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Une banalité à Niary Tally
Publié le mardi 17 juillet 2018  |  Enquête Plus
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© Autre presse
Plus de 35% de populations de la zone Cedeao n`ont pas accès à un eau potable
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La pénurie d'eau qui frappe certains quartiers de Dakar est différemment ressentie d'un point à un autre. A Niary Tally, les populations assimilent le manque d'eau à un simple phénomène de routine auquel elles sont habituées.

L'approvisionnement en eau potable (?) a toujours été problématique à Niary Tally. La pénurie d'eau qui sévit à Dakar est perçue autrement dans ce populeux quartier aux rues sablonneuses. Rien d'extraordinaire ! Quoique durement vécue, la crise est décrite comme un phénomène de simple routine. Les populations, qui ont toujours éprouvé de sérieuses difficultés pour avoir accès au liquide précieux, ne sentent aucune différence. "Même en temps normal, ici, c'est la pénurie. Vous pouvez, donc, imaginer ce que nous vivons à Niary Tally, en ce moment où tout le monde parle de pénurie. Le manque d'eau est lié à notre quotidien'', confie Abdoul Aziz Tamba, deux sachets d'eau fraichement achetés à la boutique en main, pour étancher sa soif.

Toujours animé, Niary Tally est du nombre de ces quartiers de Dakar où ça ne dort pas ou très tardivement. A 1 h passée du matin, on aperçoit des jeunes, munis de bidons, se promener à la quête d'eau dans la ruelle arbitrairement baptisée "Coin étoile'' par ses habitants. Dans les rares maisons où l'eau vient la nuit, des femmes y élisent domicile avec leurs récipients qui obstruent tout passage. La scène est devenue banale, aux yeux de Khady Diaw qui passe, presque tous les jours, l'essentiel de la nuit devant la pompe pour remplir ses bidons.

"Avant-hier, par exemple (mercredi 4 juillet), il y a eu un décès chez notre voisin, mais il n'y avait pas du tout d'eau. Il a fallu faire un tour dans toutes les maisons d'à côté pour demander de l'eau pour les besoins des funérailles'', s'offusque Haby Kane. Avec ce manque d'eau, beaucoup d'activités économiques tournent au ralenti. La blanchisserie fait partie de ces tâches dont la matière première reste l'eau. Boubacar Sall, devant son atelier, repasse les anciens habits. Pour avoir de quoi faire la lessive, il est obligé d'aller jusqu'à Dieuppeul remplir ses bidons. "Par jour, je consomme 7 à 8 bidons. Le transport se fait par taxi. Et lorsque les taximen voient les récipients, ils en profitent pour monter les prix'', renseigne-t-il.

La société de distribution d'eau a essayé de mobiliser des citernes d'eau qui ravitaillent les quartiers pour atténuer les souffrances des populations. Cependant, celles-ci se plaignent de leur arrivée irrégulière et surtout des embouteillages et du climat de tension que ça provoque, avec l'indiscipline des uns et l'égoïsme des autres.

A propos des factures de la Sde, les usagers disent avoir noté une légère baisse qui prend effectivement en compte ces coupures. "L'avant-dernière facture qu'on m'a envoyée s'élevait à 27000 F Cfa. Sur la dernière, j'ai constaté une baisse de 14000 F Cfa, soit 13000 F Cfa à payer'', se souvient Khady Diaw.

Face à cette situation, certains jeunes du quartier lancent un appel aux autorités qu'ils invitent à prendre les mesures qui s'imposent pour abréger les souffrances des populations. Etudiants en fin de formation, Saidou Diallo et Ibrahima Korta trouvent inconcevable qu'au moment où on "chante l'émergence de partout'', que Dakar soit confrontée à un manque d'eau, surtout au XXIe siècle.

MAMADOU YAYA BALDE
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