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Me El Hadji Amadou Sall (membre du comite directeur du PDS) - ‘’Macky Sall veut limiter les candidats par la prison, l’exil et le parrainage’’
Publié le jeudi 2 aout 2018  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Me El Hadj Amadou Sall, avocat de Karim Wade
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Malgré toutes les menaces qui pèsent sur la validité de la candidature de Karim Wade, les libéraux du Parti démocratique sénégalais continuent d’insister sur le choix porté sur le fils de Me Abdoulaye Wade pour briguer le suffrage des Sénégalais en 2019. Selon Me El Hadji Amadou Sall, membre du Comité directeur du Pds, il n’appartient pas au Président Macky Sall qui, à l’en croire, veut limiter les candidatures par la prison, l’exil ou le parrainage, de leur imposer un quelconque candidat à la prochaine élection présidentielle. Entretien.



Après une visite chez le Khalife général des Mourides, le Front de l’opposition a été à la rencontre de l’Archevêque de Dakar. Pouvez-vous nous en dire plus par rapport aux objectifs de ces visites dans les différents foyers religieux du pays ?

Si le dessein de Macky Sall d’organiser une élection présidentielle truquée et sur mesure se réalise, il ne fait aucun doute qu’il entraînera notre pays dans le chaos et l’instabilité. Il n’est pas possible en effet qu’une élection présidentielle se tienne dans les conditions où Macky Sall peut librement choisir ses adversaires en excluant qui il veut de la compétition, soit par la prison, l’exil ou le parrainage. L’opposition qui a fait la preuve de sa capacité à mobiliser et de sa ferme détermination à faire respecter les règles d’une démocratie apaisée, est en droit d’informer les autorités religieuses et traditionnelles des risques graves de chaos que le pouvoir fait courir inutilement à notre pays. Il est encore temps d’arrêter tout cela et de revenir à ce qui a fait la notoriété de notre système démocratique qui a permis deux alternances réussies. Les chefs religieux, qui gouvernent le cœur des Sénégalais, ont un rôle à jouer pour préserver la paix et la démocratie.

Concrètement, qu’espérez-vous de ces chefs religieux ?

Nous avons le devoir de les informer des dangers qui nous guettent par la volonté du chef de l’Etat d’obtenir un deuxième mandat quel qu’en soit le prix. Par la force des choses, nos chefs religieux constituent un véritable contre-pouvoir et notre devoir est de leur donner l’information la plus exacte et la plus complète puisqu’en dernière analyse, c’est à eux qu’on se réfère lorsque la situation devient incontrôlable. Nous les informons et nous nous préparons à nous opposer à la forfaiture d’un pouvoir qui ne compte que sur la violence pour se maintenir.

Pensez-vous qu’ils puissent amener l’actuel président de la République à revoir ses positions, notamment sur la question du parrainage citoyen que vous déplorez ?

Notre devoir, c’est de les informer. Nous nous battrons ensuite pour faire respecter nos droits. Nous ne voulons pas, lorsque le pouvoir aura installé le chaos, qu’on nous demande de renoncer à quoi que ce soit. L’opposition ne s’arrêtera pas d’exiger et de se battre pour le respect de ses droits et pour l’organisation d’une élection présidentielle répondant aux meilleurs standards. Nous ne pouvons accepter ni une rétention de plus de deux millions de cartes d’électeurs, ni une exclusion d’adversaires par une justice aux ordres ou par le parrainage, ni même l’organisation d’un scrutin par un ministre de l’Intérieur partisan. Nous aurons le mérite de dire ce que nous ferons.

Le parrainage a été voté et matérialisé dans le code électoral sénégalais. Pensez-vous qu’on puisse maintenant revenir sur la question ?

