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Thiès - Déficit d’eau dans les ménages: La pénurie accroît les dépenses
Publié le mardi 17 juillet 2018  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Mise en service du forage de Yamoussa
Yamoussa, le 16 mars 2016 - L`eau commence à couler à Yamoussa. Le Forage de cette localité a été mis en service pour le plus grand bonheur des populations
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Dans certains quartiers de la ville de Thiès, disposer de l’eau potable en quantité relève parfois du miracle. Certains ménages s’approvisionnent ainsi à leurs frais, en plus de la facture de la Sde. D’où l’accroissement des dépenses.

‘’Quand on évoque la question de la pénurie d’eau à Thiès, ceux qui vivent au centre-ville ont du mal à nous comprendre, parce qu’ils en disposent en quantité et peuvent se laver toutes les cinq minutes. Mais ici, pour se laver, il faut dépenser encore plus. J’ai l’impression que nous vivons dans deux mondes ou des villes différentes’’. Ces complaintes d’une dame vivant aux Hlm Grand Standing résument à suffisance la situation vécue par certains Thiessois. Consciente que rien ne vaut une preuve pour attester la véracité d’un fait, Astou Diagne Faye demande à être suivie chez elle. Une fois dans sa cuisine, elle porte sa main au robinet, le fait tourner plusieurs fois… Rien !

En ce début de matinée du lundi 9 juillet, nombreux sont les ménages qui sont à sec et cherchent désespérément le liquide précieux. ’’Il est très rare d’avoir de l’eau durant la journée ; il faut attendre la nuit. Voilà la situation que nous vivons au quotidien ici’’, déplore-t-elle.

Le dictionnaire ‘’Le Grand Robert’’ définit l’eau comme un ‘’liquide incolore, inodore, transparent et insipide, lorsqu’il est pur (…), que l'on trouve en abondance dans la nature’’. Dans cette définition, il ressort un terme que les Thiessois n’hésiteraient pas une seconde à supprimer : le mot ‘’abondance’’. Un vocable qui semble narguer les habitants de certains quartiers de la cité du Rail. Si la situation est toujours normale au Centre et au Nord, notamment à Escale, Aiglon et Nguinth, elle est loin de l’être à l’Ouest (Som, Lazaret, Hlm Grand Standing, Keur Massamba Guèye…). Dans cette zone, les citadins peuvent rester toute une journée sans voir une goutte d’eau couler du robinet. Conséquence : chaque ménage y va de ses propres moyens.

‘’Nous sommes une famille de six personnes et pour subvenir à tous nos besoins, mon mari est obligé de s’attacher les services d’un charretier. Il nous remplit, tous les cinq jours, un baril de près de 100 litres moyennant 4 000 F Cfa, parce qu’il faut payer l’eau et le transport. C’est avec ça que nous faisons la vaisselle, le linge… Pour boire, on peut acheter cinq bidons de 10 l à 1 000 F Cfa l’unité. Ce qui revient à 5 000 F Cfa. Tout cela est extrêmement cher’’, se lamente à nouveau Astou Diagne Faye.

Dans ce quartier, le liquide ne se présente qu’à partir de 3 h, voire 4 h du matin. Si certains se payent le luxe d’être dans les bras de Morphée à cette heure, d’autres sont contraints de se tirer du lit, s’ils n’ont pas veillé. Mme Faye, elle, ne compte pas sacrifier son sommeil pour attendre une eau dont elle ne sait pas trop quand est-ce qu’elle va jaillir. ‘’La nuit est faite pour se reposer. Pendant le jour, nous passons tout notre temps à travailler. Donc, je préfère continuer à dépenser la même somme pour disposer de l’eau que de me lever à ces heures de la nuit’’, déclare-t-elle d’un ton indigné.

‘’A quand la fin de ce calvaire ?’’

Aux Hlm Grand Standing, Astou Diagne Faye n’est pas la seule à se plaindre de ces dépenses additionnelles causées par le manque d’eau. Voisine de Mme Faye, cette autre dame affirme que les populations perdent doublement avec cette pénurie. En effet, il faut non seulement payer à la Sénégalaise des eaux (Sde) une eau introuvable, mais il faut aussi s’approvisionner ailleurs, à ses propres frais. ‘’En plus des factures de la Sde, nous gérons les nôtres’’, lance d’un ton taquin Mame Diarra Sow. ‘’Pour cerner les besoins quotidiens de ma petite famille (monsieur et les deux enfants), on dépense près de 10 000 F Cfa tous les quinze jours, parce qu’il faut boire, se laver, faire la vaisselle, le linge et le ménage’’. Et comme pour porter le coup de grâce à ses clients, la Sde vient leur présenter la note d’un service non rendu. ‘’Le mois dernier, notre facture Sde s’est élevée à 8 200 F Cfa. Elle varie en général entre 8 000 et 8 500 F Cfa. Pour dire vrai, nous souffrons énormément’’, gémit-elle.

A Thiès, la pénurie d’eau ressentie dans certains quartiers, notamment à Grand Standing, ne date pas d’aujourd’hui. D’où cette interrogation de Mame Diarra Sow : ‘’A quand la fin de ce calvaire ?’’ Cette habitante des Hlm Grand Standing trouve ‘’insupportable et inadmissible’’ le fait de rester toute une journée sans avoir de l’eau. ‘’Quand tu te plains, on te demande de te lever à 2 h, voire 3 h du matin pour chercher de l’eau. Mais, à ces heures tardives, on n’est même pas sûr d’obtenir une seule goutte d’eau. Parfois, on se lève pour rien du tout. Pendant le mois béni de ramadan, c’était encore pire. On pouvait rester trois à quatre jours sans en avoir. C’est vraiment dommage’’, fulmine-t-elle.

‘’Communiquer la date exacte’’ aux citoyens

A Som, un autre quartier de Thiès, la dure réalité est la même. Ici aussi, les gens déboursent des ‘’sommes importantes’’ pour boire et se laver. ‘’Nous payons trop cher pour nous procurer de l’eau en quantité. Je dépense 8 000 à 10 000 F Cfa tous les 10 ou 15 jours, pour prendre en charge les besoins de ma famille. Nous sommes cinq et c’est extrêmement compliqué. Nous payons déjà des factures trop chères et voilà que la Sde nous plonge dans cette situation difficile où les ménages sont obligés de supporter d’autres charges’’, soupire Casimir Sagna. Infirmier à la retraite, le natif de Ziguinchor invite l’État à communiquer la date ‘’exacte’’ de la fin de ce supplice et à travailler davantage à la résolution de cette pénurie d’eau qui, selon lui, n’a que ‘’trop duré’’.

Pour le moment, le 20 juillet est annoncé comme étant la date d’une amélioration du service.
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