conditions légales et déontologiques pour la médecine au Sénégal. Il s’agit, pour l’ordre, souligne docteur Joseph Mendy, de dire aux populations la liste des médecins qui sont autorisés à les soigner, ceux auxquels elles peuvent accorder leur confiance.

La publication du tableau est également, selon lui, un avertissement, ‘’une mise en garde pour les délinquants, les imposteurs. Tous les jours, on entend des publicités mensongères sur la médecine. Ceci a pour conséquence d’augmenter les souffrances de la population’’, se désole le médecin. Ainsi, cette publication, dit-il, est un message de bon sens adressé aux autorités judiciaires. Car il leur permettra d’exercer leurs fonctions régaliennes au profit du peuple sénégalais. C’est-à-dire d’assurer la défense des intérêts matériels et moraux du peuple en matière de santé.

Chambres disciplinaires

Pour mieux lutter contre l’exercice illégal de la médecine, l’ordre a créé la chambre disciplinaire qui a une valeur de tribunal de première instance. La seule différence est que le jugement n’est pas ouvert au public. ‘’Un médecin qui exerce illégalement peut être poursuivi devant la chambre disciplinaire de l’ordre. Il sera jugé par les membres du conseil, c’est-à-dire ses pairs, et sanctionné par rapport au code de déontologie, aux textes de loi qui énumèrent de façon claire les sanctions applicables’’, renseigne Dr Mendy.

Dans la même veine, docteur Mamadou Sow de l’Ordre des pharmaciens précise que la responsabilité disciplinaire est très importante dans leurs instances. ‘’Nos juridictions marchent et nous sanctionnons les infractions. Les sanctions peuvent aller jusqu’à la radiation. Les citoyens n’écrivent pas trop souvent aux ordres. Alors que même avec une lettre anonyme, le cas sera traité et statué. Les populations doivent savoir que les ordres ont un devoir de protection de la santé publique’’, explique Dr Sow. Dans ces chambres disciplinaires, les plaintes peuvent provenir du citoyen ou d’un médecin qui traduit son collègue.

Par ailleurs, Dr Saidou Nourou Diop lance un appel pour l’institutionnalisation de la formation continue des médecins. Selon le diabétologue, ‘’si nous voulons une médecine de qualité, il faudrait que les médecins acceptent de se former. ‘’Notre responsabilité est engagée à tout moment et en tout lieu. Le médecin doit savoir ce qu’il ne faut pas faire pour ne pas être trainé devant les tribunaux. D’où l’importance de la formation. La médecine évolue très vite. Il faut une formation continue, obligatoire, comme cela se fait en France ou au Maroc où, par exemple, un médecin ne fait pas quinze jours sans présenter un papier pour dire qu’il sort d’une session. Le défunt professeur Birame Diop disait que l’action sans la connaissance (théorique et pratique) est une catastrophe’’, a plaidé Dr Diop.

1 800 médecins inscrits cette année

La lecture du tableau de 2018 permet de constater une augmentation du nombre de médecins. A en croire docteur Joseph Mendy, cela montre qu’ils sont de plus en plus conscients de leur devoir de s’inscrire à l’ordre.

‘’J’adresse mes vives félicitations à tous mes confrères qui sont soucieux de se mettre en règle par rapport à la population. Car si vous prescrivez un papier quelconque, cela peut être contesté devant les cours et tribunaux et engager votre responsabilité. Nous avons progressivement une augmentation de 20 à 30 % par an. De 1 400 inscrits en 2017, nous sommes passés à environ 1 800 en 2018. Ce qui est à saluer. Nous avons développé une politique qui consiste à la retenue à la source’’, explique-t-il. Avant de préciser que les contractuels des services publics sont en règle. Car, chaque année, il leur suffit juste de récupérer leur attestation et carte d’inscription.

L’ordre est également en train, selon son vice-président, d’étudier un système de virement automatique avec les privés. Ce qui les mettrait dans une situation légale. Car, dit-il, les médecins sont souvent soumis à une contrainte de temps, de surcharge de travail. ‘’Nous allons le faire pour les sections A et B. La cotisation, c’est 60 000 F Cfa, soit 5 000 F Cfa par mois et 80 000 F Cfa pour le privé. ’’Il y a 80 gynécologues à Dakar, 32 dans les régions, 30 ophtalmologues à Dakar et 7 dans les régions. C’est une disparité sanitaire et les autorités doivent y remédier pour que les personnes les plus démunies, qui sont loin de Dakar, puissent être traitées’’.

VIVIANE DIATTA
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