Le gouvernement est passé en force en ne comptant que sur la violence et un Parlement croupion. Au demeurant, comment expliquer la mise en place, après le vote de la loi, d’une commission bidon qui va s’inspirer des exemples polonais ou yougoslaves ? Tout le monde aura remarqué que le gouvernement triche encore une fois en ne prenant aucune décision concernant la mise en œuvre du parrainage. Pourtant sur le terrain, les partisans de Macky Sall collectent les parrainages selon un modèle de fiches que le ministre de l’Intérieur validera le moment venu. Nous sommes tous informés de ce que l’Alliance pour la République (APR) a décidé de mobiliser des dizaines de milliers de personnes payées pour parrainer plusieurs candidats de sorte à les invalider tous. Manifestement, Macky Sall et ses partisans ont formé le dessein diabolique d’installer le chaos dans le pays.

Qu’est-ce qui vous dérange dans cette loi si on sait que le Pds est un parti historique qui peut obtenir facilement 65 000 signatures contrairement à certains partis politiques ?

Évidemment le Parti démocratique sénégalais n’a aucun problème pour obtenir les parrainages qu’il faut à son candidat. Là n’est pas le problème. Il s’agit plutôt de protéger notre démocratie et notre pays des actes d’un irresponsable prêt à mettre le feu aux poudres pour obtenir un improbable second mandat que le peuple lui refuse.

Pour beaucoup d’opposants, cette loi vise à écarter certains candidats de la course à la Présidentielle. Partagez-vous leur avis ?

Ce ne sont seulement les opposants qui le pensent. C’est aussi l’opinion des observateurs les plus avertis et c’est aussi l’opinion de la quasi-totalité de la société civile. En tous les cas, l’échappée solitaire du pouvoir dans la gestion du processus électoral ne trouve aucune autre explication.

Les gens parlent souvent de Khalifa Sall et de Karim Wade que le régime veut écarter. Mais encore, pour recueillir des signatures et être candidat à la Présidentielle, faudrait-il être inscrit sur les listes électorales. Ce qui n’est pas le cas pour votre candidat. Est-ce que son avenir n’est pas aujourd’hui scellé ?

Karim Wade s’est bien inscrit sur les listes électorales et c’est Macky Sall, qui a la trouille de l’affronter, qui a décidé de l’enlever des listes en actionnant une administration totalement soumise et une justice aux ordres. Mais inscrit ou pas, Karim Wade reste électeur puisque jouissant de ses droits civils, civiques et de famille et il reste le candidat de notre parti.

Pourquoi insister sur le choix de Karim Wade si vous savez que sa candidature semble hypothéquée depuis un bon moment ?

Il n’appartient pas à Macky Sall de nous imposer un candidat. Il n’a pas le droit avec lui et nous ne comptons pas lui donner raison en déposant nos armes à ses pieds ou en déclarant forfait. Nous l’affronterons pour lui imposer le droit et la justice.

Le Pds aurait-il un autre candidat au cas où Karim Wade serait écarté ?

Nous n’envisageons pas que notre candidat soit écarté. D’ailleurs, nous mettons en garde tous ceux qui se mettront au service de Macky Sall pour violer nos consciences, s’asseoir sur leurs vertus et le droit. Ceux-là n’échapperont pas au peuple qui les châtiera sans pitié.

Quelle appréciation faites-vous de la candidature à la Présidentielle de l’ancien Premier ministre sous Abdoulaye Wade, Cheikh Hadjibou Soumaré.

Cheikh Hadjibou Soumaré n’est pas le seul ancien Premier ministre candidat à la présidence de la République. Idrissa Seck fut Premier ministre, de même que Abdoul Mbaye. Pape Diop fut aussi président de l’Assemblée nationale et président du Sénat. Moustapha Niasse, Mimi Touré et Mahammed Dionne qui ont ou qui occupent la fonction, ont tous décidé de soutenir Macky Sall qui lui-même fut Premier ministre. Karim Wade qui n’a pas été Premier ministre est notre candidat. Je ne vois pas dans ces conditions où est le problème et pourquoi certains veulent coûte que coûte éliminer Karim Wade de la course.

El Hadji Hamidou Kassé considère Hadjibou Soumaré comme le plan B du Pds ? Que répondez-vous ?

Karim Wade est et reste notre seul et unique candidat.

Comment appréciez-vous la candidature déclarée de votre ex-camarade de parti, Samuel Ameth Sarr ?

Il est libre de se présenter, c’est son droit. Mais le Pds a son candidat qui s’appelle Karim Wade.

Modou Diagne Fada, après son exclusion du Pds, a décidé de cheminer avec le président de la République. Quel commentaire cela vous inspire ?

Il n’est plus membre de notre parti et je n’ai rien à dire de ses actes et positions. Il mène ses activités comme il veut et il n’est pas dans le même camp politique que nous.

Malick Gakou, Idrissa Seck, ainsi que d’autres comme Boubacar Camara, Thierno Bocoum, entre autres, ont déclaré leur candidature. Pensez-vous qu’ils puissent faire le poids devant Macky Sall ?

Notre position est simple : si c’est nécessaire, marchons séparément mais le moment venu, frappons ensemble.

Avec cette multiplication des candidatures, l’opposition ne risque-t-elle pas de voir ses forces éparpillées comme ce fut le cas lors des dernières Législatives ?

La démocratie suppose la pluralité des opinions et la différence des démarches et des options. C’est Macky Sall qui est dérangé par la pluralité des candidats, qui s’énerve et qui veut les limiter par la prison, l’exil ou le parrainage. Mais les démocrates ne sont jamais dérangés par la multitude de candidatures. Rivalisons d’ardeur pour le renforcement de notre démocratie. La pensée unique que veut Macky Sall n’est que le refuge des faibles et l’arme absolue de ceux qui n’ont pas confiance au peuple.

Les conseils du maire de Dakar Khalifa Sall ont décidé de bouder le prétoire pour protester contre la démarche du ministère public. En tant qu’avocat, quelle appréciation faites-vous de cette démarche ?

Je fais partie des avocats de Khalifa Sall. Lorsque la justice ne joue plus son rôle et que les juges foulent au pied les règles les plus élémentaires propres à tout procès équitable, la défense s’exerce ailleurs que dans les prétoires. Il faut libérer certains juges des contraintes que leur imposent l’honneur et la dignité. Laissons-les à leur conscience, s’ils se décident à se souvenir de leurs devoirs.

Cette démarche n’a pas été concluante avec Karim Wade qui a finalement été condamné...

L’arrêt de la CREI condamnant Karim Wade n’est exécutable dans aucun autre pays que le Sénégal de sorte que personne ne s’interroge plus sur son manque de sérieux. La stratégie du boycott fut donc la bonne.

Globalement, quel est votre avis sur le dossier Khalifa Sall ?

Aux yeux de Macky Sall, le sort de Khalifa fut scellé dès lors qu’il a refusé de lui apporter son soutien. Voilà la méthode Macky, qu’il faut combattre avant qu’il ne réussisse à corrompre notre système démocratique.

La situation du pays reste tendue avec une pénurie d’eau qui assaille les populations depuis plusieurs semaines. Quel commentaire faites-vous de cette situation ?

L’incompétence est aux commandes. Macky Sall règne exclusivement pour le compte de la famille, des amis et du clan. Le peuple n’est pas sa préoccupation, sauf à le tromper pour espérer obtenir un improbable second mandat.

Pensez-vous qu’une telle situation milite en faveur d’un second mandat de Macky Sall ?

Macky Sall n’aura pas un second mandat. Il est prêt à brûler le pays pour l’obtenir, mais nous nous opposerons à lui et nous nous opposerons à son dessein de s’asseoir sur notre démocratie et de s’imposer par la terreur. Nous l’arrêterons.

Quelle perspective pour l’opposition sénégalaise dans sa globalité pour venir à bout du régime en place ?

Tous les observateurs s’accordent à reconnaître qu’il y a une nouvelle donne dans ce pays avec une opposition unie qui a décidé de ne rien céder sur les principes. C’est aussi le point de vue de nos partenaires. Le pouvoir panique et dénonce nos partenaires qui seraient à la manœuvre pour le faire partir.

Est-ce que l’opposition n’est pas aujourd’hui contrainte de s’unir si elle veut gagner en 2019 ?

Mais l’opposition est unie. Encore une fois sa démarche est claire, il s’agit de marcher séparément et de frapper l’adversaire ensemble et en même temps.

PAR ASSANE MBAYE
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